Abdourahmane Sanoh, le président de la plateforme Citoyen pour la République ( CPR) a conféré ce jeudi 4 janvier 2024, avec la presse. Il s’est exprimé sur la situation sociale et politique et sur la conduite de la transition.
L’ancien coordinateur du FNDC a exprimé sa compassion au peuple de Guinée, aux familles et proches des personnes décédées et disparues de l’incendie du dépôt d’hydrocarbures survenu dans la Commune de Kaloum.
Abdourahmane Sano rappelle qu’une bonne transition se veut un moment de communion et une opportunité de réflexions et d’engagements de tous les acteurs du pays, autour des causes qui l’ont provoquée.
« le constat d’aujourd’hui révèle l’absence d’un cadre de dialogue paisible et inclusif, permettant de créer les bases d’un consensus national sur la gouvernance, le chronogramme et la durée de la Transition. Une telle démarche aurait permis de garantir à la transition actuelle une légitimité forte et une plus grande chance de succès, se traduisant par des élections transparentes, libres et apaisées, dont les résultats ne feraient l’objet d’aucune contestation crédible.Malheureusement, et comme on pouvait le redouter, l’égocentrisme, les calculs politiciens, les vieilles rancœurs, les ambitions démesurées, l’opportunisme et la passion, stimulés par la corruption et la quête effrénée de statut de l’élite, ont pris le dessus sur la raison, sur le sens de responsabilité et sur l’intérêt de Ia Nation. Cet état de fait a conduit à des positions inconciliables qui compromettent aujourd’hui la recherche de solutions endogènes appropriées, devant permettre de redresser nos errements démocratiques. Dans ce pathétique affrontement, le CNRD n’a pas su s’élever en arbitre impartial, en privilégiant les retombées bénéfiques et durables, pour le peuple, d’une transition répondant aux espérances de nos populations, en cette phase cruciale de notre histoire. Plus d’un an après la mise en place contestée d’un cadre de dialogue, nous n’avons pas encore réussi à lui conférer le caractère inclusif et la crédibilité qui sied », a-t-il déploré
Abdourahmane Sano souligne que des pratiques de répressions judiciaires contre les acteurs politiques et sociaux, les violations des droits de l’homme, les atteintes à la dignité humaine, les traitements inhumains et dégradants sur des personnes sans défense, les violences et les tueries lors des manifestations sont encore d’actualité.
« Les constantes violations de la charte de la Transition et des lois par le CNRD, obèrent l’efficience et la cohérence du fonctionnement de l’État et tous éloignent des exigences d’un État de droit. Ces violations sont illustrées par les restrictions de la liberté de presse et des droits civiques, l’interdiction de manifester. les limitations de l’accès à l’internet, le brouillage des ondes des médias privés, l’instrumentalisation et la personnalisation de la justice, la persécution des magistrats qui défendent l’éthique dans leur profession (…). La démagogie, le populisme, le culte de la personnalité et la propagande règnent, sans partage et comme par le passé, sur tous les canaux publics de communication. Le regain de corruption et d’enrichissement illicite et l’accaparement de l’État par un petit groupe d’individus au détriment des intérêts de la nation, ainsi que l’absence d’exemplarité dans la gouvernance économique et financière, font que nos compatriotes ne croient plus à la sincérité des engagements, à établir un État libre de corruption. La CRIEF (…) est devenue un instrument de règlement des comptes avec des personnalités bien ciblées, sans enquêtes préalables rigoureuses » regrette-il.
« Le pays va mal ! Il va très mal aujourd’hui ! » martèle cet acteur de la société civile.
« De nos jours, si on peut encore prendre le pouvoir par les armes, on ne peut le conserver durablement par les armes. Les perspectives ne sont pas rassurantes quant à une issue pacifique et démocratique de la Transition, avec des bases institutionnelles et réglementaires enfin convenables et des élections ouvertes, transparentes, crédibles et globalement incontestables », a-t-il conclu.
Par Fodé Touré pour couleurguinee.com