C’est avec une grande réserve que nous avons suivi la récente sortie médiatique du tout
nouveau Directeur Exécutif de l’Agence Nationale de la Lutte contre la Corruption (ANLC) dans laquelle il a annoncé des mesures phares et novatrices.
Cependant, il convient de rappeler qu’au cours de l’année 2022, les autorités de la transition ont pris des décisions qui nous semblent rationnelles en ce qui concerne la lutte contre la corruption systémique à laquelle notre pays reste confronté depuis plusieurs années.
A notre humble avis, lutter efficacement contre ce fléau ne sera pas chose aisée en République
de Guinée car, tous les secteurs de l’économie nationale semblent touchés par ce phénomène
qui est comparable à un cancer qui gangrène les circuits financiers du développement
économique du pays.
Dans le même sillage, les citoyens ainsi que le secteur privé ont souvent vendu leur soutien à la mouvance en échange de quelques concessions.
De l’autre côté, l’Etat guinéen a souvent octroyé de façon injustifiée des exonérations abusives à plusieurs niveaux occasionnant ainsi un manque à gagner énorme au niveau des recettes et de surcroit des difficultés d’exécution des dépenses publiques. A cela s’ajoutent le manque de transparence
dans les procédures d’appel d’offres et de passation de certains marchés publics.
Dans la même lancée, les nominations à des postes de responsabilité ont longtemps été
fondées sur une distribution des postes de récompenses à des agents qui n’ont point la
compétence requise. Si aujourd’hui, les villas et les terrains des quartiers huppés de la capitale
Conakry sont inaccessibles à la majeure partie de la population guinéenne, c’est en partie le fait
de la corruption qui, affaibli chaque jour, un peu plus, la solvabilité des fonctionnaires et autres
travailleurs intègres (Badara Dioubate, 2009).
Pour mettre ainsi fin à cette situation, l’ANLC devra s’atteler à créer les conditions de
transparence, de disponibilité et de fiabilité de l’information car, le grand laxisme juridico-
judiciaire que nous avons connu de par le passé, la désinformation, l’insécurité, les
détournements des recettes de l’Etat ainsi que les dépenses publiques de leur objectif, sont des terreaux propices aux délinquants de tout genre et offrent ainsi des possibilités beaucoup plus larges aux bandits à col blanc.
Pour ne pas abuser du temps de nos lecteurs, nous terminons en disant que la corruption
génère non seulement des inégalités sociales mais aussi et surtout une mauvaise allocation
des ressources de l’Etat. De plus, elle détériore le climat des affaires et aggrave la pauvreté.
Bref, elle remet en cause les conditions du marché et le principe de la libre concurrence etc.
Wait and see.
Safayiou DIALLO,
Economiste.