États-Unis: Trump persiste sur les droits de douane imposés au Mexique et au Canada

Les États-Unis imposeront bien des droits de douane à hauteur de 25% sur les produits en provenance de leurs deux voisins directs : le Canada et le Mexique. Et cela va arriver dès ce week-end. Il reste encore une incertitude sur les importations de pétrole, mais c’est Donald Trump lui-même qui l’a confirmé ce jeudi 30 janvier.

Le président des États-Unis, Donald Trump, mettra-t-il à exécution sa menace d’imposer le 1ᵉʳ février des droits de douane sur les produits canadiens et mexicains ? La question était dans tous les esprits ce 31 janvier, alors que les conséquences pourraient être sévères pour les trois pays nord-américains.

À peine revenu à la Maison Blanche, Donald Trump a annoncé qu’il voulait imposer dès le 1ᵉʳ février 25% de droits de douane sur les produits provenant du Canada et du Mexique, deux pays pourtant théoriquement protégés par l’accord de libre-échange qu’il avait signé durant son premier mandat.

 

Le 30 janvier, il a affirmé qu’il déciderait dans la nuit s’il exempterait ou non de taxe le pétrole produit dans ces deux pays. Dans le même temps, les produits chinois seraient frappés par des droits de douane de 10%.

Une possibilité qui inquiète les analystes, alors que l’économie américaine se porte comme un charme, avec une croissance de 2,8% en 2024. Selon Oxford Economics, si ces droits étaient appliqués, l’économie américaine perdrait 1,2 point de pourcentage de croissance, et pourrait dans le même temps plonger le Mexique dans la récession.

Les droits de douane, véritable levier politique

Depuis son élection, le ton a évolué. Plutôt qu’un outil pour combler la baisse des recettes fiscales, les droits de douane sont devenus, comme durant son premier mandat, une arme qu’il brandit afin d’imposer des négociations et d’obtenir des concessions.

Donald Trump a expliqué que les droits de douane étaient une réponse à l’incapacité de ses voisins à freiner l’entrée de drogues, en particulier de fentanyl (un opioïde) et de migrants aux États-Unis. « Nous allons annoncer des droits de douanes contre le Canada et le Mexique pour plusieurs raisons. D’abord parce que des gens sont envoyés dans notre pays de manière si horrible et si importante. Deuxièmement à cause des drogues, le Fentanyl et tout le reste, qui arrivent chez nous, et enfin à cause des énormes subventions que nous donnons au Canada et au Mexique sous la forme de déficit commercial. Et donc je vais imposer des droits de douane de 25% contre le Canada et séparément contre le Mexique. Nous devons le faire parce que nous avons de très gros déficits avec ces pays. Et ces droits pourraient augmenter ou pas au fil du temps. Le pétrole ne devrait pas être concerné à mon avis. On verra bien, ça dépendra de leurs prix, du prix du pétrole, on verra s’ils nous traitent bien, ce qu’ils ne font pas ».

Le candidat de Donald Trump au poste de secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, a parlé d’un « acte de politique intérieure », lors de son audition de confirmation au Congrès le 28 janvier dernier. « Ces droits de douane visent simplement à les pousser à fermer leurs frontières », a-t-il insisté. « C’est un droit de douane particulier qui vise à les pousser à agir ».

Le Mexique et le Canada sur la défensive

La présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, s’est montrée plutôt optimiste cette semaine. « Nous ne pensons pas que cela arrivera. Mais si c’est le cas, nous avons un plan ». L’inquiétude existe malgré tout, en particulier pour le secteur agricole, qui exporte largement vers les États-Unis. « Près de 80% de nos exportations vont vers ce pays et en tout état de cause, tout ce qui pourrait provoquer un choc nous préoccupe », a reconnu le 28 janvier dernier auprès de l’AFP Juan Cortina, à la tête du Conseil national de l’agriculture.

Côté canadien, la possibilité de droits de douane a servi de révélateur à la crise politique qui rongeait d’ores et déjà le gouvernement du Premier ministre, désormais démissionnaire, Justin Trudeau. Le ministre canadien de la Sécurité publique, David McGuinty, était présent ce 30 janvier à Washington pour présenter les contours du plan visant à renforcer la sécurité de la frontière canado-américaine. Howard Lutnick s’était d’ailleurs montré très clair. « Je sais qu’ils agissent rapidement » a-t-il assuré, au sujet des deux pays. « S’ils font ce qu’il faut, il n’y aura pas de droits de douane ».

Une situation qui n’est pas sans rappeler les tensions entre Washington et Bogota le week-end dernier, alors que la Colombie avait dans un premier temps refusé l’atterrissage de vols transportant des migrants expulsés. Donald Trump avait alors annoncé une série de sanctions, dont des droits de douane de 25% puis 50%, à laquelle son homologue colombien, Gustavo Petro, avait répliqué, avant que les deux ne s’accordent sur les modalités de retour des personnes concernées et abandonnent leurs menaces.

RFI