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samedi, novembre 23, 2024

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Pita : Ces artisans de l’ombre qui vous rendent beaux !

Quelque part dans la Commune urbaine de Pita, sous les forêts de pins, dans la commune urbaine, des tisserands sont à l’œuvre. Ils font partis du décor de cette belle ville du Foutah Djallon. C’est grâce à eux que vous êtes belles, beaux dans vos tenues de fête, dans vos tenues de mariés… bref ils sont les artisans des habits colorés, jolis, arborés lors des cérémonies de réjouissances.

Assis dans son atelier couvert d’un toit en bâche contre les intempéries, Maître Agna Oury Diallo et ses collègues et apprentis s’adonnent à leurs activités tous les jours. Ce sont des tisserands qui pédalent deux étriers pour unir, souder pour toujours des toiles de colorations différentes. Ils sont également munis d’une canette, de maillots, de perches, de planchettes, entre autres, comme outil de travail.

Ce père de famille a eu le plaisir de nous parler de son métier, avec fierté.

« J’ai choisi le tissage parce que j’aime ce métier. C’est un beau métier. Je n’ai pas hérité ce métier, je l’ai appris. Je le pratique depuis plus de 35 ans » a-t-il expliqué.

Le tissage est un métier noble poursuit-il, car, pour lui, il n’y a pas d’acte plus noble que s’habiller correctement et décemment » dit-il.

« Si tu entends un individu, c’est l’habillement. Si tu confectionnes des habits et que les gens achètent pour se protéger. Il n’y a pas plus beau que ça. Si tu vois que quelqu’un sort c’est parce qu’il est habillé, sinon il ne sortira pas de chez lui. C’est l’habillement qui fait le moine » estime-t-il

Ce métier comme tout autre n’est pas sans difficulté indique ce quinquagénaire.

« La première difficulté, on n’a pas de place où travailler à l’abri des intempéries. Vous avez vu, c’est des hangars qu’on a faits ici. Vous savez, on est en saison des pluies. Si nous n’avions pas fait cela, on ne pouvait pas travailler ici. Mais, malgré cela, nous ne travaillons pas normalement. La pluie nous fatigue. Et deuxièmement, c’est l’obtention des fils. On en trouve mais c’est cher. Quand tu achètes et tu travailles, tu n’auras pas beaucoup de bénéfices. On achète des fils importés du Mali et du Burkina Fasso. Mais, actuellement, ça vient même de la Chine. Mais, c’est cher. Et il y a de ces moments aussi, on a du mal à écouler nos produits » a-t-il expliqué avant de se réjouir que les citoyens s’intéressent actuellement de plus en plus au textile traditionnel.

« Vraiment ces derniers temps, ça marche bien pour ne pas être ingrat. Alhamdoulillah, les gens achètent et nous sommes très contents pour eux » lance-t-il.

Cet ingénieux tisserand fait remarquer que ce travail est laborieux

« Vous savez, le tissage exige de l’effort. Des jeunes par exemple peuvent confectionner 2 à 4 pagnes par jour. Mais, nous les vieux (rire) si on travaille, on aura qu’un pagne » explique-t-il.

À propos du prix ?

« Nous emballons trois pagnes que nous revendons à 150 000 fg. Il y a plusieurs modèles que nous pouvons faire, mais c’est les fils qui font défaut. C’est les fils noirs et blancs, qu’on nous envoie souvent » dit-il.

Malgré tout, il dit vivre de son métier

« Je vis moi et ma famille de ce travail, tous mes besoins c’est dans ça. Et j’ai eu aussi la chance de construire » se réjouit-il avant de s’adresser à ceux qui minimisent cette activité.

« Qu’ils comprennent que le tissage va évoluer si on a un apport des autorités. Ceux qui veulent apprendre, venez vous allez avoir de quoi vivre »

Maître Agna explique comment il forme ses disciples

« Quand c’est un débutant, il va se consacrer pour quelques mois au bobinage. S’il maîtrise cela, petit à petit, on lui montre comment étaler les fils et après on lui cède la place de temps en temps. S’il est intelligent, dans deux ans ou 3 ans, il aura la maîtrise de la chose » dit-il.

Mamadou Macka que vous voyez en image est apprenti. Son maître soutient qu’il ne lui reste plus grand chose pour achever ce métier. L’enfant à son tour se dit fier de faire ce métier qu’il a hérité de ses parents.

Ces créateurs de tissus traditionnels au design fin appellent à une meilleure organisation de leur secteur d’activité.

« Nous demandons aux autorités de penser à ce métier. C’est un métier intéressant. Surtout qu’il nous aide à avoir des espaces de travail dignes de nom. On a formé une « coopérative des tisserands de Pita » mais on n’a pas eu de soutien d’abord » regrette-t-il avant de demander aux citoyens de s’intéresser à ce métier.

          Par Abdul Karim Barry pour couleurguinee.com

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