Axe Kindia-Conakry: 135 km. Une distance qu’on parcourait en 1h 20mn. Actuellement, les plus téméraires des conducteurs ne font pas moins de 5heures. Et pour au moins 2 raisons :
La première, l’état de la route, l’autre raison le covid19. A quelques kilomètres de la sortie de Conakry ou de Kindia (c’est selon la destination) voilà le premier barrage. On n’a pas fait de test corona, passeport pour les déplacements, le chauffeur tend discrètement un billet de 10 000 fg à l’agent au poste. Le barrage est levé
Acte 2 : barrage du km 66, un gendarme vient vers nous, nerveux. Vos résultats covid19 svp ? « Ah, on vient à côté ». « Non, garez ! ». Un autre, plus haut gradé rappelle à l’ordre son subalterne. « Ce n’est pas à nous de contrôler ça, les barrages se trouvent devant, donc laisse les passer ».
Un peu devant, acte 3 : on trouve un fil interminable de véhicules avec, à la clé, des policiers, des gendarmes et même des bérets rouges qui se disent être là pour faire appliquer la décision du président Alpha Condé. Seulement voilà, ils dépouillent les gens à ciel ouvert.
Une équipe mixte se dirige vers notre véhicule et un s’adresse à nous : « Présentez vos résultats covid19 ? ». « Malheureusement, on ne détient pas ! » répond le chauffeur. Alors dit l’agent, vous payez 50 000 fg pour passer. Un autre réagit : « donc, si on paye 50 000; même si on est positif au covid19, on passe ? ». « Non, c’est pour vous décourager de sortir sans faire le test, tu sais quelqu’un a dit que «nous sommes tous des tortues ».
Après, quelques minutes de négociation, on paye 20 000 fg chacun, il empoche et on passe.
Arrivé à Foulayah, Acte4 : un barrage mixte aussi, un bouchon sans précédent. Un agent, armé et très menaçant avance vers nous: « Présentez vos résultats où vous descendez et si la nuit vous trouve ici, vous passez la nuit ». « Mon chef plaide le chauffeur, aidez-nous yandi, on vient à Kindia ici ».
« Si vous partez à Kindia, vous n’avez pas droit à la santé ? Répond l’agent. Donc, donnez le prix de cigarettes et vous passez. Après, on a soufflé, on n’a pas senti l’état de dégradation poussé de la route, la poussière s’impose cependant. On ne pouvait pas aller plus loin, car nos devanciers, nous l’ont déconseillés. « ils ne sont pas sympathiques devant » préviennent-ils
Au retour, nous avons eu la chance d’être dans le véhicule d’un super guinéen, un militaire, béret rouge. Il me propose de venir avec lui à 50 000 fg. « habituellement, c’est 30 000 fg, pourquoi c’est 50 000 maintenant ? » Un syndicat répond : « depuis le réajustement, au confinement, nous on n’est pas revenu, à cause de l’état de la route.
On n’a pas le choix, on embarque, il file, mais un pick-up VA nous dépasse, l’agent commente : « il n’ira pas loin et puis ce n’est pas pour lui, il ne répare pas à ses frais. Ce fut le cas, double crevaison, et on le dépasse.
On a l’impression que les barrages ont disparu, c’est agréable de voyager avec un militaire au volant par ces temps de rapine. On ne craignait plus rien, on a pu contempler la route et compter avec allégresse 18 grands ponts en chantier. Avec un brin d’inquiétude de savoir que l’hivernage nous trouvera dans ces conditions
Par Koleinkè Hassane Diallo pour couleurguinee.com