L’économiste Safayiou Diallo attire ici l’attention des décideurs sur les enjeux de la toute Labé- Mali- Kedougou. Lisez plutôt.
L’ objectif de cet article est d’attirer l’attention de l’autorité publique sur le rôle que jouent la route Labé-Mali-Kédougou (frontière avec le Sénégal) en matière de développement économique et social surtout pour les populations qui vivent aux alentours de cet axe.
Par ailleurs, il convient de rappeler que le développement de cette route dont le financement est déjà acquis (cas de Labé-Mali : 107 Km pour un coût total de 160,76 millions d’euros dont 1,2 millions d’euros supportés par l’Etat guinéen soit 0,7% et le reste par la BID) depuis plusieurs mois mais dont les travaux peinent encore à démarrer entraînera forcément un effet positif notamment sur les services de transports indispensables pour l’épanouissement humain.
Et pourtant, le développement économique tant rêvé rime avec des routes fiables et accessibles à tous les utilisateurs sans ambiguïté, gage de succès de toutes les activités qui sont amenées à être entreprises dans le pays.
L’isolement, voire, la marginalisation des populations ne profitent point à un État soucieux de l’atteinte de ces prévisions en matière de croissance. A travers des routes de qualité, l’on permet à une certaine catégorie de la population à mobilité réduite (femmes enceintes ou avec enfants, les personnes souffrant d’un handicap ou âgées, etc.) d’accéder plus largement à des moyens de transport adéquats.
Toutefois, nous pensons que pour le cas du tronçon Labé-Mali-Kédougou, ces questions sont déjà répondues puisque les recettes douanières qui seront perçues sur cette route ne seront pas des moindres car elles permettront à la Région Administrative de Labé d’accroître sa capacité de collecte des droits de douanes à l’image de Koundara qui relève de Boké. De plus, ce tronçon fait moins de 230 Km et cela jusqu’à Kédougou (frontière avec le Sénégal) contrairement à Labé-Koundara qui fait à minima les 250 Km (avec 25 km non bitumés). De plus, cette route est un véritable raccourci pour les usagers qui l’empruntent rarement à ce jour en raison de son mauvais état.
Autre fait marquant, c est l’identification d’une zone minière à Lébékéren où l’on a découvert tout récemment du ciment. De plus, Mali est spécialisé dans la production de la pomme de terre dont l’essentiel est dirigé de nos jours vers le Sénégal car, plus proche que Labé en raison du caractère non praticable de la route (en moyenne 4h pour 80 km). A cela s’ajoutent plusieurs autres points annexés tels que Gaya et Lébékeren (déjà cité) qui pratiquent énormément l’agriculture et l’élevage.
De plus, le bitumage de cette route aura un effet d’attraction des populations guinéennes vivant au Sénégal à travers les conditions climatiques très favorables. Tout ceci peut entraîner le développement du tourisme mais aussi la construction d’hôtels de qualité pour accueillir les éventuels visiteurs.
Nos échanges avec des citoyens qui pratiquent parfois cette zone ont démontré qu’un commerçant qui importe ne serait-ce que du lait du Sénégal supporte moins de charges (en moyenne GNF 50 000 000) qu’un autre qui le fait tout en passant par Conakry. Tout ceci est favorable à une stabilité des prix. Ce n’est pas pour rien que nous avons longtemps remarqué que certains produits vendus à Yembering coûtent moins chers que ceux pratiqués dans d’autres villes de la Guinée en raison de sa proximité avec le Sénégal qui jouit d’un taux de change fixe.
Par ailleurs, étant donné que ce projet est un projet financé conjointement par l’Etat et le bailleur de fonds (BID), il nécessite non seulement d’importants coûts sociaux (impôts, taxes fiscale et parafiscale), mais aussi et surtout une période d’amortissement en raison du calcul économique qui doit être effectué sinon les fonds libérés pour réaliser l’infrastructure aura des effets nuls, non avenus, sans fondement et participera à pénaliser le pays dans sa perspective de croissance économique. Nous autres bénéficiaires de ce projet devront savoir que l’Etat constituera une provision afin de faire face à la détérioration de la route.
Cette provision résultera forcément des montants perçus sous forme de taxes sur les entreprises et les personnes physiques qui prendront cette route.
Pour ne pas abuser du temps si précieux du lecteur, nous pensons que cette route à l’image de tant d’autres mérite d’être bitumée pour l’intérêt des populations mais aussi de l’Etat qui a plus d’avantage à le faire. Cette route fait partie de ce patrimoine que nous avons dans ce beau pays. Elle a un effet transnational.
Nous devons l’entretenir collectivement car elle participe de son mieux au développement économique du pays mais aussi à la lutte contre la pauvreté qui ne fait gagner du terrain et cela malgré l’augmentation du revenu moyen du guinéen (cf. récent classement de la Guinée par la Banque mondiale comme PFR tranche inférieure).
Par Safayiou DIALLO,
Citoyen guinéen