Le processus d’identification des membres des conseils de districts, de quartiers et de secteurs a débuté sur toute l’étendue du territoire national. La Gouverneure de la ville de Conakry a invité les présidents de délégations spéciales á procéder aux installations des membres cette semaine.
C’est la suite logique du décret présidentiel qui a institué la mesuré étatique selon laquelle les élus locaux sont désormais nommés par les Gouverneurs des régions administratives. C’est précisément au mois d’août 2023 que Général Mamadi Doumbouya a pris le décret qui annonce cette demarche qui n’enchante pas les formations politiques de l’opposition guinéennes.
Souleymane Souza Konaté, le président de la commission communication de l’Alliance Nationale pour l’Alternance Démocratique (ANAD) a déclaré que ces chefs de quartiers ne seront pas reconnus par leurs partisans. Et pour cause?
Selon lui, le décret de Général Mamadi Doumbouya a violé le code électoral révisé en 2017, relatif à la nomination des chefs de quartiers, des chefs de délégations spéciales.
« Dans ce code, il est clairement mentionné que les différents responsables sont élus au prorata des résultats obtenus à l’occasion des élections communales. Nous assistons de plus en plus à la militarisation de notre administration publique. Par le passé, nous connaissons le rôle des administrations territoriales dans notre pays. Ce qui est inquiétant dans notre pays c’est le silence de notre appareil judiciaire face à cette énième violation de nos textes. Des organisations de la société civile ont saisi la Cour Suprême pour se prononcer en faveur des droits, mais jusqu’à présent, elle n’arrive pas à prendre position par rapport à ce dossier. Nous du côté des acteurs politiques, nous continuons à nous organiser, à nous préparer, il n’est pas question de laisser la junte confisquer le pouvoir, confisquer notre processus démocratique. Pour cela, nous sommes prêts à nous mobiliser, à nous battre jusqu’à ce que le CNRD revienne à de meilleurs sentiments.», a martelé Souleymane Souza Konaté
Souleymane Souza Konaté d’enfoncer le clou.
« La transition prend fin en Guinée au plus tard le 31 décembre 2024, dépassé ce délai, le CNRD ne sera plus légitime pour conduire la suite de la transition dans notre pays. Et nous allons exiger la mise en place d’une transition civile qui aura pour agenda le retour à l’ordre constitutionnel. Les dernières élections nationales qu’on a eues dans dans ce pays, démontrent que l’UFR, l’Ufdg, le RPG représentent 95% de l’électorat de notre pays. Donc nous n’allons pas les reconnaître. Et nous sommes aujourd’hui dans une crise multidimensionnelle aux conséquences imprévisibles. Nous invitons la junte à prendre conscience de la gravité de cette situation et à rectifier le tir » a-t-il fait savoir
Oyé Béavogui, le secrétaire général par intérim du PDG-RDA, a aussi manifesté son point de vue sur la nomination des chefs de quartiers. Il a dit que lorsqu’on a rendu publique cette décision, le PDG s’est démarqué pour dire que la démocratie progressiste de la Guinée ne peut se permettre d’adopter une telle logique
Selon lui, les chefs de quartiers étaient nommés sur la base d’une élection faite par les populations sous le règne de l’ancien président Ahmed Sékou Touré. Donc, ça ne sera pas le cas du régime de la transition. Il dit qu’on ne peut refuser ce droit au peuple de Guinée. Ils ont le plein choix d’élire les chefs de quartiers sur la base du mérite et non par affinité.
«l’exception peut-être que nous pourrons comprendre et admettre c’est que nous sommes dans une période transitoire et par conséquent le régime du CNRD a hérité d’une situation qui est notamment celle établie par le régime du RPG. Et à date, il faut comprendre que la plupart des chefs de quartiers qui étaient là, étaient non seulement nommés, d’autres élus par le régime du RPG. »
Si les opposants défendent leur intérêt politique, Sano Kaba, le chef de département Droit Public et Sciences politiques de l’Université Kofi Annan de Guinée revient sur l’intérêt de la nomination des chefs de quartiers.
« Les chefs de quartiers ou les responsables de districts joue un rôle important dans le processus électoral. D’abord vous le savez pour qu’il y ait des élections, pour établir le fichier électoral et pour mettre ce fichier en place, les chefs de quartiers jouent un rôle important, parce qu ‘ ils sont très proches des populations qui participent à la mise en place de ce fichier à travers l’enrôlement. Pour les élections à venir, ces chefs de quartiers ou chefs de districts vont jouer un rôle déterminant, comme étant une cellule de base pour le processus électoral pour les élections de façon très précise. Parce que ce sont eux qui vont distribuer les cartes, et coordonner les élections dans les différents quartiers. D’où l’importance d’installer ces structures » a expliqué Sano Kaba
Du point de vue juridique, Sano Kaba donne des précisions
« Le ministère fait partie de l’administration centrale et en dessous vous avez les gouverneurs qui sont des structures déconcentrées, donc plus proches de la population. Donc, on estime qu’ils sont mieux placés pour trouver des personnes ressources pour pouvoir assumer ces responsabilités. Si le ministre est au sommet, il n’est pas en mesure de savoir qui est capable ou ne l’est pas » a dit Sano Kaba
Par Fodé Touré pour couleurguinee