Au marché de Bonfi, dans la Commune de Matam, le commerce de fruits se porte comme un charme. Les matins, plusieurs fruits provenant de l’intérieur du pays sont débarqués là. Vous avez le choix entre les bananes, les mangues, les oranges, l’ananas, les pastèques, les goyaves , les papayes, les mandarines, les grenadines et autres.
Ce même commerce prospère à différents carrefours et ruelles de Conakry. Les fruits locaux ont cependant un concurrent de taille, il s’agit des fruits importés du Nord et du sud du continent africain. Ils sont soigneusement classés en étagères sur des étals. Ces fruits exotiques viennent compléter le décor. Ils répondent à la demande croissante des consommateurs de fruits, friands de saveurs diversifiées.
Ce qui démontre selon certains la richesse de la biodiversité de la Guinée . Des interactions se passent entre vendeurs et acheteurs autour du prix de ces deux variétés de fruits proposées.
Sur le marché, les fruits locaux sont perçus par certains acheteurs tout comme chez les vendeurs comme des produits de qualités, parce qu’ils sont naturels et ne contiennent pas d’OGM ( Organismes génétiquement modifiés. En plus, ils sont moins chers.
» Je revends des produits cultivés dans le pays car ceux qui sont importés sont peu appréciés par mes clients. Parfois, la récolte n’est pas favorable. Ce qui m’amène à augmenter le prix. Actuellement, beaucoup de jeunes ne s’intéressent pas à l’agriculture. Donc, il y a moins de production qu’avant. J’invite mes frères Guinéens à embrasser cette activité pour l’accroissement de l’économie nationale » conseille Madeleine Komassa koïvogui, vendeuse de banane
Kankou Sylla vendeuse d’orange, accuse les frais de transport de ces fruits qu’elle juge chers et le manque de fruits à l’intérieur
» les oranges d’ici sont juteuses et faciles à trouver. Je rencontre parfois des problèmes au niveau des moyens de déplacement. Et puis certains animaux ont fait de ces oranges leur nourriture. Ce qui explique la faible production de ces fruits. Cela implique la hausse du prix mais pour ne pas perdre en clientèle, je suis obligée de gérer avec les acheteurs » révèle- t- elle
» Je viens acheter les bananes dans ce marché ça fait longtemps, j’ai toujours été satisfaite de la qualité. C’est très frais, doux , naturel et facile d’accès. Malgré le coût qui s’élève des fois, ça reste raisonnable par rapport à ce qu’on retrouve dans les rues » dit Bountourabi Camara, cliente
Ibrahim Sory Sylla, les préfère pour une question de protection sanitaire.
» Je trouve les fruits locaux bio, frais, et savoureux. Les acheter me permet de me protéger et d’encourager mes frères ( cultivateur). En plus c’est un produit de ma terre (Guinée), donc je connais le processus de plantation. Tandis que je ne sais pas ce que les autres utilisent chez eux comme produits chimiques. »
Si la tentation est grande, le portefeuille, lui, en prend un coup pour certains qui n’ont pas le luxe de s’offrir les fruits exotiques.
Hassanatou Bah préfère les fruits exotiques malgré qu’elle achète ce qui est cultivé sur place.
» J’aime beaucoup ces fruits aux saveurs rares parce que c’est plus gros et joli. Mais, c’est très cher , je n’ai pas les moyens nécessaires pour les acheter. C’est pourquoi, je me contente de ce que je peux avoir » se plaint-elle.
Malgré le coût élevé de ces fruits, d’autres les veulent coûte que coûte dans leur quotidien.
Halimatou Cissé, une inconditionnelle de fruits importés se déplace de quartier en quartier pour s’en procurer
» l’achat de ces fruits est bénéfique pour le goût, la qualité et la taille. Je pars parfois les acheter à Gbessia lorsque je n’en trouve pas à Bonfi ici. Le prix est chers pourtant c’est sans regret, tellement c’est sucré. Alors que les oranges du pays sont souvent amères et de petites tailles » juge- t- elle.
Aminata Cissé, acheteur, préfère elle aussi les oranges venues des pays voisins.
» Ces oranges son frais , succulentes c’est pour cela je les achète tout le temps même si c’est chers ».
Du côté des vendeurs, Moussa Soumah, explique pourquoi il y a souvent des variations de prix » Ces fruits sont importés de Maroc, de Turquie, et de l’Afrique du Sud. Ce sont les patrons des supers marchés qui fixent les prix. Les mandarines et les grenadines sont plus chers par rapport aux autres. Le prix de ces produits augmente au fur à mesure que celui du dédouanement s’élève. Cela n’empêche pas la vente normale. »
» La vente des pommes et des oranges exotiques est plus rentable, je gagne beaucoup de bénéfice. C’est ce que les gens apprécient le plus. L’augmentation de mes prix dépend de mes fournisseurs et des moments de Ramadan » déclare Alseny Sylla, vendeur.
Ces fruits cohabitent et chacun comme on le voit a ses préférences et ses arguments pour ces préférences. Les fruits sont conseillés par les diététiciens. C’est bon pour la santé. Il est recommandé de manger cinq fruits par jour pour un bon maintien de la santé. Mais, on ne sait pas si c’est à cause des prix ou bien parce que ce n’est pas considéré comme une priorité par certains, mais en Guinee peu de tables à manger sont garnies de fruits. Une tendance à inverser pour qui veut vivre longtemps.
Par Ami Diarra pour couleurguinee