Une des salles de conférence de l’hôtel Palm Camayenne a servi de cadre ce samedi à la tenue du congrès national du bureau de l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen et au renouvellement de ses instances.
À l’ouverture de la cérémonie, Souleymane Bah, le président sortant a souhaité la bienvenue à ses hôtes et les a remerciés pour la mobilisation pour la mobilisation à ce congrès de l’OGDH. Il a retracé le périple de l’organisation depuis sa création en 1990, sans occulter les défis rencontrés pour sa reconnaissance officielle 5 ans après qu’elle a reçu son agrément.

« L’Organisation Guinéenne de défenses des Droits de l’Homme et du Citoyen avait été admise à la fédération internationale pour les droits humains et à l’union inter africaine des droits de l’Homme et du Peuple, où elle a d’ailleurs un statut d’observateur de la commission africaine des droits de l’homme et du peuple. Depuis lors, elle a connu des hauts et des bas. En matière de satisfaction, nous avons été récipiendaire du prix Roger Baldwin de la paix des États-Unis d’Amérique et nous avons été récipiendaires du prix courage pour l’engagement démocratique à Durban en Afrique du Sud. Elle a assuré la vice-présidence de la FIDH de 2001 à 2007 », a rappelé Souleymane Bah président sortant de l’OGDH
Me Amadou DS Bah, vice-président de l’OGDH a fait le bilan du rapport des activités réalisées. Il a rappelé qu’il y a eu le projet d’appui au renforcement d’accès à la justice des personnes vulnérables. Il ajoute que c’était un programme conjoint. Il a dit que pour la poursuite de cette activité, l’OGDH dit-il a couvert les zones Moyenne Guinée et la Basse Guinée et Même Droit pour Tous avait la Haute Guinée et la Guinée Forestière. Il a précisé que c’est ce fond des partenaires qui les ont permis de recruter les avocats pour défendre les personnes vulnérables.
Après ces laïus, place aux débats sur des questions d’accès à la justice et de traitement des dossiers des justiciables puisqu’il arrive parfois que des avocats se retrouvent dans des localités et lorsqu’ils sont sur place il peut y avoir des renvois de dossiers et cela peinent les avocats qui ne sont pas de la ville.

Pour répondre à cette préoccupation liée au aléas du métier d’avocat, Me Mamadou Souaré Diop le bâtonnier s’est exprimé.

« Malheureusement, le métier d’avocat n’est pas connu chez nous. Beaucoup pensent que l’avocat est un fonctionnaire. Non. L’avocat exerce un métier libéral, il n’est pas sous ordre. L’Etat ne peut pas l’affecter comme les magistrats.Donc, il ne pourra s’installer que là où il pourra gagner sa vie. Et vous savez mieux que moi, à l’intérieur du pays, ce n’est pas évident. Parce que tout est question d’activités économiques. Même dans la capitale, ici, il y a des avocats qui se cherchent. À un moment donné, il y en a qui ont voulu s’installer à l’intérieur. Même à Kindia, tout près, il y a quelques années, trois cabinets d’avocats avaient ouvert.Mais croyez-moi, ils n’ont pas pu tenir. Parce qu’il n’y a pas d’affaires. Et s’il n’y a pas d’affaires, ils ne peuvent pas rester. Alors, si vous regardez le ratio à travers le pays, c’est seulement dans les grands centres où il y a des activités économiques que des cabinets ont pu s’installer. C’est le cas de Kankan, où il y en a sept et quatre cabinets à N’Zérékoré. Mais en dehors, non. D’autres confrères avaient voulu s’installer à Gueckédou et à Kissidougou. Ils n’ont pas pu tenir. Aujourd’hui, si vous prenez le Sénégal, qui a quand même une tradition de droit plus que nous, ils n’ont pas plus de 500 avocats(..), a expliqué Me Mamadou Souaré Diop
Parlant de la procédure judiciaire, Me Mamadou Souaré Diop a dit que c’est une autre étape aussi dans le métier d’avocat. Il ajoute qu’il n’y a jamais d’acquis en matière de défense des droits humains.
« vous savez, la procédure judiciaire a ses aléas que personne ne maîtrise malheureusement, personne. On peut programmer une audience à Siguiri, les avocats arrivent, il y a un événement qui se produit, l’audience ne peut pas se tenir. Et il se trouve que les avocats ne peuvent pas attendre là, parce que chez nous, les renvois se font à huitaine quinzaine et ainsi de suite, il n’y a pas de renvoi de lendemain. C’est toujours une semaine ou plus, les renvois. Et les avocats ne peuvent pas attendre tout ce temps-là. Donc, le problème que vous posez, il est vraiment entier. Certes, il y a un nombre insuffisants d’avocats comme les gens l’estiment, mais également, il n’y a pas de magistrats » a-t-il révélé.
Aimé Kakolo Ntumba, le Représentant du Haut Commissaire de l’ONU Droit de l’Homme en Guinée a dit que ses prédécesseurs se sont découragés par rapport au financement de l’assistance légale, soutient-il que ces derniers n’ont pas en effet constaté un impact positif. Selon sa compréhension de la chose dit-il et fait fuir les partenaires à s’investir alors que les retombées sont très importantes aux yeux des partenaires techniques et financiers. Il a fait savoir que l’OGDH doit se battre pour relever ce défis.

Après ces moments de réflexion et de partage, une commission électorale a été constituée pour procéder à l’organisation des élections pour meubler les différents postes à pourvoir au sein du bureau.
Au poste de président Me Amadou DS Bah s’est porté volontaire et il a été élu par voie d’acclamation.
Souleymane Bah, le président sortant lui a passé le flambeau pour diriger le bureau de l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen.
En prenant la parole cette fois-ci en qualité de président, Me Amadou DS Bah s’est dit satisfait et honoré de la confiance placée en lui. Il dit qu’il est conscient de la lourde tâche à accomplir et qu’il mesure l’étendue de cette responsabilité que cela impliquerait surtout dans un contexte où les principes fondamentaux d’une démocratie sont en mis en cause.

Pour sa part, c’est le lieu et le moment de s’engager à faire preuve de dynamisme plus que jamais. Il a également désigné Souleymane Bah comme le président d’honneur de l’OGDH.
Souleymane Bah le président sortant a exprimé sa satisfaction dans la mesure dit-il qu’il est conscient que les anciens doivent passer la main aux jeunes afin qu’ils apprennent eux aussi à assurer la relève. « Donc, si cela est acquis, c’est le moment de se retirer » lance-t-il.
« Nous défenseurs des droits de l’homme, chaque fois nous reprochons à nos gouvernants de s’éterniser au pouvoir. C’est une manière de donner l’exemple au pouvoir, pour qu’ils sachent qu’il n’y a pas qu’un seul Guinéen, il y a beaucoup de Guinéens qui ont le droit d’aspirer au pouvoir. L’alternance est l’une des caractéristiques de la démocratie. Parce que s’il n’y a pas d’alternance, ça finit par devenir une sorte de dictature. Donc, c’est ce que nous voulons éviter. C’est l’exemple que nous donnons au pouvoir, pour qu’il ne s’éternise pas au pouvoir. Nous sommes sûrs que ceux qui nous ont mis à notre place pourront supporter et jouer le rôle que nous leur avons appris à jouer, à savoir défendre, protéger et promouvoir les droits de l’homme dans notre pays. Vous avez suivi tout à l’heure, le bureau entrant a fait de moi le président d’honneur. C’est pour vous dire que nous sommes là, on n’est pas loin, on n’ira pas loin. Nous serons là encore à leurs côtés pour essayer de les accompagner. Donc, nous continuerons à lutter toujours pour que le respect des droits de l’homme soit une réalité dans notre pays » a-t-il conclu.
La remise de satisfecit aux partenaires techniques et financiers pour une marque de reconnaissance en faveur de la lutte pour la Défense des droits humains et la photo de famille ont mis fin au congrès national de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme et du Citoyen.
Ci-dessous la composition du nouveau bureau
Président : Me Amadou DS Bah ;
Vice-présidente : Hadja Aissatou Sow
Secrétaire général : Me Halimatou Camara ;
Chargé de protection et des affaires juridiques: Chaikou Baldé
Chargé de la promotion : Mamadou Bachir Diallo ;
Chargé de la question du genre : Hadja Djenab Fofana ;
Chargé à la communication et à l’organisation : Alseny Sall ;
Chargé de la trésorerie : Aboubacar Sylla ;
Coordinateur de la Basse-Guinée : Amadou Camara ;
Coordinateur de la Moyenne-Guinée : Idrissa Sampiring Diallo ;
Coordinateur de la Haute-Guinée : Bintou Mady Kaba ;
Coordinateur de la Guinée-Forestière : Me Théodore Michel Loua.
Fodé Touré, pour couleurguinee