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Du respect de la liberté d’expression dans la formation d’un espace public libre en Guinée (TRIBUNE de Dr Thierno Souleymane BARRY)  

Me Thierno Souleymane Barry vous invite à lire cette autre tribune qu’il a écrite.

Du respect de la liberté d’expression dans la formation d’un espace public libre en Guinée (TRIBUNE de Dr Thierno Souleymane BARRY)  

Mi-mai 2023. Constats d’interruption d’internet et autres atteintes graves à la liberté d’expression en Guinée. La réussite de cette transition, que nous appelons de tous nos vœux, toutes et tous, ne peut se faire avec l’économie des libertés fondamentales. Le besoin d’un espace public libre est vital. Dans la présente tribune, nous allons successivement traiter du constat du rétrécissement de l’espace public dans notre pays, de la place de la liberté d’expression dans la formation de cet espace public et de l’intérêt qu’il représente pour la refondation tant souhaitée pendant cette période de transition en Guinée.

Le constat d’un rétrécissement de l’espace public en Guinée

Pour revenir un peu en arrière, il est utile de rappeler que les thèses développementalistes des années 60 prônaient un pouvoir fort permettant de canaliser toutes les énergies nationales vers le développement du pays quitte à mettre entre parenthèses les droits et libertés. Ces thèses privilégiaient les droits économiques et sociaux au détriments des libertés politiques. A l’arrivée, nous nous sommes retrouvés avec la dictature du parti unique, la pauvreté et la confiscation des libertés, loin du développement tant projeté. De nos jours, de relents de même nature se font jour en soutenant que l’on peut mettre suspendre les libertés fondamentales pour réussir la transition. Pour notre part, il est plus qu’indispensable de restaurer l’autonomie de cet espace public nécessaire à l’éclosion de la démocratie en encadrant l’exercice des libertés qui lui donne corps, liberté d’opinion, liberté d’association, liberté d’association et autres.

La place de la liberté d’expression dans la formation d’un espace public en Guinée

Lors des transitions démocratiques des années 90, les revendications les plus profondes concernaient la liberté d’expression. La formation d’un esprit critique contre le monolithisme ambiant de l’époque est tributaire des journaux clandestins, des radios pirates et autres tracts. C’est la conquête de la liberté de parole qui a permis l’éclosion d’un pluralisme démocratique plus large en Guinée, qu’il soit syndical, politique ou autre. On a encore en souvenir les feuilles polycopiées appelant à plus d’ouverture démocratique qui circulaient sous le manteau dans les cafés, à Madina et dans les campus. De nos jours, point n’est besoin de souligner le rôle clé d’une presse libre dans la formation de l’opinion publique. L’Etat se doit d’être garant de cette liberté chèrement acquise en termes de soutien et de régulation et non de constituer un frein a son épanouissement.

L’intérêt d’un espace public libre pour une refondation réussie en Guinée

Par essence, une période de transition est une période charnière au cours de laquelle un pays passe d’un système à un autre et dans le cadre d’une transition démocratique, il s’agit d’un processus de changer fondamentalement un système de de déficit démocratique a un régime présentant toutes les caractéristiques de la démocratie dont les principes fondamentaux sont l’instauration d’un Etat de droit et le respect des libertés fondamentales. Nous vivons présentement cette période transitoire en Guinée. Les normes et les institutions devant régir le pays pour le futur doivent faire l’objet de consensus, consensus qui ne peut se former que par des citoyens jouissant de toutes leurs libertés. Tous les chantiers de la refondation ne peuvent aboutir et revêtir une légitimité que par le truchement d’un débat libre.

La Guinée a tout intérêt à fonder ses institutions et ses actions sur le respect des libertés fondamentales de ses citoyennes et citoyens.

                                                                                                                    Conakry, le 27 mai 2023  

-Juris Guineensis No 49.    

Me Thierno Souleymane BARRY, Ph.D 

Docteur en droit, Université Laval/Université de Sherbrooke (Canada)    

Professeur de droit, Consultant et Avocat à la Cour  

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