Le constat :
Depuis l’indépendance de la Guinée il y a 63 ans, notre pays a connu des régimes marqués par une concentration totale du pouvoir dans les mains d’une seule personne qui nomme à sa seule discrétion à tous les postes essentiels de l’administration, de l’armée, des corps paramilitaires, des régies financières et de toutes les entreprises publiques et parapublique du pays. Cette personne c’est le président de la république qui nomme à sa seule discrétion du premier ministre au préfet, c’est lui qui valide la mise en place des institutions républicaines par des décrets de promulgation sans aucun mécanisme de contrôle.
Les ministres, à l’image du président qui les a nommés, concentrent eux aussi le tout dans leurs mains et laissent peu ou pas du tout les services régionaux, préfectoraux etc. fonctionner. Exemple : avec le ministère des Travaux Publics même pour boucher le moindre trou sur une route de Lola ou de Koundara le contrat se fait au ministère avec toutes les magouilles et la corruption possibles.
Souvent c’est le ministre lui-même qui se déplace avec un cortège pour aller lancer les travaux avec une forte dose politique au nom du président de la république alors que les services régionaux et préfectoraux sont là sans le moindre moyen de travail. Il en va ainsi avec tous les départements ministériels du pays.
L’histoire a prouvé que cette façon de gérer la Guinée depuis 1958 favorise des dérapages qui nous ont toujours conduits à des situations catastrophiques et ont mis à rude épreuve la démocratie et le développement du pays qui, soit fait du sur place, soit recule.
Ce système qui persiste a toujours favorisé la récupération de notre président de la république par des lobbys qui ne jouent qu’à leurs intérêts personnels égoïstes, ethniques et régionalistes au détriment de la majorité de la population. Et puisque ce président de la république concentre dans ses mains l’ensemble des pouvoirs politiques et économiques tout est du coup récupérés pour le bonheur de quelques individus et de leurs familles laissant la majorité de la population dans la misère.
La succession des régimes dans l’échec :
De 1958 à 1984 avec feu Sékou Touré notre pays qui s’appelait République Démocratique de Guinée dirigé par le PDG (Parti Démocratique de Guinée), n’a rien connu de démocratique. Ce fut plutôt une dictature pure et dure qui a décimé selon les organisations de défense de droit de l’homme, plus de 50 000 personnes dont beaucoup étaient des cadres émérites qui n’ont pas pu mettre leurs compétences au service du pays. Ce régime avait enfermé le pays dans un système totalitaire menée principalement par le président, sa famille et celle de sa femme avec autour d’eux, des démagogues hors pair qui étaient allés jusqu’à faire croire au responsable Suprême de la révolution, son immortalité.
La coopération avec les pays qui pouvaient accompagner le véritable développement était foulée au pied et nous n’avons pas avancé.
En 1984 avec l’avènement des militaires au pouvoir avec en tête le colonel Lansana Conté , un espoir était né avec les premières déclarations de la junte, la libération des détenus politiques, l’ouverture du pays et les libertés que les putschistes avaient prônées. Certaines libertés ont été obtenues mais il s’est rapidement installé un pouvoir centralisé avec un libéralisme sauvage, une corruption endémique soutenue par l’impunité le tout concourant au pillage systématique des ressources du pays par une minorité au détriment de la majorité. La démocratie instaurée par ce régime en 1992, a seulement permis au président militaire depuis 1984, de se maintenir jusqu’à sa mort par des fraudes électorales accompagnées d’usage de la force militaire avec à la clef le changement de la constitution pour un troisième mandat illégal. Ce régime aussi, a fait de nombreuses victimes surtout en 1985, 1991, entre 2006 et 2008 et n’a pratiquement que très peu fait pour le développement du pays.
Avec le coup d’Etat militaire de decembre 2008 par le capitaine Moussa Dadis Camara, suite à la mort du deuxième président du pays, une junte militaire euphorique et très agitée s’est installée. Elle a promis monts et merveilles avant de commettre les massacres du 28 Septembre 2009 et de sombrer à la fin de la même année pour conduire le pays à une transition qui a accouché, après de nombreuses combines nationales et internationales, le régime qui vient de s’effondrer le 5 Septembre 2021.
Ce régime d’Alpha Condé était porté par un parti politique qui s’appelle « Rassemblement du Peuple de Guinée » (RPG) qui n’a fait que le contraire de sa signification car au lieu de rassembler, il s’est largement attelé durant son règne, à détruire le tissu social dans le pays en mettant dos à dos les différentes communautés qui vivaient harmonieusement ensemble depuis des temps immémoriaux.
Il a fait créer de nombreuses coordinations et d’associations de divisions. En Moyenne Guinée ce pouvoir a créé le « mandendjalon » regroupant les ethnies d’origine mandingue, l’ethnie du président, l’association des « roundés » composée de villages d’anciens villages, la coordination du Foutah tout cela à des fins politiques de diviser pour régner.
Dans les trois autres régions naturelles (Haute Guinée, Guinée Forestière et Basse Guinée) les manipulations du Régime RPG d’Alpha Condé ont conduit à la naissance de plusieurs coordinations opposées les unes aux autres. Ce régime totalement dominé par des lobbys à relent souvent ethniques a fait de l’ethnocentrisme, du népotisme, du régionalisme, de la corruption, de l’impunité, du zèle politique, de la promotion de l’incompétence et de la médiocrité ses piliers de gouvernance. Il n’a non seulement pas apporté du développement mais a surtout ruiné presque tout ce qui existait. L’exemple le plus illustratif est le cas du réseau routier du pays. Il a instauré la dictature avec laquelle il a fait tuer et blesser des centaines de Guinéens et causé de nombreux dégâts matériels surtout dans les zones favorables à l’opposition qui ont connu de nombreuses arrestations, d’emprisonnements et de déportations arbitraires. Il a semé une véritable terreur dans le pays surtout pour modifier la constitution et s’octroyer un troisième mandat illégal.
Exemples de réussite
Des pays qui ont instauré le fédéralisme tels que l’Allemagne, la Suisse, le Nigeria, les Etats Unis etc. font légion dans le monde.
Pour la république Fédérale d’Allemagne par exemple sa constitution actuellement en vigueur a été adoptée le 8 Mai 1949, promulguée le 23 Mai 1949 et entrée en vigueur le 24 Mai de la même année. Son contenu est profondément marqué par la volonté de tirer les leçons de l’échec de la république de Weimar et de s’opposer au nazisme, et elle offre une protection particulière aux libertés fondamentales. Elle a consacré le fédéralisme et instauré sur le plan fédéral un régime parlementaire rationalisé. Depuis son entrée en vigueur le 24 Mai 1949 soit 72 ans elle n’a pas été changée. Jusqu’en 2014, la Loi fondamentale Allemande a fait l’objet de 60 lois de révision.
La République fédérale d’Allemagne compte 16 républiques appelées Landers. Chaque Landers a son gouvernement, son budget et son parlement et travaille pour son développement.
Suggestions
Au vu de l’échec des systèmes que notre pays a connus de son indépendance à nos jours, il serait cette fois-ci intéressant d’opérer un profond changement en donnant plus de pouvoirs politique et économique aux régions. Pour cela :
La Guinée peut être une république fédérale avec cinq ou huit régions autonomes suivant le cas que nous choisirons, les quatre régions naturelles et la zone de Conakry ou les sept régions administrative et Conakry. Chaque région va élire son gouverneur et un conseil de gouvernorat délibérant. Le gouverneur va nommer les préfets qui vont officier sur les préfectures de sa région ainsi que les sous-préfets.
Le budget du pays sera réparti entre les régions en fonction de leur population et de leur étendue et chaque région va travailler à son développement.
L’Etat central s’occupera de la supervision et des projets inter –régionaux et nationaux pour laisser chaque région travailler sur tout ce qui est à l’intérieur de sa juridiction.
Des lois pourront être votées pour mettre en place un mécanisme d’assistance budgétaire entre les régions cela en faveur des plus déshéritées.
Chaque région pourra élire ses députés selon des règles qui seront définies et les députés de l’assemblée nationale viendront des législatures régionales.
Il s’agira aussi d’aller à un régime parlementaire où le président de la république ne pourra pas nommer à sa seule discrétion les ministres et les hauts fonctionnaires de l’Etat et des forces armées et promulguer sans contrôle les lois de validation des institutions républicaines. Le président de la république enverra ses propositions de nominations à l’assemblée nationale qui va les examiner en tenant compte de la connaissance, de la compétence des personnes proposées ainsi que de l’équilibre régional.
Il s’agira aussi de trouver un mécanisme pour une insertion des partis politique dans le système.
La société civile et la diaspora ne pouvant continuer à être mise à l’écart des élections locales et nationales eu égard au rôle important qu’elles jouent dans le développement du pays, des lois seront votées pour permettre aux membres de ces entités de se porter candidats à toutes les élections dans le pays.
Ce sont ces quelques modestes contributions amendables par chacun de mes compatriotes que je voudrais apporter aux débats sur l’avenir de la Guinée notre pays à nous tous.
El Hadj Ibrahima Diallo agent de Développement
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