Fête du 3 mai : l’Alliance des Médias pour les Droits Humains se fait voix

En prélude à la journée mondiale de la de la liberté de la presse, Chaikou Baldé, le président de l’Alliance des Médias pour les Droits Humains en Guinée a fait un état  des lieux de la situation de la presse guinéenne. Il a fait aussi des recommandations pour une promotion  de la liberté de presse en Guinée.

 

Lisez-dessous la déclaration !

 

La date du 03 Mai a été proclamée par les Nations Unies comme étant la journée mondiale de la liberté de la presse. La célébration de cette journée qui marque, par ailleurs, l’anniversaire de la Déclaration de Windhoek est une occasion pour sensibiliser sur l’importance de la liberté de la presse et rappeler à nos dirigeants leurs obligation de respecter et de faire respecter le droit à la liberté d’expression garantit par l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel notre pays, la république de Guinée est partie. En clair, le message du 03 mai est que les journalistes du monde entier doivent pouvoir exercer librement et sans crainte leur métier.  

Pour 2025, la journée mondiale de la liberté de lapresse est célébrée par les Nations Unies sous le thème : «  Informer dans un monde complexe : l’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et les médias »

En Guinée, la loi L002 sur la liberté de la presse et la charte de la transition qui sont des instruments juridiques nationaux garantissent toutes deux la liberté de la presse. A ce titre, nos autorités  ont l’obligation d’encadrer, de protéger et de garantir le droit à l’information et la liberté de la presse dans notre pays.

Qu’en est-il aujourd’hui de cette liberté de la presse en Guinée ?  

En Guinée, il importe de reconnaitre qu’en dépit des progrès accomplis, la presse guinéenne traverse actuellement une période particulièrement difficile pour ne pas dire critique de son évolution. Pour illustrer cette situation peu reluisante, nous citerons entre autres :

Le Kidnapping et la disparition d’Habib Marouane Camara depuis le 03 Décembre 2024 ;
La fermeture des médias de grande audience comme HADAFO Média (Radio et Télévision) ; Djoma Média (Radio et Télévision) et la RadioFIM FM  par arrêté ministériel, le 21 mai 2024;
Le Décrochage d’Evasion TV du Bouquet Canal + ;
Les restrictions imposées à Guinée-Matin et à d’autres sites d’informations ;  
La mise au chômage de plus de cinq cent (500)  journalistes et techniciens depuis près d’une année avec pour conséquences le délogement des familles, le décrochage scolaire des enfants et autres privations de moyens de subsistance pour des milliers de bouches à nourrir ;
Le départ en Exil forcé de certains journalistes craignant pour leur sécurité ;
Les agressions physiques, menaces et intimidations suivies de destructions de matériels de travail de plusieurs journalistes lors des manifestations sociopolitiques.

Pour corroborer ces faits, le Classement Mondial de la Liberté de la Presse 2025 de REPORTERS-SANS-FRONTIERES, positionne la GUINEE 103è sur 180 pays (contre 78 sur 180 en 2024), soit une perte de 25 places en l’espace d’une année.  On parle même de la plus grosse chute en termes de pays sur le continent.

Face à ces multiples violations des droits et libertés des journalistes, l’Alliance des Médias pour les Droits Humains en Guinée (AMDH), appelle :

I- Le Gouvernement :
Au respect des textes juridiques nationaux, régionaux et internationaux auxquels l’Etat Guinéen a souscrits en matière de protection des Droits Humains, notamment le droit à l’information et la liberté d’expression ;
A garantir davantage la sécurité des journalistes et particulièrement lors des manifestations sociopolitiques ;
A procéder à la restitution dans les meilleurs délais, des agréments des médias fermés en vue d’une reprise correcte et effective de leurs émissions pour le bonheur de leurs auditeurs et téléspectateurs ;
A mettre en place un fonds de soutien financier pour assister les journalistes et techniciens en détresse qui ont perdu leurs emplois ;
A mettre fin aux menaces, intimidations et harcèlements dont sont victimes certains journalistes dans l’exercice de leur métier ;
A diligenter les enquêtes pouvant conduire à retrouver Habib Marouane Camara et assurer son retour dans sa famille biologique et professionnelle ;
A garantir l’accès équitable aux informations et aux événements d’intérêt national à tous les médias publics et privés ;
A accélérer le processus devant aboutir à la signature de la convention collective pour les journalistes et techniciens des médias privés ;
A doter les journalistes et techniciens des médias publics d’un statut particulier ;
Enfin, à la promulgation de la loi L2020 portant droit d’accès à l’information publique en République de Guinée.  
II- Les Partenaires au développement
A maintenir leur élan de solidarité à l’égard de la presse guinéenne ;
A poursuivre leur appui technique et financier pour le renforcement des capacités techniques etprofessionnelles des hommes et femmes des médias guinéens.

En ces instants de ferveur, mais aussi de souvenir, nos pensées vont à nos confrères et consœurs palestiniens de Gaza qui luttent contre la mort pour avoir choisi de révéler au monde le génocide que subit leur peuple depuis le 07 octobre 2023. Sans oublier aussi ceux de la RDC, du Soudan et de l’Ukraine dont les pays sont en proie à des conflits armés.

Pour terminer, nous invitons le gouvernement à partager avec nous cette réflexion de l’écrivain français Albert Camus : « Une presse libre peut, bien sûr, être bonne ou mauvaise, mais sans liberté, elle ne pourra qu’être mauvaise ». Et à Nelson Mandela de renchérir : « la presse doit être utilisée comme un miroir que les personnalités publiques peuvent consulter pour voir si elles sont sur la bonne voie ».

Bonne fête à toutes et à tous.

Le Bureau Exécutif de l’AMDH.