Notre rédaction est allée ce lundi à la rencontre de Bountouraby Sylla devenue manchote par la faute d’un accident de la circulation. Malgré son handicap, elle vend l’essence et des lubrifiants moteurs sur la transversale T13, point de jonction entre les préfectures de Coyah et de Dubreka.
Elle a 29 ans, mariée à un chauffeur au chômage et mère de cinq enfants. Elle précise qu’aucun de ses enfants ne fréquente l’école par manque de moyens.
Toujours par manque de moyens, donc de logement approprié, elle a élu domicile au campement qui abrite son stock d’essence et du lubrifiant. Elle ignore certainement le danger auquel elle expose sa progéniture, son mari et elle-même.
Sans eau, sans toilette et sous des files electriques haute tension. (Il faut sauver les personnes en danger par anticipation), elle nous a recu pour nous expliquer comment elle a perdu sa main gauche. Elle a fondu en larme et puis, elle a commencé à narrer son histoire.
» Lorsque j’étais petite, sur les tuyaux de Bonfi, je suis tombée alors que je m’amusais avec mes copines. De retour à la maison, comme ma tante était en déplacement, j’ai manqué de soins. Quand elle revenait pour m’envoyer à Donka, c’était trop tard, ils m’ont amputée ».
Elle pleure encore incessamment et continue son récit.
» Aujourd’hui, pour gagner ma vie et subvenir à certains besoins de mes enfants, je vends cette marchandise malgré sa dangerosité pour mes enfants et pour moi. Je suis privilégiée et même une merveille ici. A cause de mon handicap, beaucoup de taxis moto et de camionneurs viennent carburer chez moi. Certains tapent ma porte même la nuit, mon mari aussi m’assiste comme il peut. En tout cas, ce petit commerce m’a évité la mendicité. Dans la mendicité ce qu’on gagne est trop minime » précise -t-elle.
Elle continue en disant que le handicap ne donne pas droit à la mendicité. Elle finit en lançant un appel aux autorités et à toute les bonnes volontés. Elle demande de l’aider à trouver un logement et d’arrêter de dormir dans une hutte remplie de bidon d’essence et de développer son commerce.
Par Kolenké Hassane Diallo pour couleurguinee.com