Il faut être amnésique pour se laisser emporter par des conclusions hâtives qui ressortent des chemins raccourcis. Il est trop facile d’affirmer que le FNDC a échoué mais meilleur de savoir la limite de ses actions sur le sentier épineux de sa lutte qu’elle avait entamée. Il est à noter que le FNDC n’a ni armes, ni armée. Donc, toute sa force repose sur la mobilisation des rues dont elle a fait éloquemment preuve.
Dans tous les États normaux, la lutte des organisations de la société civile est réglementée par les lois de la République et garantie par l’exécutif. Le fait de priver les citoyens de leurs droits de manifester est à la fois une grève violation des lois de la République mais aussi une énorme entrave à l’évolution démocratique du Pays. Le rapport d’Amnesty internationale sur les violations des droits de l’homme en Guinée en est une illustration parfaite.
Le FNDC, depuis sa création en Octobre 2019, comme toute autre organisation, s’est assignée pour mission, d’empêcher par tous les moyens légaux le changement constitutionnel qui conduirait inéluctablement à la présidence à vie.
Voici l’orientation, la trajectoire qu’a tracée cette organisation pour éviter à notre pays les dérives du passé. Mais hélas, elle s’est vue traité et traîné comme une organisation terroriste, rebelle. Elle a vécu la terreur, l’horreur, les persécutions et les arrestations. En plus des confinements qui étaient considérés comme la forme la plus modérée, ses membres ont été pourchassés jusqu’à leur dernier retranchement. Pire que tout, ils ont vu et vécu la forme de répression la plus sauvage. Les Guinéens se souviennent et se souviendront pour toujours qu’en Guinée, mêmes les corbillards ne sont pas exempts, ils ont tiré même sur des déments. Le sang du NON a asphalté les rues du pays. Les guinéens se souviennent et se souviendront que les morts lors des manifestations du FNDC n’ont ni droit d’accès aux hôpitaux publics, encore moins une inhumation digne de nom. Est-ce cela la victoire du pouvoir ou bien l’échec du FNDC ? La réponse sans équivoque est l’affirmation inverse de la question.
Malgré toutes ces énormités, le FNDC est resté fidèle à son idéologie, droit sur sa trajectoire. C’est pourquoi d’ailleurs, pour être en phase avec sa vocation, il a extirpé de ses rangs tous les réfractaires dont les orientations et les attitudes sont contraires à l’orthodoxie du mouvement. Une décision à la fois courageuse et normale pour une organisation responsable. Alors, il est honnête et responsable de reconnaître que certains membres et responsables dynamique et non les moindres, ont pour des raisons occultes ou des intérêts égoïstes, trahi l’esprit de la dynamique. Une évidence incontestable mais jamais imputable à toute la dynamique.
Cependant, de même que l’adhésion au sein de la dynamique était libre et volontaire comme toute autre organisation d’ailleurs, la démission l’est aussi. Donc, les comportements individuels, les attitudes non orthodoxes des membres de la dynamique n’engagent nullement la dynamique. Même si, il est indéniable, assurer l’ordre et la cohésion au sein de la dynamique est de son ressort.
Une responsabilité que le FNDC a toujours assurée avec promptitude. La preuve en est que beaucoup ont été exclus de la dynamique pour leur prise de position non conforme à l’idéologie de ladite dynamique. Il est aussi important de rafraîchir la mémoire des amnésiques qui baignent dans une éternelle contradiction en magnifiant la lutte sociale de 2007 d’un côté, tout en pourfendant celle de 2020 de l’autre. Malheureusement, le seul argument qu’ils posent sur la table pour justifier les diatribes portées à l’encontre de cette dernière, est de dire: « la lutte sociale est incompatible avec les politiques ».
Un argument frivole d’autant plus que, la lutte de 2007 bien qu’elle a commencé par le mouvement syndical fut accompagnée par toutes les couches sociales du pays notamment les partis politiques et les organisations de société civile. Elle doit son succès, à l’humilité du pouvoir d’alors qui est sorti de son orgueil sordide puis a accepté de céder face à la pression populaire.
Par contre, pour cette autre lutte, le régime a écarté toute forme d’humanisme, il a frappé sans répit. Il a brandit une victoire hideuse. Aujourd’hui, certes, la constitution est changée, l’assemblée nationale est installée, le troisième mandat est institué, mais cela ne signifie pas pour autant une victoire du pouvoir ou encore l’échec du FNDC. Cela s’appelle: l’échec de la démocratie face à la dictature, l’échec de la liberté face à la terreur et l’honneur, l’échec de la vérité face à l’hypocrisie et au mensonge, l’échec du changement face à la continuité et la routine… Hélas, c’est le pays qui a échoué, il a manqué l’occasion de marquer positivement l’histoire, raison pour laquelle, il patauge.
Signé Boubacar Pelly BAH
Activiste de la Société civile