La levée de la restriction du site d’information Guineematin.com le 6 novembre dernier a ravi l’opinion. Nous avons fait une immersion à la rédaction pour voir l’ambiance qui y règne. L’ équipe a repris, de plus belle, les activités à la rédaction située au quartier Kipé dadia, dans la Commune de Ratoma.
« Nous avons été vraiment surpris ce 15 août 2023, lorsque des lecteurs nous ont appelés pour dire que le site était inaccessible. D’autres ont envoyé des messages pour dire qu’ils ne parvenaient pas à ouvrir le site. Ça nous a beaucoup surpris. Et nous avons compris que c’était des restrictions imposées par les autorités guinéennes. Puisque c’est le réseau guinéen qu’on avait empêché d’ouvrir le site Guineematin.com. Nous avons à l’époque pris contact avec le webmaster, les hébergeurs. Il y a eu beaucoup d’essais techniques, parce que nous ne voulions pas annoncer que le site était inaccessible. Puisque pour nous, c’était une très mauvaise publicité. Depuis plus de neuf ans, Guineematin existe, jusqu’à présent, nous n’avions pas vécu une telle situation. Chaque fois qu’il y a un souci, nous mettons les bouchées doubles pour régler le problème. Parce qu’ on n’a jamais accepté de priver nos lecteurs de l’accessibilité du site. Quand il y a des problèmes techniques, on s’investit de sorte que le site soit de façon permanente en fonction, ça nous coûte beaucoup d’argent, même quand nous avons été piratés et Dieu seul sait qu’on a été victime à plusieurs reprises. Lorsqu’il y a des attaques, on a toujours réussi à le recréer à l’ancien. Parce qu’il y a un back-up qu’on paie, c’est à dire un enregistrement qui se fait au niveau des hébergeurs chaque fois que le site fonctionne de sorte que quand on détruit totalement le site, on le reconstruise en quelques heures. Nous l’avons toujours fait. Nous avons subi des attaques surtout sous le régime Alpha Condé. Mais, on a toujours reconstitué le site de sorte que le lecteur qui le visite ne s’en rende pas compte. Donc, quand il s’est agi de l’alerte du 15 août, nous avons pensé à la même chose. Et les hébergeurs nous ont rassurés qu’ils n’avaient rien de technique. Ils ont fait ce qu’ils appellent la triangulation. Ils nous ont montré que le site n’a aucun souci. Mais que c’est sur le territoire guinéen que le site avait des problèmes(…). Cette malheureuse situation nous a ouvert les yeux. On a compris que c’est un matériel que l’Etat avait importé sous le règne du Pr Alpha Condé que le ministère des postes et télécommunications et de l’Economie Numérique avait placé au niveau de la Guilab qui bloque quand on veut le réseau sous l’autorisation de l’ARPT, et on a compris que c’est eux qui décidaient. Parce qu’il y a des opérateurs qui fournissent le réseau internet, ils étaient aussi victimes. Ils subissent les mêmes restrictions que nous » a rappelé Nouhou Baldé
À la question de savoir quelle serait la cause de ces restrictions?
L’ administrateur du site d’information Guineematin.com répond que le site a d’abord été victime de restrictions le 18 octobre 2020, le jour de l’élection présidentielle, dit-il
» De tous les médias qui couvraient les opérations de dépouillement, la Haute Autorité de la Communication avait à l’époque accusé le site Guineematin.com de vouloir diffuser les résultats. Ce qu’on n’avait pas fait. Il y avait présomption pour la haute autorité de la communication. On s’était posé la question de savoir pourquoi Guineematin? Et cette année, on s’interroge sur la même question. Figurez-vous qu’on nous a restreints, qu’on nous empêche de travailler pendant près de trois mois. Et qu’on nous fasse chuter sur internet. Et après, aucune communication n’a été faite pour donner les motifs de la restriction, ni sur la levée des restrictions » a-t-il martelé.
Vraisemblablement, le patron du site guineematin.com, semble afficher une expression qui traduit un sentiment de satisfaction.
« Je ne peux que remercier tous ceux qui de près ou de loin ont aidé. Il y a des gens qui n’ont jamais accepté de s’afficher. Parmi ceux qui ont le plus mené le combat, c’est le SPPG dirigé par le Camarade Sékou Jamal Pendessa. Ce syndicat a décidé de tout mettre en œuvre pour aider le site Guineematin.com à se libérer. Je précise que ce syndicat est intervenu plus d’un mois après les restrictions.(…). Nous sommes obligés de reconnaître que nous avons beaucoup perdu. Nous avons eu une chute libre pendant près de deux mois. Et nous espérons ardemment le récupérer les moyens perdus. Et sur internet, les robots qui classent ne savaient pas qu’on a été victime d’une dictature c’est comme si on n’avait plus de visiteur, comme si on ne produisait pas. Même le site miroir de RSF ne répercute pas les clics. Je remercie la HAC pour ses efforts consentis. Parce qu’elle avait saisi l’ARPT bien qu’elle n’a pas été jusqu’au bout. Il faut renforcer le SPPG. Parce que le syndicat que j’ai vu, dirigé par Sékou Jamal Pendessa, est une structure noble, dynamique, avisée qui, soutenue pourrait vraiment protéger les journalistes et les médias » a-t-il dit.
El Hadj Amadou Oury un des lecteurs du journal en ligne se dit satisfait
« Chaque jour que Dieu fait, je consulte le plus souvent le site Guineematin.com. La preuve, je suis même abonné lorsqu’il y a la publication des meilleurs articles. En ce qui concerne la restriction du site, les gens ont beaucoup parlé mais on ne sait toujours pas qui l’a fait. Je dirais que leur liberté était confisquée à un moment donné. Et aujourd’hui, le site est libéré, c’est une satisfaction pour nous les lecteurs qui consultent le site. On est joyeux à plus d’un titre » a-t-il entonné.
Par Fodé Touré pour couleurguinee.com
