Je voudrais rendre hommage à tous nos soldats tombés à la guerre. Tous ces filles et filles du pays qui se sont battus pour un brillant avenir et qui ont fini par ployer sous le fardeau du chômage ou ont été fauchés par la mort dans leur bel âge.
Je voudrais rendre hommage à ces hommes qui ont peur de rentrer chez eux le soir, accablés par la honte parce qu’ils n’ont pu rien poser sur la table pour le repas de leurs gosses.
Je voudrais rendre hommage à ces filles qui ne se seraient jamais vues se déshabiller sous la pluie des billets d’un Boss, mais qui, quand Maman s’est retrouvée à l’hôpital pour des soins urgents, n’ont pas senti un autre choix s’offrir à elles que de ravaler leur fierté et coucher leur dignité pour plusieurs liasses de papiers.
Je voudrais rendre hommage à ces aînés qui longtemps ont été des repères par leurs résultats scolaires et qui aujourd’hui en réunion familiale demandent autorisation à leurs cadets avant de prendre parole parce que dans leurs familles, c’est l’argent qui confère d’aînesse. La vie est triste, la vie est mystère, les cancres s’en sortent et les brillants leur cirent les souliers.
Je voudrais rendre hommage à toutes ces femmes qui ont refusé d’être à la solde d’un homme au foyer, ces femmes qui longtemps se sont battues, ont privilégié leurs carrières et qui aujourd’hui, célibataires, doivent justifier aux rares hommes qui ne se laissent pas décourager par le poids de leurs diplômes, qu’elles sont bonnes mais qu’elles n’avaient juste pas le temps pour l’amour.
Hommage à toutes ces femmes qui doivent faire profil bas plus que toutes les autres, pour ménager l’ego complexé de leurs hommes parce que leurs salaires font trois fois ceux de leurs maris. C’est dur de serrer les dents à en avoir mal, parce qu’en lui ripostant, Monsieur ne se sentirait plus mâle.
Je voudrais rendre hommage à tous ces jeunes hommes et ces jeunes femmes qui noient leurs soucis dans l’alcool, la cigarette et la drogue qui luttent contre l’insomnie à coups de Valium.
Je voudrais rendre hommage à ces grands frères et grandes sœurs qui se sont faits pères et mères très tôt, pour remplacer leurs parents absents parce que morts. Ces aînés qui, par amour pour leur fratrie se levaient les premiers pour ne se coucher que les derniers. La vie vous a très tôt arraché votre insouciance. Vous êtes devenus adultes avant même de jouir des privilèges de l’adolescence. Je prie le ciel d’être clément, d’entendre les pleurs de vos prières et de couronner vos sacrifices de succès.
Diaby Hassane