Incarcéré à la maison centrale de Coronthie depuis le 24 octobre dernier, El Hadj Ibrahima Sow sexagénaire a rendu son dernier soupir ce lundi 16 octobre 2020 au CHU Ignace Deen. Dans quelles circonstances est-il décédé ? La question divise. Il serait victime du diabète selon le conseiller à la communication du ministère de la sécurité. L’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et la famille éplorée ne croient pas à cette thèse
« Il semble que c’est quelqu’un qui a été pris et torturé ou en tout cas brutalisé et il est mort, pas à la maison centrale, mais à l’hôpital. La version officielle, c’est qu’il est mort de diabète. Mais, pour nous défenseur des droits de l’homme, s’il était venu de chez lui pour traiter un diabète à l’hôpital et il meurt, ce n’est pas la même chose que si de la maison centrale, on l’évacue et il meurt de soi-disant diabète à l’hôpital » a déclaré Elhadj Malal Diallo, vice-président de l’OGDH.
Ce président par intérim de l’Ogdh réclame une seule chose.
« Que la maison centrale nous donne des explications et à sa famille et au peuple » a-t-il exigé.
Des démarches sont déjà entreprises pour des éclairages sur cette mort indique El Hadj Malal
« Nous avons notre clinique juridique. On va tenter d’avoir les dossiers médicaux. Mais, la responsabilité première revient à l’Etat. Parce qu’il est mort à partir de la maison centrale » avance-t-il
Boubacar Sow, le fils du défunt rejette catégoriquement la thèse des autorités sécuritaires. Il soutient que son papa a été tué.
« Mon papa a été assassiné par le pouvoir en place sous l’effet des tortures qu’on lui a infligées en prison. C’est vrai qu’il est décédé à Ignace Deen mais c’est presqu’un corps qu’on a déposé à Ignace Deen. Puisqu’on a déposé un malade qui ne remuait aucun doigt, il ne parlait pas. Et nous constatons aussi des brûlures sur son corps, les effets de torture et nous avons les images. Le ministère de la justice ne nous a rien dit sauf que c’est le diabète. Mais, je pense bien que le diabète ne donne pas les effets que nous avons vus. Mon papa n’est nullement diabétique. Et lorsqu’on l’a interpellé il avait une santé de fer » a-t-il précisé.
Ce décès est un coup dur pour la famille.
« Nous sommes 9 enfants. Papa se débrouillait pour nous nourrir. Maintenant, nous nous demandons, puisque nous sommes pauvres, comment nous allons étudier, et vivre » se lamente Boubacar Sow. Il n’y a pas eu d’autopsie avant la restitution du corps. Pour rappel, la victime était détenue pour attroupement illégal.
Par Abdul Karim Barry pour couleurguinee.com