Ceux qui prennent internet pour un outil de simple divertissement, nous vous recommandons de lire cette réflexion de l’économiste Safayiou Diallo. Bonne
Si l’internet est un outil de divertissement par excellence pour de nombreux jeunes de nos jours, il rapproche aussi énormément les personnes vivant à l’étranger de leur famille partout dans le monde. De plus, l’internet participe à l’amélioration de la qualité de l’éducation mais aussi à la recherche d’information.
Il offre plus de possibilités aux jeunes sans emploi qui se sont orientés dans cette nouvelle forme de commerce communément appelée e-commerce (commerce électronique : cas du B2C par exemple). Internet est aussi un excellent moyen de communication pour le Gouvernement, pour les communautés locales mais aussi un outil de partage d’information et de connaissances. Grâce à internet, l’on peut également effectuer des virements (domestiques et internationaux), consulter le solde de son compte en banque, interagir avec son conseiller clientèle etc.
De même, en plus de l’avènement du télétravail, Internet offre aussi un moyen supplémentaire aux entreprises pour augmenter leur chiffre d’affaires mais aussi leur part de marché grâce à la visibilité qu’elles acquièrent sur les RS (Réseaux Sociaux) etc., trêve de commentaire. Ceci dit, les coupures d’internet peuvent-elles être assimilées à des violations des droits de l’homme ? Quels sont les impacts négatifs de l’inaccessibilité de l’internet pour un pays comme le nôtre ?
Quoique l’internet ne serait pas un droit en Guinée, plusieurs observateurs du monde entier sont d’accord sur le fait que « l’accès à Internet ne peut pas être distingué de l’exercice de la liberté d’expression, d’opinion et du droit de réunion pacifique ». Par ailleurs, nul besoin de rappeler que ces droits sont reconnus dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
De plus, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a déclaré en 2012 et réaffirmé depuis lors, que les mêmes droits dont disposent les personnes hors ligne doivent être aussi protégés en ligne. A croire cette déclaration, les coupures d’Internet observées un peu partout dans le monde entier, en particulier celles qui consistent à désactiver tous les moyens de communication, devraient être considérées comme des violations potentielles des droits de l’homme. En dépit de cette disposition, la liberté d’expression n’est tout de même pas totale dans un pays quelconque. Elle peut être restreinte pour des raisons exceptionnelles – telles que la sécurité nationale et l’ordre public.
Sur le plan économique, malgré l’émergence du secteur informel, la coupure prolongée d’Internet affectera forcément de façon très néfaste notre économie quoique n’ayant pas des statistiques à disposition pour le démontrer. Car durant cette période, le nombre d’utilisateurs d’internet sera réduit. Cela sans compter sur le fait que sur chaque pass internet acheté, 23% du montant déboursé revient directement à l’Etat (TVA plus TCT).
De plus, cette situation engendrera forcément des pertes monétaires énormes. Ce qui occasionnera forcément la fermeture ne serait-ce que temporaire de certaines PME (vecteur du développement), le licenciement des employés et du surcroît le chômage involontaire prôné par KEYNES.
De plus, dans un pays comme le nôtre où l’on a un département ministériel prônant l’économie numérique, les coupures fréquentes de connectivité sont totalement en désaccord avec les perspectives d’une « économie numérique ». Cela sans compter sur les impacts économiques secondaires résultant d’un climat d’incertitude pouvant potentiellement décourager les investisseurs étrangers. Ce qui va naturellement se répercuter sur les autres sous-secteurs d’activité notamment l’industrie du tourisme. Tout ceci aura des répercussions profondes forcément sur notre PIB…
Safayiou DIALLO
Economiste.