Des citoyens qui ont élu domicile au marché de Koloma sont inquiets. La menace des autorités leur exigeant de libérer les chambres qu’ils occupent pourrait être mise en exécution dans quelques jours. En tout cas, c’est ce qui se dit. Les responsables du bureau de marché qui auraient répondu à une convocation de la DPJ, leur ont signifié ce mardi 26 janvier 2021 qu’il n’y a pas eu de compromis avec les autorités pour leur accorder du temps afin qu’ils cherchent un autre abri. « Forcément, il faut qu’ils quittent le marché », soutiennent-ils. Ceux qui ont pris l’affaire au sérieux plient déjà bagage.
« Les responsables du bureau de marché nous ont dit que les autorités leur ont dit qu’il est hors de question que nous restions dans ce marché. Et nous, on n’a même pas eu encore de domicile. Ils ne nous ont pas donné de délai, rien. Ils disent que si on ne plie pas bagage et que les agents de sécurité débarquent ici, on va perdre non seulement nos objets, mais aussi ils vont nous interpeller. Ça fait longtemps que nous habitons ici, nous sommes des mères de famille, on a payé les frais de scolarité de nos enfants, et si on quitte ici on va perdre notre argent et cela aura aussi des répercussions dans leur apprentissage », nous a dit une dame visiblement préoccupée.
Une autre de nous faire part de ses inquiétudes.
« Depuis que j’ai appris la nouvelle, vraiment je ne sais pas quoi dire. Néanmoins, j’ai regroupé mes objets, suis en train de les confier à mes relations ça et là. Et je suis contraint même de perdre d’autres… », nous a-t-elle confié.
Cet autre citoyen ne trouve pas d’objection à cette décision des autorités.
« Moi je ne vois pas de problème par rapport à ça. Le marché c’est un domaine de l’Etat. S’ils nous disent de quitter, moi je n’ai pas à contredire », dit-il
Interrogé sur ce sujet, l’administrateur du marché donne des explications.
« C’est quelque chose qui nous est tombé dessus comme ça. Même moi j’ai été entendu au niveau de la DPJ par rapport à ça. On m’a demandé par rapport à ce qui se passe au sein du marché. Comment est-ce qu’on a transformé le marché en dortoirs ? qui loge les gens ? qui perçoit le loyer ? Ce sont des questions-là qu’on m’a posées. Je leur ai dit que c’est un phénomène que j’ai hérité ici. Je leur ai expliqué comment les gens sont logés ici. Certains sont là depuis des années. Aujourd’hui le marché Koloma est à 60 à 70% occupé par des dortoirs. Mais cela ne relève pas de l’administration du marché. Ce sont les propriétaires des boutiques et magasins qui logent ces citoyens là. Moi je suis là il y a 1 ans 6 mois », a expliqué Yacine Diallo
Ces citoyens n’ont pas été avertis, reconnaît cette première autorité du marché.
« C’est vrai, ils n’ont pas été avertis. On comprend vraiment leur inquiétude. Même ce matin on s’est entretenu avec eux. C’est un cas purement humanitaire, car au sein du marché, il y a des infirmes, il y a aussi des déguerpis de Kaporo-rails. Mais aussi il y a certaines personnes qui font vraiment des pratiques illégales et malsaines. Tout est parti de là d’ailleurs », indique-t-il.
Autre problème au sein de ce marché, c’est le changement d’identité de certains citoyens qui y résident. Cet administrateur révèle le cas.
« Il y a des gens dans ce marché, notamment des femmes, une fois qu’elles sont là elles changent leurs noms. La fois dernière une femme est décédée ici et ça trouvé qu’elle a changé son nom. Et heureusement il y a un de ses oncles qui la fréquentait, c’est à travers lui qu’on a connu son vrai nom. Elle s’appelle Djenabou mais elle se faisait appeler Binta par les gens. Quand il y a des cas pareils, comment retrouver les parents ? Leurs parents ne savent pas qu’elles sont là. Beaucoup ont abandonné leurs foyers pour venir se réfugier au sein du marché », dit Yacine Diallo.
Des citoyens accusent des opérateurs économiques du Centre commercial d’être derrière leur délogement. Sur la question, ce responsable du marché précise.
« Ça n’a rien à voir parce que les domaines occupés par ces citoyens aujourd’hui, en ma connaissance n’ont pas été octroyés, à un opérateur économique », a-t-il informé.
Où allons-nous ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres.
Un dossier de Abdul Karim Barry Pour couleurguinee.com