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Lamine Guirassy et la rentrée de la saison 14 :  » Nous ne sommes pas sur un pied d’argile »

« Canal+ nous propose même de créer une nouvelle chaîne en 2022. Je me dis qu’au-delà de Hadafo média, c’est d’abord une victoire pour la presse Guinéenne… » dixit Lamine Guirassy dans cette interview qu’il a accordée à chaud à couleurguinee.com le 6 septembre, à sa sortie du premier numéro des « GG » au compte de la rentrée de la saison 14.

Vous êtes le PDG du groupe Hadafo médias. Vous venez de finir le tout premier numéro de l’émission les « GG » au compte de la 14ème saison. Dites nous avec quel sentiment sortez vous de cette émission ?

C’est avec un sentiment de satisfaction que je sors de cette émission qui m’avait manqué. Mais, surtout ces auditeurs et téléspectateurs qui nous suivent jour et nuit. Très fier !

Vous débutez cette saison avec un environnement marqué par un coup d’Etat. Justement, quelle est votre lecture de ce coup d’Etat ? Quels sont vos souhaits ?

Comme toute actualité, et surtout quand c’est comme ça, on se pose des questions comme tout citoyen guinéen. C’est espérer vraiment que ça puisse aboutir et que les souhaits en tout cas, selon les communiqués des nouvelles autorités du pays, qu’on puisse aller dans le sens là parce que ce pays mérite mieux. Et je pense qu’avec le temps, on verra parce que, comme je le dis chaque fois, le pouvoir rend fou, c’est comme une drogue. Donc, on verra bien ce que ça va donner.

Le slogan de cette 14ème saison c’est  « la légende continue » quel sens donnez- vous à ce slogan ?

Moussa Moïse serait mieux placer pour répondre à cette question, parce que, c’est lui qui a choisi le slogan. Après, qu’est-ce que vous entendez par légende ? Je pense qu’on ne peut pas être à ce niveau-là pendant 10 ans. Hadafo, ça prouve encore une fois de plus que nous ne sommes pas sur un pied d’argile parce qu’on a construit ce groupe là, brique par brique et si on est à ce niveau aujourd’hui et qu’on continue à garder nos convictions à aller de l’avant, c’est parce que tout simplement, nous avons construit une histoire avec les Guinéens et ça, ça continue et voilà quoi. Changer de mots, est-ce que c’est lié à cette histoire que nous avons construite avec les Guinéens, avec nos auditeurs, à l’international, je dirais oui, évidemment.

D’aucuns disent que malgré tout, la radio Espace est toujours le numéro un en Guinée. Avez-vous  ce même sentiment ?

(Rires)… En tout cas, selon les derniers sondages, les scores sont là, concernant l’audimat de la Radio Espace mais aussi Espace Tv. Moi, je suis très fier, quand je suis rentré de Paris, que Canal+ nous déroule le tapis rouge, c’est ça aussi le média. Maintenant, qu’on me dise que le score que nous faisons au niveau d’Espace tv par exemple c’est juste extra ordinaire et que Canal+ nous propose même de créer une nouvelle chaîne en 2022, je me dis que au-delà de Hadafo médias, c’est d’abord une victoire pour la presse Guinéenne. Moi, c’est comme ça, je le vois, parce que j’ai toujours appelé à l’union et malheureusement quand il y a des intrus dans notre milieu, les politiques, malheureusement, ça part en cacahuète.

D’aucuns disent que la saison dernière a été éprouvante pour vous, certains de vos meilleurs journalistes ont été touchés par coronavirus, après cette parenthèse, il y a des départs, Aboubacar Diallo, Mohamed Mara, Roby. Avez-vous été éprouvé par ces deux faits majeurs ?

J’ai été éprouvé par ces deux faits majeurs. On ne peut jamais s’attendre à des situations comme ça, mais comme je le dis, c’est en temps de crise vraiment qu’on doit être là près du peuple. Vous avez vu qu’on avait les journalistes d’espace en tout cas, on a dû réajuster sur un tout petit peu des programmes ici, pour pouvoir servir encore nos téléspectateurs et nos auditeurs. Évidemment, il y a des épreuves comme ça qu’on ne peut pas oublier et maintenant quand ça se passe, il faut aller de l’avant sans s’apitoyer sur son sort, c’est un peu ça. Il y a moins de journalistes de guerre en Guinée or quand on est journalistes, ce n’est pas dire parce que ça tire,  on doit rester à la maison et en tout cas pour l’instant il y en a peu. S’il y en a, peut-être pas plus de 3.

Regrettez-vous les départs de ces journalistes cités précédemment. Le dernier en liste c’est Mohamed Ali Condé, comment ressentez vous son départ pour FIM Fm ?

Dans la vie d’une entreprise, c’est tout à fait normal et il y a d’autres qui sont là depuis plus de 10 ans et ça dépend d’eux. Il y a des gens qui se disent qu’on se répète, donc on a envie d’aller voir ailleurs, et il ne faut pas dire que c’est des traîtres ou bien c’est des gens qui ne sont plus à la hauteur, mais ça c’est la vie de l’être humain. Quand vous voyez les lettres de ces gens là, c’est tellement émouvant que ce n’est pas claquer la porte. De ce côté, je pense qu’avec le dynamisme apporté au niveau de la direction des ressources humaines, c’est de voir dans quel contexte aujourd’hui on peut continuer à garder nos gens, tout le monde sait qu’il y a une crise sanitaire mondiale aujourd’hui, mais jamais vous avez entendu que nous avons licencié les gens, malgré tout, nous continuons à rester dans cette dynamique

Beaucoup de médias aujourd’hui, et pas les moindres, RFI  peut-être qui a divisé son équipe en deux , vous avez vu Sidy Yansané, la dernière fois ici. Africa Radio et Africa numéro 1 où carrément il n’y a même plus d’animateurs parce que c’est plus des gens qui viennent louer l’antenne pour pouvoir faire des émissions, c’est pour vous dire que le monde de la presse n’est pas facile en ce moment. Mais, Dieu seul sait combien on se démerde pour essayer d’être à notre niveau.

Il y a aussi de nouveaux arrivants chez vous. Le gros morceau c’est Kemoko Touré, l’ancien DG de la CBG. Comment l’avez-vous pêché et que va-t-il apporter à votre écurie ?

Il faut évidemment renforcer les capacités avec les experts en la matière. L’année dernière, avec la rentrée majestueuse, on a misé sur Ahmed Kourouma parce que c’était une année électorale. Beaucoup n’avait pas compris le choix et cette année on est sur la même logique: aller plus avec les experts d’où évidemment des gens qui ne sont pas forcément du monde des médias.

On a Kemoko Toure, Aïcha Thiam entre autres , des grandes têtes aussi de la presse internationale que nous avons recrutées. Pour nous, c’était important qu’Hadafo se démarque, pas en commentant mais en restant avec les experts. On se dit aussi, il fallait miser sur nos radios  généralistes comme la radio espace et entre autres avoir un contenu pour pouvoir le diffuser sur YouTube pour les téléspectateurs.

Vous êtes considéré comme un leader des managers de médias africains. Quel est votre secret ?

C’est d’être avec mes collaborateurs. Je reviens encore là-dessus, moi je suis un ouvrier et au niveau des rédactions, jamais un journaliste pourra dire ici, que moi je suis descendu une fois au niveau des rédactions pour donner des instructions pour dire telle personne est intouchable ou ne l’est pas. C’est cette indépendance que nous continuons à cultiver évidemment et puis respecter tout le monde, c’est tout .

Quelles sont vos ambitions pour le groupe les prochaines années ?

C’est inaugurer le siège du groupe à Labé le 14 janvier 2022. Je n’ai jamais sortie ça (rire).. et évidemment l’expansion à l’international, on a demandé des fréquences à l’international à Dakar entre autres. Je suis en mesure de dire aujourd’hui que nous avons l’autorisation en ce qui concerne la RNT ( Radio Numérique Terrestre) et on attend qu’on ait une fréquence Hertzienne. Malheureusement, selon l’ARPT de ce côté, on dit que la région de Dakar est saturée, donc on attend. Pour nous, Hadafo doit sortir un peu de ce cocon guinéen parce que pour moi, si je viens à Dakar, et qu’on m’interpelle à dire que c’est bien ce que vous faites comme boulot ou au Mali ou dans d’autres pays, je me dis c’est bien.

Quand le turbo Lamine Guirassy va-t-il ranger le micro ?

Très bonne question, j’avais décidé avec la troupe de voir dans quel contexte je peux me retirer petit à petit de  l’antenne. Cela a démarré, il y a deux ans et qu’à la matinale, cette année, j’étais censé faire les grandes gueules jusqu’à mercredi et mon équipe m’a dit non on te veut jusqu’à jeudi. C’est pour dire que quand je vous dis que nous avons une démocratie participative au sein du groupe Hadafo média. Je vous inviterai à mener vos enquête là dessus. Je suis à l’antenne parce que je veux être à l’antenne si ma troupe me demande de rentrer pourquoi pas on verra bien. Peut-être dans un an ou deux ans je ne sais rien mais tout est possible.

La radio Lynx fm traverse des difficultés. Quels sont vos souhaits pour cette radio ?

Ça m’a vraiment peiné quand j’ai appris ça. Je me suis impliqué personnellement pour essayer de relancer cette radio, je ne suis pas quelqu’un qui va crier sur les toits pour dire que je fais ça, je fais ça . Je pense que tant qu’on peut faire quelques chose, il faut le faire. Ça m’a tenté un moment de racheter cette radio évidemment. Je suis rentré en contact avec les décideurs à un moment donné de la radio pour comprendre pourquoi la radio a eu ces difficultés, on m’a fait comprendre évidemment que c’est des problèmes personnels et depuis là, je suis parti et à mon retour j’ai appris que la situation est en train de revenir à la normale. Un média qui ferme, une radio surtout, pour moi, c’est un mauvais signal qui est lancé et ça ne doit pas ce faire parce que Lynx Fm, quoi qu’ont disent a sa place, sans parler du groupe Lynx. On connaît son histoire,  on sait d’où vient ce groupe là  et à voir comme ça que ça a pris cette tournure, je me disais que ce n’était pas normal  et à nous dire nous patrons de Médias aussi il ne faudrait pas que les politiques s’invitent dans les actions du groupe, parce que souvent c’est un piège. Le jour qu’ils se détachent, c’est terminé. C’est ce messages que je lance à tout le monde parce que ce n’est pas leur place. On ne peut pas contrôler les médias. Moi, je ne paie pas les auditeurs et les téléspectateurs pour me regarder ou m’écouter tous les jours, c’est au delà de l’information vraie que nous donnons à tort ou à raison. Beaucoup de personnes peuvent se tromper pour dire bon, on est avec telle ou telle mais ça, le jour qu’on vous le dira sachez que vous faites bien votre boulot.

Que pensez vous du site couleurguinee.com ?

C’est un site merveilleux (rire) qui fait des belles enquêtes. Je dirais de continuer surtout à fouiller parce qu’avec la floraison des sites internet, on a l’impression qu’il n’y a pas trop d’enquêtes. On veut le scoop et tout de suite. On a envie de s’afficher comme quoi on a l’exclusivité. Souvent, c’est un piège parce que la base même du journalisme, c’est l’investigation. C’est très important de recouper les informations. On vit à l’ère du numérique aujourd’hui où ça va tellement vite que c’est juste pas possible. Il faut faire attention.

Je pense que le site doit continuer évidemment dans ce sens. Parce que à tort ou à raison, on peut basculer la vie d’une personne aujourd’hui sans peut-être le faire exprès. On fait un métier très difficile. J’aurais pensé un tout petit peu à dire je vais faire du buzz ou bien dire, on a l’exclusivité.

Hier ( le jour du putsch (ndlr),  j’ai eu les infos et les images de ce qui s’est passé, en tout cas dans notre pays à 10h, avant tout le monde peut-être le seul dans le pays à l’avoir. Je pouvais balancer, et dire que j’ai le scoop du siècle, mais, c’est seulement à 15h30 que nous avons pris l’antenne. Et il faut qu’on évite de faire de la radio téléphone, c’est un message pour tous les journalistes. Je pense que le succès du groupe, aujourd’hui c’est surtout ça. Quand vous interrogez les gens, ils disent on part sur le terrain, c’est ça le journalisme.

Vous, vous pouviez me dire “ on va  vous envoyer le questionnaire et vous allez répondre par WhatsApp”, mais vous vous êtes déplacés, vous êtes venus jusque ici, c’est ça le vrai journalisme. Sinon, les gens ne vont pas vous respecter. Donc, faut continuer dans ce sens et surtout s’unir parce que, quand on est unis, on peut déplacer des montagnes.

Propos receuillis par Mamadou Alimou Diop et Illiassou Sadjo Diallo pour couleurguinee.com

 

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