Si hier nos malheurs provenaient du régime CONDÉ qu’il fallait chasser à tout prix pour le retour triomphal du bonheur, aujourd’hui, le professeur n’est plus aux affaires et nous vivons toujours les mêmes pratiques sources de nos malheurs. Que faut-il faire ? Vous avez peut-être compris. Cette introduction est digne d’un parallèle entre ce qui se passe actuellement en Guinée et l’affirmation de l’éminent écrivain congolais Henri LOPES dans son œuvre “le pleurer-rire”.
Aux premières heures de la prise du pouvoir par le CNRD le dimanche 5 septembre 2021, les âmes averties avaient pourtant conseillé de ne pas vite crier victoire. Alors, une première âme vient de tomber. Les Guinéens dont les larmes n’ont pas encore séché sont à nouveau plongés dans la tristesse et la consternation ce jeudi 02 juin 2022.
Thierno Mamadou Diallo, c’est le nom de la première victime des manifestations contre l’augmentation du prix du carburant à la pompe (de 10.000 à 12.000 gnf) sous le régime CNRD. Pourtant l’on considérait les nouveaux dirigeants comme des Messies. Ce jeune élève de la 10e année ne fera pas le BEPC 2022. Fauché à la fleur de l’âge, la famille perd un fils. La nation perd un futur cadre. Les amis de Thierno Mamadou perdent une connaissance, un compagnon. Dans un audio qui avait fuité, l’ancien président Alpha Condé avait dit depuis Abu Dhabi que ça irait très mal en Guinée. Le peuple commence à comprendre.
Le peuple de Guinée a vécu des moments difficiles, des périodes sombres de son histoire avant la fatidique date du 05 septembre 2021. L’on croyait avoir rompu avec les assassinats, les crimes de sang. Mais c’est sans comprendre que les mauvaises habitudes ont la vie dure.
Les citoyens pensaient qu’ils dormiraient comme un sabot sans être dérangés dans leur sommeil ou repos par le crépitement de fusils de guerre. Le citoyen pensait désormais qu’il serait à l’abri de tout cataclysme. Mais, la montagne a accouché d’une souris. Au moment où le procureur général près la Cour d’appel de Conakry a ouvert des procédures judiciaires contre d’anciens dignitaires du régime CONDÉ, une autre forfaiture vient d’être commise par un régime, non des moindres qui avait clamé sur tous les toits que plus jamais aucun citoyen guinéen ne mourrait des faits de manifestations de rue. Mais voilà que le décompte commence : 1 victime.
Pour la circonstance, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile a condamné le même jour, la mort tragique du jeune Thierno Mamadou. Promesse a été faite par Bachir Diallo que lumière sera faite dans cette affaire pour élucider les circonstances. Une sortie responsable. Puisque par le passé, nous avons connu des ministres négationnistes, des ministres enflammateurs quand de tels cas se produisaient. Mais, le désespoir a tellement hanté les Guinéens que leur confiance envers leurs gouvernants s’étiole. Alphonse Charles Wright s’est aussi rendu à la morgue où se trouvait la dépouille du jeune Thierno Mamadou pour connaître les circonstances de son décès.
Cela ne doit pas être une visite populiste. Il faut des actes concrets. Les auteurs doivent être identifiés. Celui qui a commis cet acte doit servir d’exemple. La vérité doit jaillir. Les efforts louables déployés par les nouvelles autorités à travers la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) pour traquer ceux qui ont géré les affaires courantes du pays à un moment donné, devraient être les mêmes pour retrouver les bourreaux de Thierno Mamadou Diallo.
Babanou Timbo CAMARA/ Journaliste