Le 28 septembre dernier, le commissariat central de Sonfonia a mis le grappin sur un présumé auteur d’harcèlement, d’injures, de diffusion d’images à caractère obscène et de menaces contre de nombreuses filles et femmes.
L’homme a reconnu les faits à la police avant de passer aux mêmes aveux devant un procureur le 1er octobre dernier. Lequel l’a mis en détention provisoire en attendant son procès.
Le décor
La plaignante, qui préfère garder l’anonymat, est diplômée de l’université guinéenne. Elle est à l’abri du petit besoin et réputée être très pieuse par ses proches. La trentaine, cette dame, affirme avoir reçu, fin août, plusieurs appels de numéros différents. Lorsqu’elle demande à son interlocuteur c’est qui, celui-ci répond sèchement « tu le sauras après ». Ces appels étaient devenus si fréquents que la dame dit avoir voulu jeter son téléphone. Et pour ne rien arranger, le 25 août un inconnu lui envoie des images pornographiques par WhatsApp. Cette fois jugeant la situation très sérieuse, elle bloque le numéro et explique à son mari ce qui s’est passé. Celui-ci lui suggère de débloquer le numéro afin de pouvoir identifier l’auteur et éventuellement savoir quelles sont ses intentions.
Après avoir débloqué le numéro, elle envoie à l’inconnu l’image d’un lavage mortuaire dans l’espoir que cela puisse le sensibiliser et le dissuader. Peine perdue. La personne continue à lui envoyer des images obscènes d’une rare violence. Le 3 septembre, elle décide de porter plainte contre X au commissariat urbain de Kagbelen dans la banlieue de Conakry. Au regard du double caractère de cette affaire – à la fois genre et mœurs – les policiers orientent la dame vers l’Office de protection du genre et des mœurs (OPROGEM) où elle porte plainte le 4 septembre.
Ce service introduit une requête pour obtenir l’historique des appels du numéro incriminé. Pour leur permettre d’avoir des indices précis, les policiers demandent à la dame de « coopérer » en répondant favorablement aux appels et messages de son harceleur. Elle estime que c’est la mort dans l’âme qu’elle obtempère à cette demande de la police. Selon la dame, un officier de l’OPROGEM lui a demandé de dire à son harceleur de lui envoyer des crédits d’appels. Ironie du sort, le numéro utilisé pour envoyer ces crédits est celui d’un jeune homme qui exerce cette activité devant le bâtiment où habite la dame.
Le prédateur de la volaille n’est pas loin de basse-cour
Le seul fait de savoir que son harceleur pourrait être un voisin rend la dame plus angoissée. Elle dit avoir souffert d’anxiété et d’insomnie pendant plusieurs nuits. A ses yeux, tout le monde était désormais un potentiel agresseur. Sachant que celui qui fait un transfert crédit peut offrir son service à des centaines de personnes par jour, la police évite d’interpeller le jeune pour ne pas brouiller les pistes. L’enquête se poursuit. Mais la dame, complétement affolée, trouve qu’elle n’avance pas vite. Le 23 septembre, elle se tourne vers le commissariat central de Sonfonia qui, selon les informations qu’elle a reçues, dispose d’un service de géolocalisation jugé très performant. La suite ne démentira pas ces informations.
Comme dit le dicton, le voleur gagne 9 fois et sa victime une fois. En un temps record, tous les appels sortants et entrants du numéro incriminé sont disponibles. Le 27 septembre, un jeune homme est interpellé. Lequel indique que l’un des numéros appartient à un de ses amis. Lequel est cueilli à son tour. Mais à la surprise générale, pendant que les deux hommes sont en interrogatoire au commissariat, l’inconnu continue à narguer la dame. Il lui envoie des injures et des images indécentes. C’est l’impasse. Le lieutenant Mamadou Saliou Diallo, du service géolocalisation, ne sait plus où donner la tête. Mais il ne désarme pas.
Le rendez-vous de tous les risques
La police change de stratégie. Elle dit à la femme que si elle veut mettre fin à son calvaire, il faut qu’elle joue le jeu. En répondant favorablement aux nombreuses sollicitations de rendez-vous de celui qui pollue sa vie depuis plus d’un mois. Ce rendez-vous est fixé pour le 28 septembre à 19h à Cosa. La dame est discrètement accompagnée par une policière en civile. Une fois au lieu du rendez-vous, cette dernière sollicite un coup de main de ses collègues.
Après plus d’une heure d’attente sous une pluie battante, les deux dames veulent rentrer. Juste après, le bonhomme fait signe de vie par un message. Apparemment sur ses gardes, il envoie un taxi-moto pour lui apporter le « butin ». Le taximan est maitrisé par les agents. Lesquels lui expliquent que s’il coopère, il n’a rien à craindre. Il prend la dame sur sa moto, escortée par des policiers. Arrivé au niveau de carrefour Cirage à Koloma, le fameux taximan appelle son « grand » pour lui dire qu’il a accompli la mission. Ce dernier sort de sa cachette, se dirige vers sa moto où sa victime devait monter. C’est là que les agents surgissent pour le menotter.
Conduit au commissariat central de Sonfonia, le jeune homme reconnait les faits. Il indique avoir ramassé par terre une SIM dans laquelle se trouvait le numéro de la dame qu’il dit ne pas connaître. Son téléphone contiendrait, selon la police, deux comptes WhatsApp bien codés et de très nombreuses images à caractère obscène. En outre, il s’avère qu’il s’était présenté à la dame sous une fausse identité. Le cerveau de la mésaventure de la dame formellement identité et interpellé, les deux autres suspects sont libérés le 30 septembre.
Obsession sexuelle ou crime organisé ?
L’homme agit-il en bande organisée, s’agit-il d’un simple obsédé sexuel ou un proxénète ? C’est à ces interrogations que le procès devra apporter des réponses. En attendant, la plaignante salue la promptitude et le professionnalisme avec lesquels le service de géolocalisation du commissariat central de Sonfonia a mis fin à son calvaire.
Aux grands maux les grands remèdes
Dans un monde où plus rien ne semble arrêter l’avancée technologique, chaque entité cherche à s’adapter. Et à se perfectionner. Les criminels et autres bandits de tout acabit ne sont pas en reste. Les nouvelles technologies en général, et les réseaux sociaux en particulier, sont devenus une aubaine pour eux. En face, les services de sécurité, tout aussi déterminés à protéger les citoyens, savent qu’aux grands maux il faut les grands remèdes. Ils s’adaptent et innovent pour traquer les malfaiteurs. C’est pour le besoin de la cause que certains commissariats de police ou poste de gendarmerie sont désormais dotés d’un service de géolocalisation.
Objectif, procéder au traçage, à l’identification et à l’interpellation des auteurs d’infractions relatives à la cybercriminalité. En la matière, le commissariat central de Sonfonia – Conakry- s’illustre remarquablement. Pour rappel, c’est ledit commissariat qui a mis le grappin sur les présumés auteurs de l’assassinat d’Elhadj Hassimiou Diallo, dans la nuit du 29 au 30 août dernier au quartier Kobaya à Conakry. Ce commissariat ne recule devant aucun obstacle. Son responsable géolocalisation, le lieutenant Mamadou Saliou Diallo, est devenu un cauchemar pour les hors la loi.
Habib Yembering Diallo