Pour tout observateur honnête et intègre, il se dégage aujourd’hui, en Guinée un constat d’évidence dans le système éducatif. Ce constat se caractérise par une négligence grave et abjecte qui viole littéralement les fondamentaux éducationnels favorisant ainsi le laxisme, le laisser-aller, voire toutes les formes d’antivaleurs.
De plus en plus, le mérite a cédé la place au favoritisme et au sentimentalisme ; des maux comme le monnayage des cotes, qu’on appelle aujourd’hui sans complexe : notes sexuellement transmissibles (NST), le marchandage des diplômes, les diplômes politiquement attribués (DPA), la réussite conditionnée,…
Le système éducatif est très malade de cet arsenal d’antivaleurs qui a assombri la pratique éducative guinéenne et l’a précipitée dans un abîme très profond :
Un coup d’œil jeté sur les copies d’interrogation ou de composition des élèves révèle des situations ambigües : des traits rouges dans tous les sens, des notes sans commentaires ou des commentaires qui ne justifient pas les notes,… des annotations nombreuses et peu claires pour les élèves.
De plus, la même copie corrigée par différents Maîtres fait apparaitre des écarts souvent considérables entre les notes attribuées que l’on se demande qui a corrigé quoi et en fonction de quelles consignes ou de quels critères.
Cependant, une société qui se veut vraiment émergente, est celle qui accorde une valeur primordiale et incommensurable à son système éducatif. Nelson Mandela disait que « l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde ».
Si on veut le développement de ce pays, il est nécessaire et urgent d’apporter une thérapie curative adéquate à ces antivaleurs qui s’érigent progressivement en règles d’action dans notre système éducatif.
Voilà une question qui vaut son pesant d’or :
Quelle peut être la contribution significative à l’essor de la société de quelqu’un qui a obtenu ses titres académiques par le simple fait de la tribu, de la politique, de l’argent, de l’achat du support de cours, ou du sexe ?
Lorsqu’un système éducatif est corrompu, la société tend inévitablement vers sa corrosion. Et c’est le moment d’alerter le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) sur ce mal qui gangrène la société guinéenne.
L’éducation véritable prépare l’avenir de l’homme dans le sens de l’excellence et non de la médiocrité consacrée par les antivaleurs ci-haut énumérées. L’avenir des sociétés se prépare et se construit par la qualité de l’éducation donnée à sa jeunesse. Il est important d’armer la jeunesse par la science et l’éducation qui la rende efficace et capable d’affronter le monde dans une posture qui lui permet de s’élever à son humanité essentielle.
C’est de l’éducation que gît le grand secret de la perfection de la nature humaine.
Faute d’une bonne éducation, on tombe dans l’animalité ou la bestialité ignoble.
On ne le dira jamais assez, l’éducation est ce par quoi l’homme est véritablement humain. C’est grâce à elle que l’être humain est socialisé et aspire à une meilleure socialité pour un mieux être collectivement partagé. En tant que telle, l’éducation est un problème extrêmement complexe et délicat, à la fois individuel et communautaire.
Nous devons tenir en compte que l’éducation prépare la société dès la jeunesse, en assurant la formation de ceux parmi lesquels seront recrutés les politiques, les administrateurs et toutes les élites.
La vraie éducation ne se passe de la moralité. Elle y est intimement liée. Elle a une quadruple tâche : discipliner, cultiver, civiliser et moraliser.
Le favoritisme et les antivaleurs enfreignent le goût de l’effort et découragent la recherche de l’émulation et amenuisent les chances du développement.
Face à ce tableau sombre, sans adopter une attitude larmoyante, pessimiste et fataliste, nous recommandons à la vertu et la rigueur dans l’action éducative. Cela suppose que chaque partie prenante (parents, étudiants, enseignants, gouvernants) prenne la mesure de sa responsabilité en prônant le mérite et combattant la corruption dans tous ses aspects ; lutter contre la banalisation du vice et la vulgarisation de la médiocrité en instaurant une culture de la sanction positive (méritocratie) ; élever les hommes aux valeurs sûres qui fondent la dignité humaine. Et ce, grâce à un exercice en forme pyramidale où l’exemple vient d’en haut et éduquer à la vertu pour un savoir humanisant.
En Guinée aujourd’hui, certains intellectuels dont les recherches devraient avoir un impact positif sur la vie de la société préfèrent vendre leur conscience au diable. Ils sont de plus en plus falsificateurs, auteurs de supercheries ou friponneries de tout genre qui effondrent la société.
Comme disait l’autre : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »
Eduquer à la vertu permet indéniablement d’inculquer les valeurs citoyennes tels que le patriotisme, le respect des personnes, la discipline, l’effort personnel, le partage, le dialogue, l’altruisme,…
Je recommande au nouveau gouvernement de vivement réprimer et de châtier impitoyablement toutes attitudes incompatibles au développement dans le système éducatif : l’irresponsabilité, la paresse, la malhonnêteté, le favoritisme et l’immoralité.
Kindia le 20 Octobre 2021
Mamadou Louda Baldé, Professeur d’Ecole Normale