En Guinée, il y a des minorités ethniques ( Bassari, Mikifforé, Foulakounda, Djalonkés, Sarakolé et autres ) qui ont du mal à décrocher un passeport ou une carte d’identité nationale parce que simplement l’agent de police chargé de les interviewer dans la procédure de délivrance de ces documents, ne reconnait pas leurs noms de famille comme étant des noms guinéens. Ils sont souvent brutalisés, parfois même emprisonnés lorsqu’ils cherchent à revendiquer leur appartenance à la Nation
Moussa Diamankan originaire de Koundara a vécu une histoire particulière pour l’obtention de son passeport. L’acte s’est produit en avril 2019 quand celui ci était venu à Conakry chez son cousin Amadou Diouldé Boiro, pour l’obtention de ce document.
Ce jeune est issu de la communauté foulakounda et il est également le neveu de l’ex commandant du Camp Alpha Yaya au temps du CNDDn Colonel Sambarou Diamankan.
Joint au téléphone ce vendredi, Amadou Diouldé Boiro, raconte l’odyssée de son cousin
« Il était venu chercher un passeport, comme il est né à Koundara, grandit là-bas. Il est venu me trouver à Conakry, on a fait le jugement supplétif. Nous sommes allés au ministère de la Sécurité. Je lui ai dit qu’ici, ils font l’interview dans nos langues nationales, poular, soussou, maninka etc. Tu préfères quelle langue?, Il me répond, poular. Mais, il se débrouillait très peu en poular. Donc, dès que tu lui parlait, il s’orientait directement dans notre langue qui est le foulakounda. Quand l’interview a commencé devant l’officier, il a directement commencé à parler foulakounda, et la dame policière qui avait son dossier a appelé le suivant et a mentionné au feutre rouge “ dossier irrecevable”’. La dame dit qu’elle ne connaît ni ce patronyme, ni cette langue que mon cousin parlait. C’est en ce moment que je suis venu défendre en rappelant à la dame que ce jeune est le neveu du Commandant Diamankan. Mais elle n’a pas voulu comprendre. Je suis rentré ce jour avec lui. Le jeune avait perdu l’espoir. Mais comme j’avais une soeur qui travaillait au ministère de la Sécurité, je lui ai expliqué le cas, nous nous sommes rendus chez la dame qui avait interviewé le jeune. Après des discussions avec la dame, ma sœur a pris l’engagement, sur tout ce qui arrivera au compte de ce passeport, qu’elle en serait responsable. Et c’est avec cet engagement que la dame a pris le dossier, mais le dossier était déjà sur alerte avec cette mention au rouge. Et c’était des problèmes, partout où on déposait le dossier. Il fallait à chaque étape que notre sœur intervienne pour le faire avancer . Vous savez chez nous les foulakoundas, c’est les Boiro qui sont les plus connus, pourtant on a des patronymes comme Diamankan, Diao, Kandé, M’Ballo, Seydi, Baldé etc. Mais, si les gens ne connaissent pas la sociologie de leur pays, et on leur confie des interviews de ce genre, c’est grave. » a-t-il expliqué.
Les victimes ne sont pas que nous dit-il , il y a aussi les Bassari, les Koniagui, les Badiarankés dont les dossiers sont souvent rejetés par des services de polices en charge de la délivrance des documents officiels, ils sont rejetés pour leurs patronymes jugés guinéens par des agents peu cultivés.
Un Bassari de la sous préfecture de Djingan a été victime récemment de stigmatisation. Dès qu’il s’est présenté pour son passeport, selon Diouldé Boiro, il s’est fait arrêter et emprisonné par les agents de la sécurité. Et ce n’est pas le seul cas dit-il.
Nous avons pu joindre au téléphone cet homme en question mais il n’a pas souhaité s’exprimé sur son calvaire.
Par Mamadou Alimou Diop pour couleurguinee.com