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vendredi, novembre 22, 2024

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Fête des travailleurs ou perte de confiance dans un contexte de ralentissement économique et de cherté de la vie. Et si on célébrait une denrée très rare en Guinée

L’ économiste Safayiou Diallo aborde dans cette analyse ce qu’il pense de la célébration de la fête internationale du travail. 

Nous célébrons le travail cette autre année dans un contexte marqué par une inquiétude grandissante face à un lendemain assez douteux. Nul besoin d’être un expert pour se rendre compte du ralentissement de l’activité économique qui s’expliquerait en partie par le départ de plusieurs entrepreneurs du secteur informel, qui offraient plus de liquidité aux banques vers Nicaragua ou encore d’autres destinations, de l’attentisme née de la transition, de la baisse de la demande en raison de l’accroissement des inégalités de revenus qui ne font que s’accroitre etc…

Au lieu de célébrer cette journée ici en Guinée, nous devrions plutôt la mettre à profit pour toucher du doigt la situation du chômage. Suivant le Bulletin trimestriel des statistiques du marché du travail au 2ème trimestre 2023, « les créations d’entreprises ont connu une baisse de (-17,6%) au 2ème trimestre 2023 après une augmentation de 27,6% au trimestre précédent, pour s’établir à 4 131 entreprises créées. Au 2ème trimestre 2023, 1 304 demandeurs d’emploi se sont faits enregistrer auprès de l’AGUIPE et des agences privées de placement, en baisse par rapport au 1er trimestre 2023. L’AGUIPE et les agences privées de placement et d’intérim ont reçu 208 offres d’emplois et ont réalisé 144 embauches dont 95 hommes. Les embauches ont baissé de 57,1%, après 37,3% au trimestre précédent. Au 2ème trimestre 2023, 3 469 salariés ont été déclarés à la CNSS, soit une baisse de 5,2% par rapport au 1 er trimestre 2023 ».

A la lecture de ces chiffres, l’on se rend compte de la situation gravissime qui sans action majeure risque de se détériorer d’année en année.  Nul besoin de démontrer ne serait-ce que le contraste entre demandeurs d’emploi (1 304 personnes) et offres d’emploi (208). De plus, même s’il y a offre nous savons tous d’avance que la plupart des postes sont déjà pourvus ou réservés à des parents ou proches alors que les appels d’offres ou intentions formulées ne sont que des feux de pailles. Ce n’est pas pour rien que bon nombre des jeunes guinéens estiment de nos jours que leur avenir est ailleurs et non ici, car pour eux le principe décliné par le Professeur Joseph Stiglitz des 1% des riches qui continuent de s’enrichir et des 99% des pauvres qui continuent de s’appauvrir ne fait que s’accentuer. Cela me rappelle un peu la fameuse phrase du Professeur Kako Nubukpo selon laquelle je le cite : »  j’ai comme l’impression qu’en Afrique, on vit deux (2) histoires : les riches vivent leur histoire à part et les pauvres aussi ».  Tout ceci met un accent particulier sur les inégalités de revenus.  

Pour ma part, je pense que durant cette journée, l’on doit privilégier la rencontre entre jeunes demandeurs d’emplois et les entreprises. En accueillant ces jeunes qui attendent désespérément qu’on leur ouvre la porte, on pourrait leur redonner une lueur d’espoir. De plus, cette rencontre pourrait susciter d’autres rencontres qui aboutiront éventuellement à des offres de stages ou des contrats de travail. De même, elle pourrait également être une occasion pour les employeurs de dénicher des nouveaux talents mais aussi et surtout de faire la promotion de leurs produits qu’ils proposent à une clientèle variée.

De l’autre côté, cette journée devrait ainsi permettre d’ouvrir un vaste chantier sur ce que l’Etat guinéen pourrait faire pour maintenir ne serait-ce que les emplois créés.  De plus, les syndicalistes devraient saisir cette occasion pour trouver les voies et moyens d’engager des réformes novatrices dans les relations professionnelles avec les employeurs à travers un nouveau contrat social fondé sur un partenariat de plus en plus responsable.

Nul besoin de rappeler que le Covid-19, nous a montré la voie à suivre tout en rappelant qu’il est important d’investir dans le secteur de la santé qui permettra à moyen terme de renflouer la trésorerie essentielle au développement économique et éviter ainsi aux guinéens de se rendre à tout moment dans les pays voisins et parfois même lointains pour des soins sanitaires. Cet investissement permettra également aux jeunes dont 50% ont moins de 30 ans (cf. enquête démographique réalisée en 2016 par le Ministère du Plan) de trouver une opportunité d’emploi car, le chômage est un phénomène structurel qui frappe davantage les personnes âgées de 20 à 29 ans et surtout ceux diplômés.

En somme, dans un pays comme la Guinée, les perspectives et le modèle de développement économique, social et politique des décennies prochaines dépendront notamment de notre aptitude à créer un nombre suffisant d’emplois décents, susceptible de réduire le chômage et la pauvreté. De nos jours, s’attaquer à la problématique du chômage semble être indispensable en République de Guinée car, les jeunes sont les plus concernés par ce phénomène. Ils sont soit sans emploi, soit cantonnés dans des emplois très peu rémunérés, voire pas du tout rémunérés, appartenant souvent au secteur de l’économie informelle où les heures et les conditions de travail sont inacceptables…

 

Par Safayiou DIALLO

Economiste

 

 

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Bien Cordialement

Safayiou DIALLO

Économiste.

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