Des citoyens de communautés diverses étaient le vendredi dernièr au quartier Enco 5 Cité. Pour prendre part à la célébration d’un mariage bien particulier et riche en enseignement.
C’est deux Nations qui se disaient « oui ». Pour le meilleur et pour le pire : le Togo et la Guinée. Ou précisément un Guinéen et une Togolaise.
Les invités arboraient tous des tenues traditionnelles. Et ils devaient de façon imperatif contribuer à la réussite de la cérémonie par des pas de danse.
Aux environs de 10h, le rituel a commencé. Il y a deux coutumes et deux us opposés à concilier. Les non initiés, en l’occurrence la partie guinéenne a vécu le palpitant rituel de mariage des Togolais. C’était époustouflant.
Pour commencer, des clans se sont formés en trois classes sociales.
Les invités d’un côté, les oncles et les tantes de la famille Akouivi d’un autre. Les communautés de l´Eglise ont formé le 3éme groupe.
Les échanges de salutations d’usage ont eu lieu, entre ces différentes parties.
Les invités ont été acceuillis avec de l´eau fraîche dans un grand recipient. Ils se sont rafraîchis. C’est une coutume togolaise des mariages.
Le délégué de l´Eglise a de nouveau salué et souhaité la bienvenue à l’assistance. Il a demandé aux invités de se présenter. À son tour, il a présenté les membres de la communauté togolaise en Guinée au sein de leur Eglise. Il a déclaré avoir constaté une forte mobilisation, chez eux. Il dit qu’il veut savoir la raison de cette mobilisation.
Dr Jules Grovogui sort du coup un billet de 5000 francs guineens. Pour lui, c´est un acte symbolique. Il a déclaré qu´ils sont venus demander la main d´une de leurs filles.
Ce délégué de la famille rétorque
» Notre grand frère a fait plusieurs filles. De quelle fille s´agit-il ? ». Dr Jules, sort de nouveau un billet de cinq mille francs guinéens, il va directement s´agenouiller devant le Pasteur et lui tend les billets en prononçant le nom de la fille, Emmanuella Assou.
La communauté togolaise a compris la raison de la visite des hôtes. Les membres de la communauté se sont consultés. Ils ont posé aux visiteurs la question de savoir s´ils sont venus « costauds » pour demander la main de leur fille Emmanuel pour leur fils Abraham Gnankoy Grovogui.
Dr Jules a répliqué qu´ils sont venus » prêts ».
Adolphe, le neveu direct du papa de la fille qui est le représentant de la communauté en Guinée a demandé aux invités, aux oncles et aux tantes de se retirer afin de discuter à huis clos et trouver un compromis. Ce fut un débat houleux.
Des heures s’egrennent. Adolphe a accepté la proposition de donner leur fille en mariage.
C´était la joie, la belle famille a donné des cadeaux aux parents de la fille. Chacun d’entre eux a reçu un complet pagne. Certains ont reçu deux pagnes.
Le porte parole de l´Eglise protestante dit qu´ils ont accepté la proposition. Mais, qu’ils veulent voir le jeune qui veut épouser leur chère fille. Abraham Gnankoy Grovogui, souriant s´apprête à répondre à quelques questions des sages.
» Qu´est -ce que tu as vu de spécial chez notre fille et qui te pousse à la choisir ? » lui lance-t-on.
« Votre fille, Emmanuella assou est une fille qui incarne les valeurs de l´éducation, très respectueuse, souriante. Une fille qui a la crainte et la foi en Dieu. Voilà entres autres les raisons qui m´ont poussé à la préférer parmi tant de flots » a entonné le jeune futur marié.
Les parents accueillent ces réponses, chaleureusement. Selon eux, comme il a préféré choisir leur fille sur la base de l´éducation, ils ont béni le couple. Et ils ont précisé que dans les couples, les disputes, les querelles ne finissent pas. Ils mettent en garde le jeune.
« Demain, ne reviens pas nous dire que cette fille est mal éduquée, autrement nous irons la chercher. Quoi qu´il advienne, surmontez vos cris de couple, trouvez un compris entre vous » a conseillé le porte de la communauté togolaise .
Après ce rituel, c´est l’heure d´aller chercher la fille, mais, comment ?
Les mamans et les tantes doivent l’amener. Par conséquent, elles demandent le prix de transport. Ainsi, les personnes de bonne volonté ont commencé à mobiliser le fonds qu´elles ont appelé ‘’le prix du billet d´avion Togo -Guinée ». Dans les coutumes togolaises du mariage, tout ce rituel vise à tester le futur marié.
Elles ont monté une mise en scène dans laquelle se trouve sa femme. Déguisée. On a dit au futur marié de retrouver sa femme dans ce scénario de magma de filles
Elles ont fait défiler une qui avait la méme demarche que sa femme. A vu d’oeil, il a dit que ce n’est pas sa femme. Mais, pour que celle-ci retourne, il faut payer son transport.
Toujours pour voir s’il peut identifier sa femme, une deuxieme se presente. Il est patient. Il a repondu non. Les amis et parents ont glissé les doigts dans leurs poches, porte-feuille, sortir de l´argent. Ils completent le transport de la fille venue.
Les mamans et les tantes, disent qu’ il faut que le billet d´avion soit complété, s’il faut qu’on aille chercher la future mariée. Le Togo est distant de la Guinée. Abraham Gnakoi Grovogui, tout joyeux, de voir sa future épouse n´a pas hésité. Il a glissé les doigts dans sa poche. Il a sorti l´argent. Il a donné.
Et lorsqu´il a finalement vu sa bien-aimée, de taille fine, se dehancher, le visage couvert de voile. Il a souri. Il a martelé, cette fois-ci:
“ Sans langue de bois, c´est bien ma femme”.
Les mamans et les tantes ont enlevé le voile sur le visage. C´était bien elle.
Le Pasteur a dit à Dr Jules, père de Abraham, joyeux à plus d´un titre.
« Nous vous donnons notre fille avec amour. Prenez et donnez la à votre fils ».
Le pasteur a formule des vœux de bonheur et a béni ce couple».
C´était la joie totale, les invités et les parents ont terminé l´ambiance autour des plats togolais et du vin. Le foufou, aliment de base des togolais, était servi à tous le monde.
À 16 heures, les amis et collegues se sont rendus à la mairie de Ratoma pour la signature du mariage civile.
C’était un mariage vraiment instructif et beau.
Par Fodé Touré pour couleurguinee.com