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Un Guinéen vivant en Suède écrit au Ministre Guillaume Hawing

Stockholm, le 16 november 2021

Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale,

Nous constatons que dans le préambule de toutes nos Constitutions, l’État de Guinée apporte son adhésion totale à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. C’est un fait. Or, dans cette Déclaration, le droit à l’éducation est fondamental.

Monsieur Hawing, le tout nouveau Ministre de l’éducation nationale,

Je veux plutôt dire, si vous me le permettez, que vous êtes le nouveau chef des esclaves qui auront la noble charge d’accompagner, avec délicatesse, tous les enfants (filles et garçons) de la République à l’école, à qui ils ont le droit et le devoir de donner des connaissances et savoirs utiles pour leur épanouissement. C’est sous la commande du serment de Socrate qui dit, je cite «Je m’engage à mettre toutes mes forces et toute ma compétence au service de l’éducation de chacun des élèves qui me sera confié», du principe de l’égalité des chances et des possibilités pour réussir dans la vie et du droit fondamental à l’éducation, que cette noble mission doit se faire.

L’on ne peut qu’être d’accord sur ce principe étant donné que c’est une évidence, ici comme ailleurs. Et d’ailleurs, c’est justement à cause de son caractère régalien que le ministère de l’Éducation est considéré comme un ministère de souveraineté nationale. Mais, comme vous le saviez déjà, il se trouve que tous les enfants scolarisables n’ont pas accès à l’école, disons à une bonne école, à une instruction utile, à une formation garantie et, disons encore plus exactement, à l’éducation.

En effet, je dois noter que, dans tous les rapports de la Banque mondiale sur le système éducatif, de l’UNICEF, et même dans le ProDeg (Programme Décennal de l’éducation en Guinée), c’est mentionné que tous les enfants de la République n’ont malheureusement pas tous accès à l’école donc, aux valeurs communes, civiques de la République et celles scientifiques ainsi actées dans l’idée de la loi Fondamentale et aussi dans les ordonnances. C’est injuste! Pourtant, la gratuité et l’obligation d’aller à l’école est un droit hautement fondamental afin de diminuer ou freiner des disparités dans la société, de freiner la recrudescence des travers sociaux, l’injustice et le banditisme, la pauvreté matérielle et spirituelle qui ont fini par caractériser toute notre société dont les conséquences vont se multiplier par infini si et seulement si, une réforme réfléchie n’est pas engagée dès aujourd’hui.

En effet, ce que j’exprime dans ces propos ténus là haut, a une base dans les recherches scientifiques faites par des sociologues des établissements scolaires dans l’environnement scolaire. Donc, l’effort intellectuel d’aujourd’hui et ce, dans ce domaine, devra en principe, se pencher sur l’intention universelle d’égalisation des chances pour tous les enfants et jeunes de la République puisque l’inégalité des résultats obtenus par la mauvaise gouvernance dans ce secteur, l’existence d’écoles privées très mal organisées, participent royalement au dysfonctionnement de la société toute entière. Comme je le mentionnais plus haut, cette intention d’égalisation des chances est déjà dans la déclaration universelle des droits de l’homme dans son article 26 que je cite:

<< Article 26 

  1. Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental. L’enseignement élémentaire est obligatoire. L’enseignement technique et professionnel doit être généralisé; l’accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite. 
  2. L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix. 
  3. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants.>>

Encore plus loin dans le temps et ce, en terre d’Afrique, en 1236, l’éducation fut mise en évidence dans la Constitution de l’empire Mandingue ou la charte de Kurukan Fuga, dans son article 9 que cite:

<<Article 9 : l’éducation des enfants incombe à l’ensemble de la société. La puissance paternelle appartient par conséquent à tous.>>

Ainsi, de l’éducation, nous comprenons que l’adulte d’aujourd’hui est un enfant d’hier. Par conséquent, le manque d’un programme cohérent, d’une stratégie efficace et efficient bien réfléchie et fondée sur les sciences, que cet enfant d’hier devrait avoir pour être un adulte-citoyen d’aujourd’hui, pour participer activement dans la construction de ce que je vais appeler, la “Vie-Nation”, est la cause du dysfonctionnement répété de notre société.

Là, je donne un avis qui tient davantage de la doctrine qu’une simple observation, un simple constat pupuliste. Un autre problème est à voir, il s’agit de l’espérance de vie très en baisse en Guinée. À cet effet, nous pouvons comprendre que tous les enfants n’ont pas forcément de parents ou tuteurs. Et ceux qui ont des tuteurs à défaut des parents ne l’ont pas non plus de façon responsable. Est-ce que nous savons d’ailleurs qu’il y en a ceux qui n’ont ni parent, ni tuteur?

De cette dernière, j’ai envie de dire que l’État devra exiger que tous les enfants aient un ou des tuteurs légalement enregistrés en introduisant des mesures d’accompagnement et incitatives.

Convenons-nous que c’est l’école qui est obligatoire dans ce pays et non le contraire, dans ce cas, qu’en est-il pour l’éducation en réalité? C’est quoi donc l’éducation dans le cas particulier de la Guinée? C’est quoi son implication dans la société guinéenne?

Toutes ces questions et tant d’autres ont besoin d’une/des réponses adéquates afin de relever le/les défis que ce pays qui a une forte potentialité matérielle et humaine. Vous n’êtes pas sans savoir que dans la République de Guinée, après plus de 60 ans d’indépendance, le système éducatif de notre pays est maltraité. Il est laissé pour compte. Il est devenu “un gros malade” et, au-delà, le premier suspect dans la problématique du retard social, du retard économique, du retard culturel et politique de notre république par rapport aux autres. Sur cent enfants en âge d’aller à l’école, seuls 67 entrent en classe et 9 arrivent à l’université. Le poids du décrochage scolaire qui a pour cause exogène, le manque d’une législation scolaire en amont, fabrique et entretient le nombre d’analphabètes aux environs de 65% de la population et le taux de  chômage qui perce le toît. Voilà entre autres des éléments qui justifient le retard de notre pays.

C’est pourquoi, je tiens par cet écrit, à faire un plaidoyer pour le système éducatif de la République de Guinée puisque le jugement est déjà fait et il est condamné depuis des lustres par des misanthropes et est en train de purger sa sentence et cela se voit à travers l’état de déliquescence généralisé de notre société.

Le système éducatif en question.

C’est quoi donc un “système”? C’est de cela qu’il s’agira dans cette dernière partie de mon texte. Selon une définition populaire, c’est “un ensemble d’éléments interagissant entre eux selon certains principes ou règles”. Il est aussi “un ensemble abstrait dont les éléments sont coordonnés par une loi, une théorie.” Il est, pour finir, selon Larousse “un ensemble organisé de principes coordonnés de façon à former un tout scientifique ou un corps de doctrine.”

 

Dans ce plaidoyer, quoi qu’écrite, si vous me permettez monsieur le ministre, je vais essayer de faire la part des choses puisque l’objectif de cette tribune est d’orienter quelques projecteurs sur les différents mouvements de connaissances et de savoirs qui, très malheureusement, se chevauchent et rendent difficile la dotation du système éducatif en moyens légaux et pérennes pour lui permettre de jouer pleinement le rôle régalien qui est le sien. De ce point de vue là, considérant que l’école reste et demeure la matrice de notre société, votre regard sur elle doit être sérieux, efficace et efficient. Parce que c’est elle qui assure le passage de certain nombre de valeurs culturelles entre générations. Un large accès à l’éducation de quantité et de qualité est de ce fait la priorité et doit être votre vision.

 

Je vous conseille donc d’introduire des concepts intelligents pas seulement porteurs de solutions conjoncturelles mais, de solutions pérennes en construisant une base de données légale donc, une juridiction scolaire solide faite de lois, expression de la volonté générale, promulguées et qui devront se placer en amont pour réguler tout le système éducatif. Que désormais, rien ne se fera sans passer par les lois, les règles et les principes. Toute décision est prise à partir de cette base de données juridique et doit donc la précéder. L’on dira par exemple: Que dit la loi/règle pour la construction d’une école publique et/ou privée (le standard sur toute l’étendue de la République) pour la formation et le recrutement d’un/des directeurs et enseignants, pour le nombre de latrines scolaires, pour le ratio élèves enseignant, pour l’absentéisme, pour la distance qui séparerait l’école au lieu d’habitation des enfants/élèves, pour la confection de tables respectant une certaine ergonomie…etc? Puis, l’on donnera la mission à un système éducatif qui “va articuler la relation entre la réflexion individuelle et le savoir apporté par l’enseignant” Confucius. Je veux aller loin en vous proposant la création d’une académie de proximité gérée par un “recteur” depuis l’école primaire jusqu’au lycée. Ce sera à côté d’une administration scolaire qui va articuler la relation entre le budget local et la qualité de la formation des élèves.

 

Du directorat au rectorat dans le milieu scolaire.

La législation scolaire va préciser sa forme et ses attributions.

 

L’explication que je vais donner ici tiendra plus de la doctrine d’un concept nouveau dans le milieu scolaire et ce, du primaire au lycée en République de Guinée, qu’une simple argumentation. Le recteur est un personnel de l’éducation nationale qui est à la tête d’une académie. Il ou elle sera considéré comme le plus haut responsable administratif et pédagogique de l’établissement d’enseignement. Il ou elle va donc gérer une académie. Celle-ci va être exclusivement composée d’enseignants pour servir d’échantillon administratif dans le cadre précis d’étudier et d’analyser, de façon périodique, la politique éducative de l’État. Elle va observer l’entité scolaire physique et psychosociale et assurer l’interaction entre les lois, les règles et les principes scolaires et les objectifs de la République pour ses citoyens

Par Emmanuel Lamine Touré, Suede

 

 

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