Inspiré, Habib Yembering Diallo écrit sur cette autre crise qui assaille la Guinée
Connaissant le vieil adage selon lequel « la saison des pluies défait tout ce que la saison sèche fait, les Guinéens ont pris leur mal en patience. En l’occurrence la privation d’électricité. Espérant que les grandes pluies, qui remplissent fleuves et rivières dès le mois de juin, mettront fin à l’obscurité et ses corolaires de chaleur et d’insécurité.
Comble de paradoxe, plus la crue monte, plus l’obscurité augmente. Devant cette situation, qui était la moins attendue du monde, la déception est à la dimension de l’espoir suscité par le début de la saison des pluies. Pour les habitants de ce pays, le bon sens ne peut pas expliquer et justifier cette nouvelle odyssée. Que dis-je, cette nouvelle descente aux enfers.
Cette situation mérite quelques interrogations. La première, le président Alpha Condé a-t-il roulé les Guinéens dans la farine avec Kaleta et Souapiti qui devaient régler le déficit énergétique pour les besoins domestiques ? Certains opposants avaient dénoncé une surfacturation de ces projets. Mais pour les citoyens, surfacturation ou pas, l’essentiel était d’avoir enfin le courant. Deuxième interrogation : les barrages ont-ils été sabotés pour opposer dirigeants et dirigés ? On le sait, la junte militaire croit à la fois aux livres saints (elle fait recours au Coran et à la Bible pour faire juger loyauté et fidélité aux bénéficiaires de ses décrets) et aux charlatans. Troisième interrogation donc : Ses charlatans lui ont-ils dit que pour sa survie il faut maintenir les populations dans l’obscurité ?
Quelle que soit la réponse à ces interrogations, le discours du Premier ministre, selon lequel « le niveau d’eau est tel que nous ne pouvons plus continuer à produire comme par le passé, une quantité d’électricité suffisante » est un raccourci facile. Cet homme, dont les compétences sont reconnues même par ses ennemis, doit nous dire ce qui s’est réellement passé. A défaut, son gouvernement sera perçu comme le pire des pires que nous avons connus ces dernières décennies.
Par Habib Yembering Diallo
Journaliste-écrivain