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Interview : « tous ceux qui ont échoué se sont retrouvés dans le journalisme », dixit Yacine Diallo

Dans une exclusivité accordée à la RTG, le Président de la Haute Autorité de Communication  s’est prononcé sur la régulation de son institution. Boubacar Yacine Diallo a promis d’assainir le corps médiatique guinéen, qui, selon lui, est devenu un dépotoir d’ordures.
 La HAC est une institution de régulation des médias . Nous sommes curieux de savoir comment se fait la régulation ? 
Je voudrais déjà commencer par dire que la régulation inclue deux données au moins fondamentales. La première valeur, c’est celle de communiquer et cela relève naturellement du journaliste et des organes de presse. Mais, cet espace concerne la diffusion de l’information honnête et fiable. Le journaliste a la liberté de communiquer. Le citoyen lui, a le droit de recevoir de la part du journaliste une information honnête et fiable. Ça c’est le sens de la régulation .
Dès après votre prise de fonction à la HAC , vous avez promis d’assainir la presse. Qu’est-ce qui vous a poussé à réagir comme ça ? 
Je voudrais préciser d’abord qu’en tant que journaliste j’ai fais mon propre constat. La profession a été infiltrée, et d’ailleurs un confrère très célèbre a dit ceci  » il y a des mercenaires dans la presse « .    Je pense qu’il a totalement raison. Tous ceux qui ont échoué dans la vie ou presque se sont retrouvés par effraction dans notre profession. Ensuite en tant que président de la HAC, avec mes collaborateurs, nous avons constaté que la presse ne fonctionne plus comme il est prévu de le faire. Les vrais journalistes sont mis à l’écart , des individus s’autoproclamant journalistes ont envahi la rue, volent même, usurpent des titres et des fonctions et nous avons décidé simplement de mettre fin à cet état de fait. Vous ne pensez pas que c’est pas facile d’assainir la presse surtout il y a des journalistes citoyens ? Vous savez le journaliste citoyen il est désormais réglementé sur la loi de la cyber sécurité. Vous savez il y a quelque temps, vous allez entendre quand l’homme célèbre s’est retrouvé dans un coin de la rue quasi nu. Est-ce que vous l’entendez ? C’est très rare. Parce que la loi sur la cyber sécurité a réglementé ce secteur et comme il y a  eu des sanctions , les gens ont compris qu’ils avaient la liberté de communiquer mais ils n’avaient pas la liberté ni de diffamer, ni d’injurier encore moins de produire des éléments contraires même aux mœurs à la vie tout court.
Récemment vous avez engagé une grande opération d’enrôlement des journalistes où en êtes-vous ?
À date nous avons reçu prés de 4000 postulants pour Conakry et pour l’intérieur du pays. Nos équipes qui se sont transportées sur le terrain ont enrôlé environs 800 et sur Conakry nous avons enrôlé 1500 ça fait au total 2300 enrôlés sur les 4000. Sur les 2300, la commission va commencer à dépouiller et tous ceux qui ont produit des faux documents ne passeront pas parce que l’enrôlement est une chose et l’obtention de la carte en est une autre. Je vous cite un ou deux exemples. Nous avons par exemple une de nos  missions qui a relevé  que quelqu’un qui est chef comptable dans une école privée qui voulait se faire enrôlé et il s’est trouvé que le commissaire qui faisait l’enrôlement devait payer à celui-ci les frais de scolarité de ses enfants. Ensuite nous avons relevé également une famille se présente comme des journalistes pour un organe qui n’existe pas. Le père la mère et trois enfants. Donc voilà aujourd’hui des cas que nous rencontrons dans la presse. Mais je vous garantie qu’ils ne passeront pas.
Ces derniers temps M. Yacine, certains journalistes ont eu des ennuis avec la HAC. La justice et la HAC ont été accusées d’être passives dans certains dossiers. Monsieur, quels sont les dossiers qui relèvent de la compétence de la HAC ?
 Tout dossier peut relever de la compétence de la HAC sous deux conditions. La première condition, la HAC peut s’autosaisir lorsque par exemple ce sont des questions d’intérêts publiques , la HAC se saisie et sanctionne. Sinon pour la justice il faut une plainte de la personne qui se sent lésée sinon c’est soit les deux manières de se saisir. Maintenant vous évoquez la situation des journalistes, je voudrais vous dire, quelque chose a changé. Il y a quelques temps, presque souvent dans votre journal, vous diffusiez des décisions qui suspendait des journalistes ou des organes, cela est rare parce que nous avons renversé la tendance. Lorsque notre service de monitoring  nous relève des manquements qu’est- ce que nous faisons, nous interpellons en silence les directeurs et les journalistes. Donc ils ont pris conscience pour la plupart. Maintenant quand les journalistes sont arrêtés, la loi dit que quand la justice se saisie , la HAC se dessaisie même si elle s’était auto-saisie. Par contre nous faisons des médiations parfois nous posons des doléances par exemple pour le cas dont aujourd’hui on parle, ( cas de Amadou Diouldé Diallo journaliste sportif et historien ndlr) nous avons touché des autorités pour voir dans quelle possibilité ce journaliste peut au moins obtenir une liberté provisoire.
Une interview transcrite par Aissatou Diallo Pour couleurguinee.com
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