Dossier Kassory Fofana : la Crief décide de se rendre à son chevet avant toute décision

L’ audition de Ibrahima Kassory Fofana, ancien premier ministre, s’est poursuivie ce lundi 09 décembre 2024, devant la chambre de jugement de la Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières. Il était question pour les trois médecins qui ont effectué la contre-expertise médicale d’éclairer les lanternes de la cour sur l’Etat de santé réel de l’ancien premier afin qu’elle se détermine en toute connaissance de cause sur l’éventualité d’accorder ou pas une évacuation sanitaire à l’ancien Premier ministre de Alpha Condé

Yacouba Conté, le président de la Cour a pris le dossier de la contre expertise médicale relatif à l’état de santé de Ibrahima Kassory Fofana. Dans sa lecture, il a fait savoir qu’il a été ordonné le 04 décembre dernier que ces médecins se prononcent sur ce dossier au terme d’une expertise pointue.

Le juge Yacouba Conté a appelé les trois médecins qui ont effectué la contre-expertise médicale à la barre.
Ces médecins ont pris la parole à tour de rôle pour indiquer le centre approprié pour examiner le malade Ibrahima Kassory Fofana. Ces médecins sont: Dr Deniz Bernard Raich, Directeur général de l’hôpital CHU-Donka, Dr Mamadou Saliou Diallo et Pr Fodé Lansana Camara.

Puis le président Yacouba Conté a donné la parole à ces médecins pour qu’ils s’expliquent. Devant la barre, le Directeur général de l’hôpital Donka a donné le coup d’envoi des explications.

« Après avoir étudié le dossier de Ibrahima Kassory Fofana, nous avons échangé avec le Médecin traitant. Après diagnostic, nous avons compris que le plateau technique de l’hôpital Donka n’est pas apte à examiner davantage le cas du patient » a fait savoir Dr Denis Bernard Raich

Mamadou Salifou Diallo, a répondu aux questions de la Cour, en faisant entendre qu’ils ont procédé à la contre expertise médicale. Il a dit qu’ils ont observé le patient. Il a souligné qu’au moment de l’examen, ils ont essayé de le faire asseoir mais c’était un échec. Il a fait savoir qu’il était conscient et lucide pendant le diagnostic préliminaire.

« Nous n’avons pas ce service d’investigation à Donka. Il y a un ensemble de préalables. Nous nous sommes rendus à l’évidence de faire le diagnostic. Mais le plateau technique de l’hôpital Donka ne nous permet pas de réaliser un examen complet.

Et pour renchérir, le Pr Agrégé Fodé Lansana Camara a expliqué qu’ils ne peuvent aller au-delà de ce que la Cour a demandé.

« C’est un grand honneur de répondre à vos préoccupations. Effectivement l’approche clinique a été observée. L’examen physique du patient ne nous a pas permis d’aboutir à un diagnostic complet. Nous ne maîtrisons que le plateau technique de l’hôpital Donka. Le plateau technique de l’hôpital ne peut pas réaliser un diagnostic colposcopique. C’est un examen du gros intestin. C’est pourquoi nous avons parlé du bilan de suivi. Comme relaté dans le rapport dans son volet examen médical. Le jour de l’examen le 02 novembre, nous avons trouvé le patient conscient. Nous avons examiné le patient. Nous l’avons interrogé. Et il répondait. Mais les questions qui n’ont pas été répondues par le patient, étaient répondues par le médecin traitant. Mais il était effectivement conscient et lucide. Nous avons tenté de le faire asseoir pour qu’il soit examiné mais ça a été un échec. Parce qu’il se tordait de douleur »  a expliqué Pr Fodé Lansana Camara

Me Aminata Kaba, représentant du Ministère public a quant à lui demandé aux médecins d’indiquer le centre approprié. Ces derniers ont insisté sur le fait qu’ils ne maîtrisent pas la technique de l’hôpital Donka. Ils ont largement souligné que le territoire d’exercice se limite dans l’enceinte de l’hôpital Donka.

Puis, Me Sidiki Bérété, a demandé aux médecins d’indiquer selon leur rapport médical si effectivement Ibrahima Kassory Fofana est malade ou pas. Tout au long de son intervention, il n’a cessé de leur poser la question pour éclairer la Cour sur l’état de santé de son client. Il a fait savoir que ces médecins ont déclaré qu’au moment du constat, le patient était conscient. Et pourtant Me Bérété a fait remarquer qu’il n’a jamais dit à la Cour que son client souffrait d’un problème mental.

Me Dinah Sampil a félicité ses médecins pour  la qualité du rapport qui a été présenté concernant l’état de santé de Kassory Fofana. Puis il les a interrogés sur la pathologie dont souffre le patient. Il leur a demandé s’ils ont traité des cas similaires. Pr Mamadou Saliou Diallo a insisté en disant que le plateau technique de l’hôpital Donka n’est pas en mesure d’examiner de plus près le cas du patient.

Après avoir écouté les médecins, Me Sidiki Bérété dit avoir des observations sur le cas de Ibrahima Kassory Fofana. Il a plaidé pour que la Cour accorde le bénéfice du doute à son client pour qu’il aille se faire soigner à l’étranger. Il a fait remarquer que Dr Mamadou Salifou Diallo est au courant qu’on ne pourra pas soigner Ibrahima Kassory Fofana en Guinée. Selon lui, il n’y  a pas de centre approprié lui permettant de suivre le traitement efficace.

« Je ne remets pas en doute la moralité de la Cour. Kassory est malade. Si on ne se mobilise pas, on va perdre Kassory. Autorisez l’évacuation de Ibrahima Kassory Fofana pour qu’il aille se faire soigner. Nous vous demandons de lui sauver la vie. Constatant qu’il n’ya pas de centre médical en Guinée. Sachez que quelle que soit la force d’un individu, quand l n’est pas en bonne santé. Il est épuisé. Donc comprenez que rien ne vaut pas la santé », a plaidé  Me Bérété

Me Dinah Sampil a supplié la Cour d’accorder à l’ancien dignitaire le privilège d’aller se soigner pour ne pas qu’il meurt. Il a dit que le Président de la Cour ne peut rester sans rien faire. Puis regretter enfin de compte alors qu’il pouvait faire quelques chose.

Yacouba Conté a écouté la requête des avocats de Ibrahima Kassory Fofana. Il a dit à Me Amiata Kaba, représentant du Ministère public de dire ce qu’il en pense. Me Amiata Kaba a dit qu’il se remet à la décision de la Cour.

Le président Yacouba Conté a interrogé Me Ibrahima Kalil Camara, représentant de la partie civile, également agent judiciaire de l’Etat. Me Ibrahima Kalil Camara a dit qu’il s’en remet à la sagesse de la cour dans cette affaire. Il a tenu précisé que la Cour devra penser à l’intérêt de l’Etat.

À entendre le mot intérêt de l’Etat, Me Sidiki Bérété a rétorqué en disant de penser d’abord à sauver la vie au lieu de réclamer les intérêts. Pour lui, la vie n’a pas de prix. Donc il faut à tout prix sauver une vie.

Après avoir écouté toutes les parties, Yacouba Conté, le président de la chambre de jugement de la CRIEF a dit que la Cour va se rendre demain mardi au chevet de Ibrahima Kassory Fofana, à la clinique Ambroise Parée pour faire un constat.

L’audience est renvoyé au mercredi 11 décembre 2024, pour décision finale s’il faut l’évacuer ou pas.

Par Fodé Touré pour couleurguinee.com