Conakry : des nuits blanches dans les stations en quête de carburant

La crise sur le carburant offre des spectacles jugés incroyables les nuits dans les stations services à Conakry. On y voit des files des motos, de taxis et des voitures communément appelées  » personnels » en rangs serrés. Les propriétaires passent ainsi des nuits blanches, à la belle étoile, dans l’espoir de s’approvisionner en essence ou en gasoil le matin.
Hier nuit,  du rond point T10 à celui de la T7 en passant par la Cimenterie et la T8 la plupart des stations étaient assiégées.
A la transversale numéro 10 à 20h, c’était un vrai spectacle. A 20h 57minutes, nous avons trouvé un citoyen qui dit avoir passé plusieurs nuits à la T10 dans l’espoir d’avoir le carburant. Ça n’a pas marché. Et il a changé de station. Pour tenter sa chance à une station située non loin de la transversale numéro 8.

« Je suis venu pour passer la nuit à la station. Parce que je suis à mon 3ème jour aujourd’hui. Je suis sorti aujourd’hui à 4h du matin pour avoir le carburant. Je suis allé à la station T10 où il y avait une foule. Nous y avons passé la moitié de la journée sans avoir le carburant. Demain, nous devons aller à l’Eglise. C’est pourquoi je cherche actuellement le carburant. Quand nous y étions, on a rencontré beaucoup de difficultés. Parce que la demande est trop, ça fait que nous n’avons pas eu de carburant » se plaignait Tamba Jérôme Kamano.
Cette dernière journée à la T10, Tamba dit avoir vécu beaucoup de choses. Mais ce qui marque l’esprit, c’est la magouille entretenue par des citoyens et des agents de la défense et de sécurité.

« Les pompistes et les gérants avaient la volonté de servir le carburant. A notre arrivée à 4h, nous avions trouvé des gens à la station. Le matin, tout était organisé. Mais à l’arrivée, des agents de la police et de la gendarmerie ont commencé à faire la pagaille er ça a dégénéré. Les uns venaient avec leurs engins personnels, et d’autres négociaient  avec des jeunes qui viennent d’arriver. C’est la source de tous les problèmes. Ils se sont révoltés. Finalement, vers 15h, le gérant principal a décidé de fermer la station » narre ce citoyen.
Contrairement aux stations services visitées dans un premier temps, nous avons trouvé que la station Shell située non loin du rond point T8 travaille avec la supervision d’un pick-up de la gendarmerie. Un citoyens trouvé là a dit qu’il a un espoir de rentrer avec quelques litres d’essence.

« Nous sommes là à la recherche du carburant. Nous avons appris que cette station allait s’approvisionner ce soir. Dans l’espoir d’avoir quelques litres ici, je suis venu. Ils nous ont dits de nous organiser. Et que si nous nous organisons, ils vont nous servir » explique Abdoulaye Diallo.
Alhassane Diallo aussi sur place continue d’attendre de l’autre côté de la transversale numéro 7. Il a dit qu’il préfère rester dans les rangs que de se déplacer et ne pas avoir du carburant. Car, sinon, il se verra remplacer par un autre et ne pourra plus rien espérer

« Dans tout Conakry, c’est la seule station qui travaille actuellement. Si tu te déplaces, quelqu’un d’autre va te remplacer. Si tu ne gagnes pas là-bas, tu es double perdant. Tu n’as pas eu et tu n’auras plus ta place. Pour que tu aies la chance d’avoir tôt le matin » conseiile-t-il.
Au moment où nous quittions la station Shell qui travaillait hier nuit à la T7, des motos avaient déjà été servies. Ici,  l’ordre régnait.
Par Djibril Timbo Barry pour couleurguinee.com.