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Guinée: en marche pour la 8ème édition du Salon International du Livre de Jeunesse de Conakry

« Lire le monde sous toutes les formes ? Ça veut dire que nous allons mettre en valeur d’abord le livre de jeunesse en version numérique.

Donc c’est le numérique qui est la thématique principale, la thématique transversale de cette huitième édition. Et la jeunesse, c’est l’avenir de ce pays.

Si nous voulons que les jeunes d’aujourd’hui deviennent des adultes responsables de demain, des adultes compétents, bien formés, il faut aussi qu’ils passent par le livre pour qu’ils sachent apprivoiser la lecture et aimer le goût de lire » dixit le Directeur général des Editions Ganndal, dans cette interview qu’il a accordée à couleurguinee.com.

En prélude de la 8ème édition du Salon International du Livre de Jeunesse de Conakry prévu du 06 au 09 novembre 2024, placé sous le thème : « Lire le monde sous toutes les formes »

Livre de jeunesse

Couleurguinee.com : Nous tendons vers la 8ème édition du Salon International du Livre, dites-nous que représente cette activité culturelle dans le domaine de la littérature de jeunesse ?

Aliou Sow : Du 6 au 9 novembre 2024, nous allons organiser ici à Conakry la huitième édition du Salon international du livre de jeunesse. C’est une manifestation qui, je le dis, c’est la huitième édition, ça veut dire que c’est une manifestation qui a été lancée depuis 2017. Et l’objectif premier, c’est d’inciter les jeunes guinéens à lire et à aimer le livre.

Pourquoi tout ça ? Parce que tout simplement, nous savons tous que la jeunesse, c’est l’avenir de ce pays. Si nous voulons que les jeunes d’aujourd’hui deviennent des adultes responsables de demain, des adultes compétents, bien formés, il faut aussi qu’ils passent par le livre pour qu’ils sachent apprivoiser la lecture et aimer le goût de lire. Et c’est pour cela que nous avons lancé cette manifestation littéraire, le Salon international du livre de jeunesse de Conakry, qui aujourd’hui est, dans son domaine spécifique, l’une des manifestations les plus cotées au niveau de l’Afrique francophone et avec une grande renommée internationale de ce fait.

Couleurguinee.com: Dites-nous quel est le thème de cette 8ème édition et quelle en est la particularité ?

Aliou Sow : Cette année, le thème est « Lire le monde sous toutes les formes », ça veut dire que nous allons mettre en valeur d’abord le livre de jeunesse en version numérique. Donc c’est le numérique qui est la thématique principale, la thématique transversale de cette huitième édition. Mais à côté, puisqu’il s’agit d’un salon du livre, nous aurons les stands d’exposition au niveau du Centre culturel franco-guinéen, qui est l’endroit où l’essentiel de cet événement va se dérouler.

Nous aurons une trentaine de stands qui seront tenus par des éditeurs guinéens, des éditeurs africains, des libraires et même quelques associations d’écrivains. Et donc on va montrer la richesse et la diversité de la production des livres de jeunesse, dédiés à la jeunesse. Ce qui veut dire aussi, par ailleurs, que le numérique est l’élément central transversal de cette édition, mais nous avons donc les livres papiers qui sont effectivement exposés sur les stands dont je parlais tantôt.

Mais il y a une autre valeur ajoutée, c’est que nous allons aussi présenter des livres audios. Parce que les éditions Ganndal qui sont, comme vous le savez, leaders de la littérature, de la production de la littérature de jeunesse dans notre pays, mais pas que, puisqu’on est très connus aussi au niveau de l’espace international francophone, nous avons une convention de partenariat avec une société de production basée à Lomé, au Togo, où nous produisons certains titres du catalogue des éditions Ganndal en livres de jeunesse, sous forme de livres audio. Donc nous allons aussi profiter de cette huitième édition pour présenter au public, en particulier les jeunes élèves, les jeunes lecteurs, les éléments de ce catalogue, les titres qui ont été aussi adaptés en version livre audio.

Et la quatrième variante de livres de jeunesse que nous allons montrer, ce sont les livres de jeunesse accessibles. Donc en version braille, je vais vous montrer tout à l’heure des exemples, puisque cette année, nous avons eu la chance que le Premier ministre, M. Amadou Oury BAH dans sa vision de démocratiser l’accès de tous les enfants de notre pays à l’éducation, donc ça veut dire que pour lui, le slogan « Ne laissez aucun enfant derrière » doit être une réalité. Il a décidé d’offrir des livres de jeunesse accessibles en version braille à tous les enfants qui sont élèves de l’école des non voyants, l’école Sogue de Ratoma.

Ça va être une première et nous travaillons déjà sur la production de ces livres. Chaque élève de cette école recevra une dizaine de livres en format braille dans un sac personnalisé qui va leur être remis par les autorités compétentes.

Donc je résume pour vous dire que l’une des particularités de cette huitième édition, c’est que le public, notamment les scolaires, puisque nous invitons environ 150 écoles primaires et secondaires de la capitale qui vont se relayer matin et après-midi au centre culturel, donc ils auront accès aux livres numériques, aux livres papiers, aux livres audios et aux livres accessibles.

On aura fait le tour, mais c’est pour aussi montrer que l’édition de livres de jeunesse dans notre pays est quand même vivace et elle est dynamique et elle s’adapte à l’évolution technologique de notre monde actuel. Et c’est cela notre rôle à nous autres éditeurs de livres de jeunesse et c’est pour cela que nous préférons aussi profiter de ce type de manifestations pour prouver concrètement que quand les gens pensent qu’il n’y a pas de livres de jeunesse qui sont produits dans ce pays, c’est tout le contraire.

Mais c’est aussi l’un des objectifs de ce salon. Alors l’autre dimension importante que je voulais ajouter, c’est que cette année, nous avons comme autre aspect significatif le fait que notre invité d’honneur est Mme Dr Hibo Moumin Assoweh qui est la ministre de la jeunesse et de la culture de la République de Djibouti.

Donc ça veut dire que c’est une autre motivation de cette réputation internationale de ce salon, le fait que Mme la ministre de Djibouti soit là avec nous sur les 4 jours pour vivre cet événement avec nous, participer à des débats, rencontrer la presse, visiter des écoles et voir de quelle manière les livres de jeunesse sont intégrés dans l’enseignement.

Autrement dit, de quelle manière les livres de jeunesse viennent en complément des manuels scolaires dans nos écoles, je pense que nous aurons réussi à prouver aussi à la face de l’Afrique qu’il y a une dynamique positive qui se fait dans notre pays et que les livres de jeunesse, comme on les appelle les livres complémentaires de lecture, profitent à la jeunesse guinéenne et que nous sommes dans une dynamique d’appropriation de la lecture et du livre dans les jeunes guinéens.

Couleurguinee.com:  Dites-nous quels sont les sites retenus pour célébrer ce rendez-vous littéraire ?

Aliou Sow: Nous avons ciblé les sites habituels, évidemment , l’épicentre demeure toujours le Centre Culturel Franco-guinéen où nous avons suffisamment d’espace, suffisamment de possibilités d’adapter pour l’installation des stands aussi bien pour les éditeurs guinéens que pour les éditeurs africains qui viennent. Et j’ouvre une parenthèse pour dire que grâce à l’appui de l’Institut français dans le volet numérique, nous faisons venir des éditeurs du Sénégal, du Burkina Faso, du Tchad, du Congo-Brazzaville, du Bénin en particulier.

Donc ils vont se rajouter aux éditions Ganndal qui sont déjà ici. Mais en plus nous avons aussi les éditeurs du Canada qui sont diffusés ici et qui vont être représentés au niveau de l’édition francophone par des libraires et en partie aussi par les éditions Ganndal pour ce qui est de la maison d’édition Québec-Amérique internationale. Donc les autres points que vous soulignez, en plus du centre culturel franco-guinéen nous avons cette année encore la maison des jeunes de Ratoma.

Nous avons aussi en perspective d’ouvrir un événement sur l’Esplanade du Stade du 28 septembre pour les écoles de la commune de Dixinn et de la commune de Matam. Et nous serons aussi toujours au niveau de Tombolia pour les écoles maintenant avec le nouveau découpage pour Matoto et pour Tombolia. Donc on aura au moins cinq endroits où nous allons nous développer.

Couleurguinee.com : Ce sont les mêmes activités qui vont être reprogrammées pour cette édition ?

Aliou Sow: Le type d’activités ne sera pas le même pour cette 8ème édition. L’essentiel des expositions de livres, des manifestations d’animations littéraires, de présentations de nouveaux livres, les formations techniques qui sont prévues pour les éditeurs et pour les auteurs seront basiquement domiciliés au centre culturel franco-guinéen. Mais nous allons envoyer nos auteurs dans les écoles des autres communes, dans les centres.

Ils vont venir avec leurs livres, nous allons faire venir les élèves, ils vont les présenter, faire des animations littéraires. Nous aurons aussi des concours de lecture dans les défis lectures qui vont être domiciliés dans ces endroits délocalisés. Donc le format n’est pas typiquement le même parce que cette année nous n’aurons pas des expositions de livres dans les autres centres, mais l’animation littéraire dans les écoles avec les élèves.

À votre avis, ces activités pourraient-elles amener la lecture au goût du jour chez les jeunes guinéens?

Aliou Sow: Vous savez, depuis sept ans déjà que nous développons cet événement littéraire, nous voyons la progression des choses. Et je peux vous donner un seul exemple. Le simple fait que l’initiative de production des biblio malles, qui sont des cantines métalliques que les éditions Ganndal ont initiées, dans lesquelles nous mettons 250 livres de lecture avec des niveaux de lecture adaptés de la première année à la sixième année et qui sont donnés aux écoles par les sponsors qui achètent ces biblio malles chez nous.

On part du fait que dans les écoles, à l’absence de bibliothèques scolaires et à l’absence de coins de lecture, la présence de ces biblio malles arrive à jouer le rôle de palliatif. Parce que chaque jour de la semaine, la même malle peut circuler d’une classe à l’autre et que l’enseignant, pendant l’heure de lecture, s’en sert pour que les élèves puissent lire, palper des livres, lire des livres qui sont écrits par des auteurs guinéens sur des thématiques de l’environnement socio-culturel de nos enfants et qui puissent attirer, éveiller l’intérêt des élèves. Donc ça, c’est quelque chose d’important.

Et je peux vous dire que cette initiative prend de plus en plus de l’ampleur, en particulier à Conakry. Maintenant, ce qui est aussi bien à souligner, c’est qu’il y a des ONG, aussi bien guinéennes, des associations de ressources puissantes de localités à l’intérieur du pays, que des ONG en particulier de France, qui appuient certaines agglomérations de notre pays, qui achètent ces biblio malles et qui offrent maintenant dans les écoles rurales. Vous avez aussi le cas de la Fondation Orange Guinée, qui les achète aussi et qui les injecte dans leur réseau d’écoles numériques rurales.

Donc ça veut dire qu’il y a un essaimage qui est en train de se faire. Donc la lecture et l’appropriation du livre de lecture sont en train de se diversifier et de se généraliser dans le pays. C’est vrai que c’est un départ, mais à chaque année que nous augmentons le volume de ces livres qui sont distribués dans les écoles grâce aux différents sponsors qui nous aident, je crois que l’objectif est de dire que nous cherchons à améliorer d’une part l’accès du livre, mais aussi nous faisons en sorte qu’il soit disponible, parce que le livre ne peut être accessible que s’il est disponible.

Donc, nous, nous tenons compte de ces deux facteurs et l’espoir que le ministère de l’Éducation va s’impliquer davantage pour que les livres de jeunesse puissent accompagner les monnaies scolaires dans les écoles guinéennes, je crois que c’est le seul combat qui mérite d’être mené afin que nos élèves puissent avoir d’une part de quoi lire, mais qu’ils sachent lire et qu’ils perpétuent des habitudes de lecture.

couleurguinee.com : Vous avez énuméré une liste d’activités prévues au cours de cette manifestation littéraire, qui pourront désormais changer la perception des élèves sur les habitudes de la lecture, et contribuer à leur émancipation. Alors pour résumer, dites-nous quel est le résultat recherché ?

Aliou Sow : Le fait que nous avons mis le numérique comme l’élément transversal de cette huitième édition, nous partons du fait qu’aujourd’hui, on ne peut plus nier la grande force de pénétration des médias, des réseaux sociaux en particulier, sur la vie de la jeunesse. Alors, au lieu que nos jeunes passent toute la journée sur Facebook, sur X ou Y, je ne sais pas, mais qu’ils puissent se connecter une fois qu’ils sont sortis de la classe, qu’ils sont à la maison, qu’ils puissent se connecter sur certaines plateformes, qu’il y ait des livres numériques disponibles pour eux, qu’ils puissent prolonger l’acte pédagogique, l’acte d’apprentissage qui se fait en classe à travers de la lecture plaisir à n’importe quel autre moment de la journée et à n’importe quel autre moment où ils sont libres, puisque la plupart de nos jeunes maintenant, ils ont des téléphones, ils sont sur l’Internet.

Donc autant essayer de leur montrer aussi qu’il y a une abondante littérature de jeunesse qui les intéresse, qui est proche d’eux, qui les interpelle et qui leur est accessible sur le numérique et donc pour qu’ils puissent aller là-dessus. Et c’est cela aussi que les animations que nous ferons en centre culturel avec les ONG Makanissa, Les Mômes vous parlent et le club littéraire du centre culturel franco-guinéen avec qui nous avons des partenariats et qui font les jeux de lecture pendant le salon, les jeux inter scolaires, ils vont aussi s’appuyer là-dessus pour montrer aux élèves ce qu’il y a.

Et cette année, nous avons une plateforme internationale qui s’appelle You Script, qui est un partenaire avec les éditions Ganndal un partenaire avec la Fondation Orange qui présente nos livres de jeunesse sur leur site. Et donc, montrer aussi que les élèves qui vont venir au CCFG, qui vont participer à nos différents jeux de lecture, on peut leur donner des codes de lecture gratuit pour 3 mois, 6 mois, ils peuvent aller voir.

Ainsi, petit à petit, ils vont commencer à apprivoiser l’outil de la lecture numérique, ce créneau, qui est à leur disposition, qui leur est proche, mais ils ne le savent pas. Donc, il faut commencer d’abord par leur faire connaître l’existence de ces outils de lecture et ensuite leur ouvrir des facilités d’accès pour de la lecture plaisir. Donc, c’est tout cela que nous allons faire cette année au cours de cette huitième édition du salon international des livres de jeunesse de Conakry.

couleurguinee.com : Chaque année, nous constatons que toutes vos éditions du salon international du livre sont exclusivement organisées dans le grand Conakry. Pourquoi n’envisagez-vous pas d’élargir les séries d’activités littéraires ou les délocaliser dans les zones rurales, voire préfectorales ?

Aliou Sow: Oui, la question est d’importance et je vais vous dire que, justement, de façon expérimentale, puisque nous recevons des demandes de l’intérieur du pays, ce n’est pas normal, la Guinée n’est pas seulement Conakry, vous avez raison. Alors cette année, nous expérimentons un mini salon à Labé. Et nous avons une ONG qui travaille avec la bibliothèque préfectorale de lecture publique de Labé, qui fait déjà beaucoup d’animations avec les écoles de la ville et beaucoup d’animations avec les enseignants. Et cette année, nous allons organiser une exposition permanente du livre du 6 au 9 novembre à la bibliothèque préfectorale de Labé. Cette ONG partenaire va travailler avec les écoles primaires en particulier, qui vont envoyer leurs élèves visiter, voir les livres que nous allons mettre à disposition, faire des animations.

Et nous avons aussi certains de nos auteurs qui vont se déplacer, en particulier Tiguidanké Diakité, qui elle-même vit à Labé, qui a un livre très intéressant, qui est très apprécié par des élèves. Donc nous commençons cette année par cette première édition à Labé. Parce que chaque année, nous allons essayer d’élargir tant que les moyens vont nous permettre aux autres régions, pour qu’effectivement, la Guinée soit représentée et que tous les enfants de ce pays puissent, recevoir tant soit peu les bienfaits de cet événement littéraire qui leur est destiné

Interview faite et transcrite par Fodé Touré pour couleur guinee 

 

 

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