Il y a quelques années, l’État avait entamé une procédure d’évacuation du site de Demoudoula. Le président Alpha Condé avait effectué une visite de terrain dans cette zone. Il a ordonné le nettoyage du lit du marigot qui était envahi par des constructions anarchiques. Actuellement, cette rivière se rétrécit comme peau du chagrin par le fait des gens qui pratiquent la culture maraîchère.
Tidiane Gueye concessionnaire à Nongo accuse la famille de feu Ibrahima Samba Diallo d’avoir remblayé le lit de la rivière et d’avoir dérouté le cours d’eau pour des besoins mercantiles.
«Aujourd’hui, nous voyons l’envahissement de cette rivière et principalement par une famille, Monsieur Diallo Samba qui est décédé qui avait commencé à utiliser de gros moyens pour faire les remblais. On a signalé ça, on a fait appel au président de la République qui est venu lui-même voir. Et le président avait ordonné de nettoyer complètement le lit du marigot. Les gens ont commencé le travail, depuis son départ plus rien. Mais, si vous constatez, l’agression quitte du côté de Demoudoula pour descendre. Tous les remblais se font de ce côté pour avoir de l’espace et après en faire une propriété» a-t-il indiqué.
Tidiane Gueye accuse toujours cette famille de feu Samba Diallo, d’avoir fait de cette situation un business en louant dit-il des lopins de terre à des gens qui viennent cultiver.
« La famille de feu Diallo Samba est en train de louer lopin de terre par lopin de terre aux gens qui sont en train de travailler dessus moyennant de l’argent. Je pense qu’après avoir vendu tous ce qu’ils avaient sous la main, ce n’est pas bon aujourd’hui de s’attaquer au marigot pour pouvoir faire un business. Ça c’est un patrimoine national, ce n’est pas à moi, ce n’est pas à Paul ni à Pierre, ce n’est pas aux gens seulement de Demoudoula» explique-t-il.
Tidiane Gueye lance un appel au président de la République. Il l’exhorte à effectuer une visite à nouveau de ce côté pour voir les dégâts que cette rivière est en train de subir.
«Je profite de l’occasion pour lancer un appel encore au président de la République pour qu’il vienne voir lui-même les dégâts qu’il y a sur le lieu. Il ne peut pas se rendre compte s’il ne vient pas. Les remblais qui avaient commencé de l’autre côté, ils ont déblayé un tout petit peu et après c’est resté à l’abandon. Donc au jour d’aujourd’hui, le marigot continue à subir encore les effets de cette famille» a-t-il fait savoir.
Alseiny Diallo fils de feu Diallo Samba, la famille incriminée dans cette affaire, nie en bloc les accusations portées par Tidiane Gueye contre sa famille. Il soutient que le fleuve n’a pas été touché.
« Mon papa est venu ici depuis les années 64. Depuis cette année, il travaillait au bas-fond. Nous, nous sommes nés et avons grandi en train de voir mon papa travailler là-bas. Nous aussi, nous y travaillons, mais on ne peut pas mettre le bas-fond en location. Si une personne vous dit que nous avons loué le bas-fond, je peux dire que c’est archifaux. Comme cette année, on n’a pas de lianes, on ne peut pas voir d’autres personnes qui en ont besoin et qui ont la possibilité de travailler et qu’on les empêche de travailler. Comme nous on n’a pas travaillé, on leur a donné une partie où ils peuvent travailler, raison pour laquelle il dit qu’on a désorienté le marigot. Le marigot n’a pas été désorienté, il est intact, même les anciens, les autochtones le savent. Lui, il vient à peine d’arriver, il n’a même pas fait 20 ans ici» a-t-il dit.
Bandjougou Sidibé est le chef secteur Kaporo rails, secteur 7
«Ce que nous faisons, nous venons leur dire de ne pas toucher le marigot. La partie où ils ont l’habitude de cultiver, ils n’ont qu’à cultiver sur cette partie là. Il y a des limites donc nous n’acceptons pas qu’ils franchissent ces limites» a-t-il déclaré.
Cette rivière est menacée de disparition. Des citoyens ont envahi l’emprise de la rivière, chose qui empêche son épanouissement et la rétrécit de plus en plus. Et cela se passe sous le silence coupable des autorités. Si rien n’est fait, au bout de quelques années, ce patrimoine national ne sera plus qu’un lointain souvenir.
Un dossier de Mamadou Baïlo Diaguissa Sow pour couleurguinee.com