M.Cherif Diallo, expert en pêche est sans doute l’un des cadres guinéens qui connaissent le plus secteur de la pêche guinéenne.
Lisez sa tribune ci dessous pour les détails.
À défaut de résultats probants dans l’amélioration de l’approvisionnement des ménages en poissons, disponibles et accessibles dans nos marchés,
Il faut éviter certaines affirmations sur les réalités du secteur.
Comme déclarer que les exportations sur le marché UE par nos unités de traitement, marché fermé depuis le 2 février 2007, ont repris en 2022.
Ce qui n’est pas effectif.
La douane Guinéenne pourrait aider à le savoir.
La seule unité Jasmine Trading House, JTH de téménétaye qui s’y est essayée n’ayant pas réussit son opération.
Un an déjà que cette interdiction de l’UE est pourtant levée.
QUI DIT PÊCHE, DIT VENTE DE PRODUITS DE PÊCHE, PAS SIMPLEMENT VENTE DE LICENCES DE PÊCHE.
En Guinée, les licences furent même délocalisées à la Présidence de la République en 2013.
Cette obsession des licences pourrait expliquer la diminution du rendement des espèces demersales (dorade, machoiron, sompat, carpe rouge, etc.) des navires :
Plan de pêche 2023 du Ministère
IV.5 Tableau 6 :
– rendement 2018 ~ 8,08 T/Jour
2019 ~ 7,18 T/Jour
2020 ~ 4,56 T/Jour
2021 ~ 3,77 T/Jour
Les rendements (prises ou captures réelles effectuées) diminuent, tout au moins depuis plus de 4 ans.
Mais les offres de prélèvements (captures autorisées) ne s’ajustent pas à cette tendance à la baisse.
IV.6.1 / Tableau 7
IV.6.2 / Tableau 8
du même plan 2023.
Déclarer des recettes en 2022, ce qui ne saurait être le rôle primordial du Ministère, de l’ordre de 90 milliards NFG pour le Trésor public.
C’est juste mieux que les 66.6 milliards NFG déclarés en 2018.
Ces chiffres n’atteignant pas les 10 millions de Dollars de ce Ministère de l’année 1990.
La co-signature des licences de pêche avec le Ministère des finances n’est pas une innovation dans ce département.
Elle l’a été en 1997.
LA MAXIMISATION DES RECETTES NE S’OBTIENT QUE PAR LES PRODUITS ET NON LES LICENCES.
Pour cela, il faut éviter le dépeçage de l’unique Complexe industriel de pêche du pays CIPECO (ex SOGUIPÊCHE), comme cette occupation de ses ateliers mécaniques par tierce entreprise.
Dans ce Complexe industriel, propriété de l’État dont VOUS NE PARLEZ JAMAIS EN CONSEIL DE GOUVERNEMENT, nous pouvons réaliser les activités professionnelles portant sur l’économie maritime.
Cette ÉCONOMIE MARITIME, que vous connaissez se trouvant, par le secteur pêche :
– dans le Soutage (carburant) des bateaux locaux et étrangers :
Soutage national des navires au pavillon Guinéen,
Soutage international des navires au pavillon étranger, basés ici ou en trampling (en transit).
– dans la fourniture d’énergie électrique aux industries de transformation et de valorisation.
– dans l’exploitation des infrastructures portuaires, le fret maritime et le transport terrestre des produits de pêches.
– dans les emplois des marins-pêcheurs.
– dans les importantes recettes d’exportations des industries.
– dans les impôts et taxes diverses prélevés par l’État sur les entreprises du secteur.
– etc.
LA RÉALISATION DE L’ ÉCONOMIE BLEUE DOIT ÊTRE UN OBJECTIF EN GUINÉE.
Par son segment industriel, avec la seule espèce dite POULPE, le Sénégal exportat en 2020 pour 15 Millions de dollars.
Notez bien, une seule espèce.
Des industries Sénégalaises reçoivent d’importantes quantités de poulpes pêchées en Guinée sur la période de décembre à mai, à travers d’embarcations sénégalaises bénéficiant ici de licences artisanales.
La Côte d’ivoire est le 2ème exportateur mondial de THON avec 270.000 T et 1er pays producteur d’Afrique de cette espèce.
Cela grâce à l’industrialisation de son secteur pêche.
Les bateaux étrangers auxquels la Guinée vend des licences, débarquent l’essentiel de leurs captures dans les industries limitrophes :
Sénégalaises et Ivoiriennes.
90% des bateaux de pêche industrielle en activité en Guinée battent pavillons étrangers.
Le faible nombre de bateaux Guinéens s’explique en grande partie par la non application du régime douanier particulier pour le carburant, ainsi que par l’absence de dispositifs logistiques adaptés.
ALLONS VERS L’INDUSTRIALISATION DU SECTEUR :
Ministres du plan, de l’économie et de l’industrie.
Actualisez le programme 2018 du Ministère du plan (PNDES) de création d’un Pôle de compétitivité et de développement de la pêche dans la zone économique spéciale de Boké.
La Guinée disposera ainsi d’infrastructures portuaires spécifiques, d’installations industrielles de transformation et de valorisation des produits.
Le Maroc pourrait aider puisque c’est un Cabinet de Rabat qui a réalisé le pôle de compétitivité de Mauritanie en 2013, celui de Dakla (Maroc) en 2018.
Le Gouvernement Guinéen était justement au récent salon Halieutis d’Agadir au Maroc.
Vous avez dû noter que ce pays a produit 1.550.000 T en 2022, pour en exporter 841.000 T d’une valeur de 3 Milliards de Dollars.
Affirmer l’existence de ressources halieutiques importantes devrait inciter à des investissements productifs dans les infrastructures portuaires spécifiques, les industries de transformation et de valorisation de ces ressources.
Nous admettons la pertinence de certaines dispositions des plans annuels d’aménagement de nos pêcheries. Plans initiés en 1989, par la coopération Canadienne avec M. Mahi l’expert Canadien de l’ACDI venu de Dakar.
Nous observons simplement avec regret, que l’essentiel soit confiné à la détermination des possibilités d’accès (licences) aux ressources.
Cette démarche ayant amené différents Ministres à vouloir dépasser les montants déclarés par leurs prédécesseurs au trésor public.
Au bout de cette course, à qui mieux mieux dans la vente des licences, la préservation des ressources en vue de leur exploitation responsable et durable semble compromise.
DANS CE PLAN DE PÊCHE 2023, tableaux 7/8 :
Captures autorisées :
– 33.383, 20 T de Céphalopodes (poulpes, seiches, etc),
– USD 2.700 / T : prix moyen dans la sous-région.
– 18.355 T de Crevettes côtières,
– USD 7500 / T : prix moyen.
– 190.996,50 T de poissons demersaux,
– USD 1600 / T : prix moyen.
– 393.062 T de poissons pélagiques (sardinelles, chinchards, ethmalose, etc),
– USD 700 / T : prix moyen.
Le Gouvernement compte autoriser en 2023 des captures de l’ordre de 641.987,50 TONNES.
Licences et permis de pêche à accorder à 90 bateaux industriels, semi-industriels et 6354 pirogues.
Pour en attendre d’hypothétiques recettes de l’ordre de 10 millions de dollars à déposer au trésor public.
Au Sénégal, le débarquement de 540.000 TONNES en 2019 a permis le traitement et l’exportation de 285.000 TONNES, d’une valeur de USD 530.000.000.
grâce au segment industriel de ce pays voisin.
En Guinée, depuis plus de 2 décennies, 70% des bateaux étrangers bénéficiant de licences sont Chinois.
Il serait important de parvenir à la signature d’un accord de pêche entre la Guinée et la Chine
1- pour la rénovation et l’exploitation par des privés Chinois et Guinéens du Complexe industriel de pêche, ex SOGUIPÊCHE.
2- pour la création d’un pôle de compétitivité et de développement de la pêche en Guinée.
Nous étions du voyage en Chine en 1996 pour les négociations et la finalisation du 1er accord de pêche.
Aux pêcheurs artisans, notamment ceux de la pêche continentale, le Ministère en charge de la Jeunesse doit accentuer la cadence de fabrication des 1.500 pirogues en fibre de verre.
Le but étant de remplacer certaines barques en bois et préserver ainsi nos forêts.
Les 1ères livraisons furent médiatisées en 2019. Le projet est domicilié à Afriland-Bank Guinée.
Là se trouve l’enjeu réel de l’exercice, ventes de licences ou ventes de poissons, le défi n’est certainement pas aisé vu le niveau insignifiant du taux d’industrialisation de la pêche dans notre pays.
Mais de grâce.
Cherif Diallo
Consultant / cherif_diallo19@yahoo.com