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Décision du tribunal criminel : les réactions ne tarissent pas

le regard de la FIDH et ses partenaires locaux sur la décision du tribunal
Photo prise à la conférence de presse

Me Lancinet Sylla et Me Paul Yomba Kourouma, des avocats de Commandant Aboubacar Sidiki Diakité, alias Toumba estiment que le tribunal ne devrait pas condamner leur client à 10 ans pour des faits qualifiés de crimes contre l’humanité.

Ces avocats ont décidé de relever appel contre ce jugement rendu par le tribunal criminel de Dixinn.

Me Lancinet Sylla dit qu’ils se serviront des instruments juridiques nationaux et internationaux avec la ferme conviction que la Cour d’appel puisse revoir la décision.

« Ce sont nos textes de loi, le code pénal, le code de procédure pénale et les instruments juridiques internationaux ratifiés par la république de Guinée qui sont nos armes. Alors, nous allons nous battre sur la base de ces armes en nous servant de ces armes. Nous avons la ferme conviction que la Cour d’Appel dira le droit et infirmera le mal jugé qui a été entrepris par le tribunal criminel et rétablira mon commandant dans ses droits. Cette décision ne mérite pas d’être maintenue dans l’ordonnancement juridique de notre pays. Elle doit disparaître et rapidement », a-t-il martelé

Me Lancinet Sylla rassure : son client garde le sang-froid bien qu’il ne devrait pas être déclaré coupable. Il dit que ce dernier est résilient.

« Commandant Toumba, c’est quelqu’un de très résilient, c’est un combattant aussi. Alors, il a la foi en Dieu et il reste convaincu que la vérité finira par triompher dans cette affaire, que la vérité triomphera sur l’illégalité qui a émaillé cette décision de justice » a-t-il conclu.

Pour leur part, les avocats de Capitaine Moussa Dadis Camara contestent la décision et relèvent appel

Dans une déclaration rendue publique le jeudi 1er août 2024, les avocats de l’ex président de la transition, Moussa Dadis Camara se disent surpris par la décision du tribunal. Ils déclarent qu’ils ne partagent pas l’avis de la justice dans ces décisions en ce qui concerne leur client qui a été reconnu coupable de crimes contre l’humanité.

« Le Collectif des Avocats du président Moussa Dadis CAMARA prend acte du jugement rendu le 31 juillet 2024 par le Tribunal de Première Instance de Dixinn statuant en matière criminelle dans l’affaire dénommée “procès des évènements du 28 septembre 2009”, de la condamnation du président Moussa Dadis CAMARA pour crimes contre l’humanité sur la base de la responsabilité du supérieur hiérarchique en violation des règles juridiques les plus élémentaires qui gouvernent tout procès criminel, notamment celles relatives aux droits de la défense » a dit le collectif des avocats

Ces avocats rappellent que le président Moussa Dadis CAMARA et ses co-accusés ont été renvoyés devant ce Tribunal pour des chefs d’accusation autres que ceux retenus par la cour.

«Le président Moussa Dadis CAMARA n’a jamais été entendu ou mis en demeure de s’expliquer sur les éléments constitutifs du crime contre l’humanité. En conséquence, le collectif rejette en bloc cette décision et, pour marquer son désaccord, entend, en accord avec le président Moussa Dadis CAMARA, relever appel de ce jugement inique pour qu’il soit censuré par la juridiction d’appel.
Ils disent aussi se réserver le droit de saisir très prochainement la Cour de Justice de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour faire sanctionner les nombreuses violations des droits de l’Homme dont le président Moussa Dadis CAMARA est victime depuis le 27 septembre 2022 », soulignent les avocats.

En revanche, les organisations de défenses des droits humains et la partie civile au procès se disent satisfaites de la décision.

Les membres de l’organisation Guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH), l’association des victimes, parents et amis du 28 septembre 2009 (AVIPA) se sont prononcés sur la décision rendue dans le procès des événements du 28 septembre 2009 par le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la cour d’appel de Conakry. C’était en faveur d’une conférence de presse dans un réceptif hôtelier de la capitale.

Après le verdict, ces organisations et parties civiles se sont dits satisfaites de la justice. Pour elles, le tribunal a fait un jugement équitable. Les faits ont été rappelé avant que ces accusés notamment l’ex-président Moussa Dadis Camara et les autres ne soient condamnés à de lourdes peines.
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La présidente de l’AVIPA, Asmaou Diallo.a dit que ce procès marque l’aboutissement d’un combat de près de 15 ans. Celui de la recherche de la vérité et de la justice pour les victimes des événements tragiques du 28 septembre 2009.

« Cette date restera à jamais gravée dans nos mémoires comme un jour de douleur et de perte. Personnellement j’ai perdu mon fils ce jour-là et depuis j’ai partagé la souffrance et la détermination de plusieurs centaines d’autres victimes directes et indirectes de ces massacres. Pendant ces longues années, nous avons affronté d’innombrables obstacles et des difficultés accablantes. Chaque étape de ce combat était marquée par des moments de désespoir, mais aussi par une détermination inébranlable. Nous avons été portés par la conviction que la vérité devait éclater non seulement pour honorer la mémoire de ceux que nous avons perdu, mais pour prévenir de futures atrocités.» a indiqué la présidente Asmaou avant de poursuivre

«Aujourd’hui nous ressentons un immense soulagement même si la douleur de nos pertes demeure. Ce sentiment d’accomplissement est teinté de tristesse car rien ne pourra jamais ramener nos êtres chers. Cependant notre lutte ne s’arrêtera pas ici, nous continuerons à œuvrer pour que chaque victime obtienne réparation et pour que de tels événements ne se reproduisent plus jamais »

Me Amadou DS Bah, l’un des avocats de la partie civile, s’est réjoui de cette décision pour les victimes. Il soutient que c’est une victoire à savourer et aussi se préparer pour franchir une autre étape.

« Nous sommes sûrs que certaines défenses vont relever appel. En tout cas, pour le moment nous sommes soulagés. La décision prend en compte toutes nos préoccupations et les accusés ont été condamnés à des peines que nous considérons acceptables. Cette décision est un avertissement pour tous ceux qui veulent confisquer le pouvoir par la force dans le pays. C’est une leçon que tout le monde doit retenir pour que de tels comportements ne se reproduisent pas. C’est la première fois qu’un ancien chef d’État est condamné pour des crimes aussi graves, ainsi que des hauts responsables militaires. Je pense que cette décision doit sonner le glas contre l’impunité dans notre pays », a-t-il martelé

De son côté, Martin Pradel, avocat du FIDH, a salué cette décision du tribunal. Il indique qu’il est près des victimes.

« C’est d’abord un grand soulagement. Nous sommes au côté des victimes qui depuis 15 ans, souffrent des conséquences du massacre du 28 septembre qu’elles ont subies. Et de voir le tribunal pendant 4 heures faire la lecture des motifs essentiels de la décision. Cela prouve que le tribunal a fait du droit, le tribunal a appliqué la méthode juste et équitable. Alors pour nous, c’est un moment de soulagement. Étant au côté des victimes, nous savons que l’attente était de rendre justice, et non une justice de vengeance. Que cette attente était exigeante. Manifestement la justice a eu à cœur  d’être à la hauteur des attentes. On a l’impression que la justice avance, que l’impunité recule dans un pays qui a besoin et veut que l’impunité cesse et qu’elle ne veut plus que la règle s’impose en Guinée » a dit Martin pradel

Par Fodé Touré pour couleurguinee.com

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