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Presse et liberté de presse…en période de transition en Guinée (TRIBUNE de Dr Thierno Souleymane BARRY)

03 mai 2022. Célébration de la journée mondiale de la liberté de presse. Cette année, en Guinée, contrairement à un passé récent, le gâteau de cette célébration aura un autre goût. Certes des écueils existent et que des propositions idoines sont de mise pour son amélioration, mais force est de reconnaître que nous sommes loin de la coupe amère que nous servait l’ancien régime renversé le 05 septembre 2021, coupe remplie à ras bol d’arrestations, d’intimidation et autres atteintes à la liberté de presse. Dans la présente contribution, nous rappellerons le passif en termes d’atteintes à la liberté de presse par le régime défunt, nous aborderons de la pleine reconnaissance de la liberté de presse en Guinée sous un double plan national et international et enfin, nous soulignerons les enjeux de la liberté de presse en période transitoire en Guinée.

Rappel d’un douloureux passé récent marqué par un assaut de la liberté de presse et d’expression en Guinée

Ce n’est pas euphémisme que d’affirmer qu’au moment où s’écrivent ces lignes, les journalistes guinéens sont plus sur le terrain et devant leurs pupitres que devant la barre ou dans les maisons de détention. Ce qui ne fut pas le cas lors du régime défunt. Les arrestations arbitraires, les détentions et les autres violations de la liberté de presse étaient monnaie courante. Pour illustration, on peut égrener, à satiété, les cas d’atteinte à la liberté de presse : Almamy Kalla Conté du site guineelive, Diallo Souleymane et Abou Bekr de la radio Lelynx FM, Amadou Djoulde Diallo et bien d’autres. Ce sont autant d’assauts donnés à la liberté de la presse et à ces actrices et acteurs que sont les journalistes.

La liberté de presse : un droit doublement reconnu au plan international et au plan national

La Guinée dispose, à l’instar des divers pays du monde, d’un arsenal juridique imposant de reconnaissance de la liberté de presse. D’une part, elle est partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples –deux instruments qui renferment des dispositions garantissant la liberté de presse respectivement aux articles 19 et 9, d’autre part, la Charte de la transition et la Loi 02 portant liberté de la presse reconnaissent et encadrent cette importante liberté, nécessaire au fonctionnement d’une vie libre et démocratique. L’article 23 de la Charte de la transition en Guinée dispose que : « Les libertés d’opinion, d’expression, de conscience et de culte sont garanties. Les conditions de leur exercice sont définies par la loi. ». La mise en œuvre de la liberté de presse est ainsi reconnue et encadrée en Guinée dont la garantie est assurée par des mécanismes institutionnels et judiciaires que sont entre autres la Haute Autorité de la Communication et les autorités judiciaires, gardiennes des libertés fondamentales. On a cependant noté une grande distorsion entre cette pleine reconnaissance et son application sur le terrain en Guinée dans un passé récent tel que relaté ci-dessus.

Les enjeux de la liberté de presse en période transitoire en Guinée

Pendant cette période transitoire, même si tout n’est pas forcément rose, on constate une nette amélioration de la liberté de presse en Guinée marqué par l’absence, entre autres, d’arrestations et de détentions, des journalistes. Cependant, il est opportun, pour la presse, de jouer son rôle de vecteur d’informations fiables et de sentinelle de la démocratie (Watch Dog et quatrième pouvoir). Il ne sera pas superflu, non plus, de saisir l’opportunité offerte par la période transitoire pour opérer un toilettage de la Loi 02 portant sur la liberté de presse en Guinée.
Il nous reste plus qu’à souhaiter bonne fête aux hommes et femmes de la plume et du micro de la Guinée, d’Afrique et du monde. Bonne Journée mondiale de la liberté de presse à toutes et tous !
Conakry, le 01 mai 2022
-Juris Guineensis No 28.
Dr Thierno Souleymane BARRY,
Docteur en droit, Université Laval/Université de Sherbrooke (Canada)
Professeur de droit, Consultant et Avocat à la Cour

 

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