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Éventuelle violation d’une règle successorale non écrite par le bureau exécutif de la CNFHG : et si l’histoire se répétait.

Avec sa plume fertile, le compatriote Safayiou Diallo ne rate jamais l’occasion d’apporter sa part de vérité dans le débat national. Pour le comprendre, lisez ci dessous.
C’est avec beaucoup de tristesse que nous suivons la guerre de succession actuelle au sein de la Coordination Nationale des Foulbé et Haalipular de Guinée (CNFHG). Comme tout citoyen guinéen soucieux du devenir de ce pays, digne fils du Fouta Djallon, il est de notre devoir d’apporter notre pierre à l’édifice.
Pour la petite histoire, la guerre de succession au sein des organisations du Fouta Djallon n’a pas commencé aujourd’hui. A croire les historiens, c’est seulement en 1725 que les Fulɓe musulmans prirent le contrôle total du Fouta-Djalon après la bataille de Talansan et fondèrent le tout premier des nombreux États théocratiques peuls. Par la suite, Karamokho Alfa a été nommé émir al-Mu’minin (« Commandant des fidèles ») pour la circonstance. Du coup, Il devint le premier Almami de l’imamat de Fouta-Djallon. Après 26 ans de règne, il mourut en 1751 et fut remplacé par l’émir Ibrahim Sori, qui à son tour renforça le pouvoir de l’État islamique.
A la mort de Ibrahim Sori, deux (2) factions prirent naissance. La faction cléricale a pris le nom d’Alfaya par respect pour l’héritage de Karamokho Alfa, tandis que la faction laïque s’est appelée Soriya en l’honneur de son successeur Ibrahima Sori. Les deux factions sont parvenues à un accord selon lequel le pouvoir devrait alterner entre les dirigeants des deux (2) factions citées ci-haut. Ledit accord était né entre les chefs des trois (3) Diiiwé (encore appelés provinces) : Timbo, Timbi et Labé. Par la suite, l’empire qui comptera neuf (9) provinces (Fougoumba, Koin, Kolladé, Bhouria, Kebaly et Fodé Hadji) mettra en place un régime de type théocratique dirigé par la confrérie des marabouts et avec pour mission l’expansion de l’islam dans la contrée.
Cependant, en 1808 c’est-à-dire 57 ans plus tard, une véritable guerre de succession se propagea au lendemain de la disparition de l’Almamy Sori. L’accord trouvé instaura une alternance au pouvoir à tour de rôle entre les deux (2) familles protagonistes : Alfaya et Soriya. Il a fallu attendre l’arrivée du 14ème et dernier ‘Almamy Bocar Biro Barry en 1890 à 38 ans après avoir vaincu par les armes et éliminé physiquement son frère Alpha Mamadou Pathé, pour assister à la fin de cette règle successorale non écrite. Trêve de l’histoire…
Cent trente-trois (133) ans après l’avènement d’Almamy Bocar Biro dans des conditions tragiques, une autre guerre de succession est déclenchée entre des fils du Fouta pour l’occupation du siège laissé par le regretté El Hadj Ousmane Fatako Baldé dit « sans loi », ex Président de la CNFHG. D’où le retour au point de départ avec cette malencontreuse répétition de l’histoire qui n’honore personne.
Si de nos jours, l’un des protagonistes soutient que la présidence tournante décidée par des représentants issus des 3 Diiwé (Timbo, Timbi et Labé), était en faveur de Labé et que cette entente aurait été brisée suite à l’intronisation d’Elhadj Alsény BARRY de Dalaba confirmant ainsi le règne des hommes d’affaires au mépris de l’imamat et des sages, c’est en partie parce qu’en Guinée, on fait parfois abstraction des textes quand ça nous arrange. Sauf si les Statuts de cette organisation ne prévoient pas la gestion de la transition. Ce qui nous étonnerait. Et pourtant, cette communauté à laquelle nous appartenons tous a donné et continue de donner des leçons de démocratie à toute la Guinée à travers ces différentes revendications surtout sous le règne d’Alpha CONDE.
A quoi servent les textes de la Coordination Haali Poular si nous ne veillons pas à leur application ? Allons-nous toujours continuer à montrer à la face du monde que ce qui nous sépare est plus grand que ce qui nous unit ? Ne pensons-nous pas que cette affaire aura des lourdes conséquences dans un futur proche ? Pourquoi ne lavons-nous jamais le linge sale en famille ?
Comme à l’accoutumée, nous ne donnerons pas suite à ces questions dans les lignes qui suivent pour ne pas abuser du temps du lecteur. Toutefois, nous craignons fort que cette organisation perde la vocation qui était prônée par les pères fondateurs qui rêvaient de voir les fils du Fouta unis autour d’un idéal. Car à observer la tournure des évènements, nous avons des raisons de penser que notre Coordination est désormais caporalisée par les nantis sous prétexte que le choix porté est fondé sur l’espoir et l’efficacité. D’aucuns pensent déjà qu’Elhadj Alsény peut faire l’affaire pour tout bon car selon eux, il peut faire des dons à l’image de feu Elhadj Ousmane.
Dans l’attente de la fin de cette guerre de succession qui est en train de prendre une tournure que personne ne souhaite, les sages du Fouta mettrons tout en œuvre pour inviter les protagonistes à l’entente et à la paix. Cette crise qui n’a que trop durée ne doit pas perdurer, car elle a pris des proportions inquiétantes. Toutefois, nous invitons les deux (2) camps à plus de retenue surtout en ce mois béni. Nous osons espérer qu’ils mettront leur égo de côté pour privilégier l’honneur dans le respect de l’autre car rien ni personne n’a de valeur de trop pour mettre en péril nos acquis.
Safayiou DIALLO
Citoyen guinéen
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