Accueil La plume des experts Transition : le coup d’Etat en question

Transition : le coup d’Etat en question

Paraît-il qu’il y a eu coup d’État en République de Guinée ? Oui!
Paraît-il qu’un fils a trahi son père ? Il se peut !
Paraît-il qu’un père a confié une mission impossible à son fils ? Il se peut !
Paraît-il que…..? Oui! Il se peut.
Depuis le 05 septembre dernier, nous avons tous assisté à un miracle inédit en République de Guinée où le professeur Alpha Condé, champion des doctrines de choc a été capturé <<de force>> par une unité que lui-même avait mise en place pour lutter contre toute éventuelle attaque terroriste sur le territoire guinéen.
Depuis ce jour, tous les Guinéens épris de liberté d’expression, d’insertion socio-politique et économique, ont manifesté leur joie de voir l’utopie devenir réalité.
Mais, derrière cette euphorie, il faut lire les indices et comprendre un peu ce qui se passe.
Il paraît que la seule chose qui aurait choqué le PRAC dans ce putsch et qui l’aurait réduit en un silence mélancolique, serait l’assassinat du dernier garde rapproché qu’il eût empêché en vain.
Il paraît que la grande chose qui aurait fâché le Colonel Doumbouya lors de la prise du pouvoir serait le fait d’exposer le vieux père aux violences verbales de l’axe par la descente des vitres faites par ses propres éléments.
Il paraît que le professeur Alpha Condé a juré devant tous, qu’il ne laisserait jamais le pays aux bandits. Que ce n’était pas une question de 3ème mandat.
Effectivement il n’y a pas eu de 3ème mandat, mais le professeur a juste déplacé le problème en détournant les politiques vers un autre horizon.
Pour moi, il y a eu une passation de pouvoir et non un coup d’État dans le sens où il( le Colonel) ne l’a pas fait contre le PRAC ( Chef d’État) mais plutôt pour sauver celui qu’il appelle son père.
Il n’y a pas eu de coup d’État dans le sens où la junte n’a pas trouvé une Constitution en place, car je précise, la Constitution pour laquelle les Guinéens ont voté n’a pas été celle qui a été instituée.
Pour moi, c’est un fils qui a sauvé son père piégé par le système.
Je disais tantôt qu’il n’y a pas eu coup d’État constitutionnel, encore moins contre la personne du président Alpha Condé car, entre la légalité et la légitimité il y a la rationalité.
Le Colonel Mamadi Doumbouya ayant choisi la rationalité a honoré son serment d’allégeance en sauvant son père le PRAC pris dans le plus grand piège du système.
Ce système né depuis l’après feu président Ahmed sékou Touré a placé ses tentacules comme une pieuvre géante sur toute l’administration du pays.
Du chef de village au premier ministre le système, tel un virus, a réussi à contaminer tout le monde. De l’imam au prêtre en passant par le pasteur, le système n’a épargné personne.
Le PRAC venu en l’an 2010 pensait avoir la main mise sur le système jusqu’à ce qu’il en soit rendu compte au crépuscule de ses mandatures légales.
Les ministres qui personnalisent les décisions et les biens de l’État, des contractuels qui prennent un salaire comparable au budget de certains départements, des concours qui s’organisent avec des résultats connus d’avance par les admis, des opposants qui rendent le pays ingouvernable pour juste des questions d’intérêt personnel et égoïste, des conseillers qui se font conseiller par celui qu’ils sont censés conseiller et que sais-je encore ?
Le PRAC n’en pouvait plus directement puisque diabolisé par ceux qui ont le pouvoir naturel de formater la mémoire publique.
Mais voilà qu’il le fait autrement.
Pour ceux qui parlent de trahison je dirai qu’un sang malinké est trop orgueilleux pour trahir son père. Qu’un enfant qui a goûté le lait de la dynastie ne trahirait jamais son père pour des raisons vaines sachant qu’il en tire bénédiction et éducation.
Il y a eu coup d’État en Guinée certes, mais contre le système et non contre Alpha Condé.
Par Joseph BAKA
Quitter la version mobile