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vendredi, novembre 22, 2024

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Editorial : Les médias privés guinéens dans l’œil du cyclone  

Habib Yembering Diallo, éditorialiste rompu à la tâche revient avec cette autre réflexion sur la situation actuelle de la presse guinéenne. 

 Les médias privés guinéens traversent une véritable zone de turbulence. Tous sont dans l’œil du cyclone. Les radios privées en particulier sont dans la gueule du loup. Lequel est prêt à les dévorer sans autre forme de procès. Du moins celles d’entre elles qui sont jalouses de leur indépendance.

Un certain nombre d’actes posés par les princes qui nous gouvernent sont la preuve on ne peut plus éloquente. Parmi ces actes, le brouillage des ondes ou, et c’est la nouveauté, le retrait de certaines stations de radios et de TV sur le bouquet canal plus sur injonction de la Haute autorité de la communication.

Cette situation déplorable est la preuve qu’en matière de démocratie et de liberté, rien n’est définitivement acquis. Tout est relatif.  Parce que le plus pessimiste des Guinéens ne pouvait parier sur cette chape de plomb qui s’abat sur les médias privés. Lesquels ont fabriqué leurs bourreaux. La plupart de ceux qui se sont illustrés ces dernières années dans l’obsession de museler la presse étaient des inconnus du grand public guinéen. Ce sont les médias qui les ont sortis de l’ombre pour en faire des célébrités. Une fois au sommet de leur gloire, ils ne peuvent plus s’accommoder des voix discordantes.

Contre toute attente donc, la Guinée se retrouve dans une situation plutôt atypique. La trilogie, classe politique, société civile et syndicat, qui avait donné de l’insomnie aux différents régimes qui se sont succédé au palais ces 30 dernières années, avait fait de la libéralisation des ondes une revendication non négociable. Un général de l’armée guinéenne y a lâché du lest. Devenant non seulement celui qui a instauré le multipartisme en Guinée mais aussi la pluralité des ondes. Cet officier n’est autre que Lansana Conté.

Depuis 18 ans, l’apocalypse prévue et prédit par les prophètes des malheurs ne s’est pas produite. Ils nous avaient dit que la libéralisation des ondes devait diviser les Guinéens et jeter de l’huile sur le feu. Rien n’en a été. Le président Conté n’avait accédé à la libéralisation qu’après l’engagement et l’assurance donnés par certains hommes de confiance qui avaient fait de cette libéralisation un point d’honneur.

Les premières radios privées, qui ont commencé à émettre en 2005, ont atteint leur majorité de 18 ans. Devenant de plus en plus la sentinelle de la démocratie et de l’Etat de droit. C’est à ce moment précis que les nouveaux princes qui nous gouvernent veulent nous ramener dans la période la plus sombre de l’après-guerre. La période pendant laquelle l’Union Soviétique ou l’Allemagne de l’Est brouillaient les ondes pour empêcher leurs concitoyens d’écouter la voix de l’Amérique, la BBC ou encore la Deutsche Welle.

On pourrait donc se demander ce que le Guinéen a fait au Créateur pour mériter et hériter une telle situation ? Si la traversée du désert à laquelle les médias privés guinéens sont confrontés devaient continuer, l’histoire retiendra que c’est un officier qui a tenté de remettre en cause les acquis obtenus de haute lutte avec un autre officier. Car c’est une tentative qui est vouée à l’échec.

Ce qui ne serait ni honorable encore moins pardonnable pour l’actuel locataire du palais Mohamed V. Il faudrait donc changer de fusil d’épaule. Pour savoir que le meilleur ami n’est pas forcément celui qui encourage à le chef à faire taire les voix dissonantes. On ne le répétera jamais assez, les thurifères d’aujourd’hui sont et seront toujours les pourfendeurs de demain.

Habib Yembering Diallo

Habib Yembering DIALLO

Journaliste-écrivain

Tél: +224 621 22 14 14 / 664 27 27 47

Conakry, Guinée

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