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 » La Guinée est un Etat qui est très loin d’être une nation, malgré tout ce que l’on veut nous faire croire » dixit Mamadou Baadikko Bah chez nos confrères d’Africaguinee

Mamadou Baadikko Bah, le Président du Parti Union des Forces Démocratiques ( UFD) a accordé cette interview à nos confrères du site Africaguinee.com. Nous vous invitons à la lire ci-dessous

 

QUESTION : L’UFDG, l’UFR, le RPG et l’UFD sont absents du débat sur la Constitution. Quelles conséquences pour ces formations du paysage politique guinéen ?
REPONSE : Tout d’abord parlons des questions préjudicielles, de la forme. Le CNT, émanation exclusive du CNRD et qui est totalement à son service, n’a invité pour ces débats que les partis ayant pris part au fameux Dialogue « national » ou aux Assisses « nationales ». Donc dans tous les cas, l’UFD, acteur constant et engagé de la scène politique guinéenne, à l’avant-garde du débat politique guinéen depuis sa création en 1992, pour la promotion de la démocratie et du progrès de la Guinée et de l’Afrique en général, n’a pas été invité à ces assises. Mais cette prise de position des autorités de la transition ne nous étonne pas. Ils ont leur agenda caché et n’ont aucune envie d’être contrariés dans leurs funestes projets de confiscation du pouvoir. S’agissant du fameux CNT, faut-il rappeler qu’ils perdent le temps ou tuent le temps comme on voudra, depuis leur installation il y a maintenant seize mois. A quoi ont donc servi leurs longues tournées touristiques à travers le pays, pour prétendument recueillir l’avis des larges couches de la population sur la future Constitution ? Et les conclusions des deux fameuses messes folkloriques, pompeusement baptisées Assises ou Dialogue, que sont-elles devenues ? Tout ceci, vingt mois après le coup d’Etat du 5 septembre 2021 ! On a vu défiler au CNT toutes sortes de corporations livrant leurs souhaits pour la nouvelle Constitution. Tout ceci pour donner la fausse impression d’un débat très large et ouvert. Alors que selon nous, les questions fondamentales qui sont à la base de la faillite totale de l’Etat guinéen depuis son indépendance, tiennent en deux points principaux, ne seront pas abordées :
1. La Guinée est un Etat qui est très loin d’être une nation, malgré tout ce que l’on veut nous faire croire. Au contraire, c’est un micro-Etat totalement plombé et bloqué dans sa marche vers le progrès, par l’ethnicisme et ses conséquences néfastes pour l’intérêt général.
2. L’Etat guinéen post-colonial est dominé pratiquement depuis 65 ans par des élites prédatrices, corrompues et parasitaires, qui pillent et dilapident toutes les richesses naturelles et de surcroît, endettent lourdement le pays, hypothéquant ainsi l’avenir des générations futures. La moindre position dans l’appareil étatique, de la mairie à la présidence de la république est utilisée pour se servir, au détriment de l’intérêt général. Toutes les ressources du pays sont ainsi confisquées par une minorité privilégiée au détriment des populations, toutes régions confondues. L’impunité est de règle. Les batailles politico-ethniques pour s’emparer des leviers de commande dans l’appareil d’Etat illustrent bien cette catastrophe. Tous les crimes auxquels ont a assisté dans notre pays découlent de là.
Sur ces deux questions essentielles pour le devenir de la Guinée et même de l’Afrique entière, nous réfléchissons, surtout depuis les événements d’octobre 2020, lorsque le pays a failli sombrer dans la guerre civile, à cause du troisième mandat illégal de l’ancien président Alfa Konde. Nous avons élaboré à cet effet des propositions détaillées de réforme institutionnelle, basant la Constitution sur la Régionalisation avancée, pour enfin nous atteler à la reconstruction du pays, au profit de ces populations écrasées par la misère et le sous-développement et abandonnées par l’Etat. Dans ce schéma institutionnel, la plus grande part des ressources doit être consacrée au développement économique, social et culturel. Il ne doit être permis à aucun citoyen ou groupe de citoyens de disposer illégalement des ressources publiques, à tous les niveaux de responsabilité. L’administration doit être soumise au contrôle de satisfaction de la population. L’Etat de droit sera impartial et réellement orienté vers le progrès, au bénéfice des masses laborieuses présentes et à venir et non à son propre profit. La corruption et l’enrichissement illicite doivent être combattus efficacement. Ce sera le prix à payer pour sortir notre pays et l’Afrique de ces injustices et de cette décadence sans fin.
Nos propositions de réforme institutionnelle ont été très largement diffusées depuis octobre 2021, y compris dans vos colonnes, à l’adresse de toutes les forces vives du pays. Le document est depuis longtemps entre les mains du CNRD et ses agents. Mais comme vous pouvez l’imaginer, ils n’en veulent à aucun prix, car ça contrarie leurs projets. Voyez comment le pouvoir du CNRD refuse insolemment d’appliquer le principe de la déclaration des biens des responsables de l’appareil étatiques et des communes ? Ils sont sur la même voie que l’ancien président qu’ils ont renversé.
Une autre question qui nous préoccupe, ce sont les garanties à mettre en place pour sortir définitivement notre pays de ces régimes successifs qui piétinent et violent impudemment tous les textes constitutionnels. Qu’est ce qui nous garantit que les dirigeants qui seront issus de la nouvelle Constitution seront différents de leurs prédécesseurs ? Quelles dispositions sont prévues pour garantir l’intangibilité de certaines dispositions fondamentales ? En Guinée tous les textes ne sont que de pure forme. Regarder toutes cette batterie d’institutions budgétivores, parfaitement inutiles pour certaines et totalement inféodées au pouvoir exécutif ? Où est l’équilibre entre les pouvoirs ?
Pour tout vous dire, nous avons la conviction que le texte qui sortira laborieusement de ce CNT ne sera qu’une Constitution sur mesure, avec des habillages cosmétiques qui ne résoudront aucun des graves problèmes qui préoccupent l’écrasante majorité du pauvre peuple de Guinée, confronté à un éternel recommencement ou à de faux départs constants. Ce ne sera qu’un texte de pure forme, exclusivement destiné à garantir la réalisation des objectifs ultimes du CNRD.
Nous ne regrettons donc pas de ne pas participer à cette mascarade. Le CNT de 2010 nous a produit en moins de trois mois un texte très avancé qui, justement a été entièrement violé par le pouvoir de l’ancien président Alfa Kondé. Mais dans tous les cas, le décor est planté : il faudra 600 millions de dollars pour sortir de la transition du CNRD. Les 24 mois n’engagent que ceux qui y croient. Parlant des conséquences de la non-participation aux travaux du CNT sur la Constitution, rassurez-vous, ce qui compte pour nous ce sera en dernière analyse le jugement du peuple de Guinée que nous nous engageons à servir de toutes nos forces, avec la conviction que la vérité finira un jour par triompher.
Propos recueillis le 5 juin 2023 à Conakry par Siddy Koundara DIALLO AFRICAGUINEE.COM

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