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Journée mondiale du travail : Les souhaits du blogueur Alimou Sow aux Guinéens 

Un bouillon d’inspiration, Alimou Sow, le compatriote blogueur. Il a trouvé ce 1er mai, journée internationale du travail, les mots qu’il faut pour dépeindre les maux dont souffrent les assujettis que nous sommes. C’est ça façon à lui de dire bonne fête aux Guinéens. Et sans exclusion aucune. Bon appétit !

  Je voudrais, en ce 1er Mai, Journée mondiale du travail, souhaiter bonne fête aux travailleurs et aux travailleuses de mon cher pays, la Guinée. Mais pas que.

Mes hommages à celles et à ceux qui, chaque matin, se lèvent aux aurores pour affronter l’enfer des bouchons de Conakry pour se rendre au travail dans le but de nourrir une famille souvent nombreuse pendue aux crochets d’un seul individu qui trime, se dépensant sans retenue et qui souvent ne récolte que reproches et quolibets à peine voilés.

Bonne fête aux femmes battantes, parfois battues, qui se battent corps et âme au travail pour nourrir mari et marmots totalement dépendants.

Bonne fête aux femmes rurales parfumées à la bouse de vache et aux herbes des champs, celles qui ont le dos voûté à force de remuer la terre nourricière, celles pour qui l’eau potable, l’électricité, les soins de santé et le transport sont un luxe inaccessible.

Bonne fête à ces maris dévoués, qui se dépensent sans compter pour subvenir aux besoins capricieux d’un foyer souvent incandescent et sans cesse élastique.

Bonne fête aux transporteurs (poids lourds, bus, taxis et Magbanas) blanchis sous le harnais, victimes expiatoires d’un système chaotique et usant.

Bonne fête aux journalistes passionnés, intègres et professionnels dont le travail aide à saisir les subtilités d’une actualité complexe, tumultueuse, rouge de sang.Mes pensées à la majorité silencieuse écrasée par le rouleau compresseur du chômage endémique, à ces jeunes qui noient leurs ressentiments de chômeurs dans le thé, la nicotine ou l’éther et dont la plupart finissent par se noyer dans les eaux mortifères de la Méditerranée.

Aux étudiants fauchés, aux diplômés sans emploi qui rongent leur frein sur un quotidien pas tendre, aux jeunes filles en quête de travail, victimes de harcèlements indignes en échange d’un boulot précaire, souvent inadapté et mal rémunéré ;

À celles et ceux qui ne sont pas « fille/fils de », qui ont usé leur jupe et culotte sur les bancs rugueux de l’école publique aux salles de classe pléthoriques pour se retrouver ensuite à Madina, voire dans la rue en proie à toutes les tentations politiques ;

À ceux qui ne sont pas nés sous la bonne étoile ;

Aux enseignants marginalisés, précarisés, mal payés, pâles comme un bâton de craie, soumis à un rythme de travail insoutenable dans des conditions ingérables;

À ceux qui dorment sous une moustiquaire trouée ou aux côtés d’une spirale anti moustique toxique, qui s’éclairent à la lumière d’un petit Tecno, ceux pour qui l’air conditionné d’un climatiseur reste une chimère;

Aux familles nombreuses dans lesquelles le petit déjeuner est un maigre plat de Lafidy ou un « café police » insipide, un sachet de thé pour colorer les deux litres de la bouteille de thermos :

Vous avez mon profond respect et mon indéfectible solidarité pour la situation pénible que vous traversez. Je ne suis qu’une petite voix qui vous souhaite, comme par les années passées, bon courage en attendant un lendemain meilleur. Force à vous ! Wontanara

 

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