France: au procès de Nicolas Sarkozy, la justice se penche sur ses voyages en Libye fin 2005

Au procès sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy, les interrogatoires se poursuivent sur l’hypothèse d’un « pacte de corruption » noué fin 2005 entre l’ex-président français et Mouammar Kadhafi.

Mercredi 15 janvier, le tribunal s’est penché sur les voyages en Libye, à l’automne 2005, de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, et de Claude Guéant et Brice Hortefeux, à l’époque respectivement son directeur de cabinet et son ministre délégué aux Collectivités locales. Deux témoins en fonctions diplomatiques à Tripoli à l’époque, un ancien ambassadeur et un ex-commissaire, ont aussi été entendus.

L’ex-ambassadeur Jean-Luc Sibiube n’a aujourd’hui « aucun souvenir » de la visite de Claude Guéant en Libye. Une visite censée préparer celle de Nicolas Sarkozy, considérée, elle, comme « très importante » par les Libyens. Car ceux-ci étaient conscients d’avoir affaire à un potentiel futur président, souligne-t-il. À cette occasion, un bref aparté aurait eu lieu entre Nicolas Sarkozy et Mouammar Kadhafi sous la tente, indique l’autre témoin du jour, le commissaire.

Mais l’ex-ambassadeur affirme, lui, que les deux hommes se seraient éloignés pendant une trentaine de minutes pour « un entretien exclusivement privé », avec leurs interprètes. À l’époque, il n’avait pu en savoir plus, la traductrice française lui ayant opposé le secret professionnel. Pour l’accusation, c’est là qu’aurait été noué le pacte de corruption.

Parmi les contreparties envisagées, le parquet pointe le sort juridique d’Abdallah Senoussi, ex-patron des renseignements libyens, condamné à perpétuité en France. Or, Claude Guéant et Brice Hortefeux ont reconnu chacun l’avoir rencontré lors de leur visite. Ils affirment avoir été « piégés ».

« Mais il semble difficile, pour un ministre, d’ignorer qui était [Abdallah] Senoussi ? », demande un assesseur. « Oui, surtout quand on va en Libye », complète l’ambassadeur avec un sourire. Le diplomate souligne d’ailleurs que, pour lui, la visite de Brice Hortefeux n’était « pas banale » et l’avait d’autant plus « surpris » que « l’intérêt des Libyens pour les collectivités locales » – le portefeuille de Brice Hortefeux – était « plutôt limité ».

RFI