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lundi, novembre 25, 2024

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Transition: le 5 septembre en question

Le coup d’État du 5 septembre du Colonel Mamadi Doumbouya avait suscité d’immenses espoirs dans la population guinéenne. Dans son premier discours, le nouveau chef d’État avait déclaré : « L’instrumentalisation des institutions républicaines, de la justice, le piétinement des droits des citoyens, l’irrespect des principes démocratiques […] ont amené l’armée guinéenne, à travers le Comité national du rassemblement et du développement, à prendre ses responsabilités. » Et la justice devait être la « boussole » de la transition.

En effet, peu après la prise du pouvoir du CNRD, nombre de magistrats en place sous Alpha Condé ont été écartés. Ce sont ceux-là qui avaient fait condamner les militants pro démocratie, qui avaient refusé de transmettre à leurs familles les résultats d’autopsie des martyrs, qui avaient envoyés Fonike Menguè et cies en prison et lancé des mandats d’arrêt contre des militants. Ces magistrats, qui ont contribué à l’affaissement de l’État de droit et la justice, ont avoué être aux ordres de l’exécutif du dictateur déchu au cours des consultations organisées par le CNRD en septembre dernier. Ils ont été en première ligne dans le musèlement de la société civile et des partis d’opposition, en bref tous les acteurs qui ont cherché à empêcher le troisième mandat illégal et illégitime d’Alpha Condé.

À l’époque, nous avions salué la décision de les écarter, comme nombre d’autres décisions du CNRD allant dans le même sens. Nous pensions que c’était un acte salutaire qui confirmait la volonté du CNRD de mettre la justice au cœur de la transition. Cette décision contribuait à la refondation de l’État, car elle participait de l’assainissement de la justice, qui est une priorité pour notre pays.

Mais nous avons constaté depuis un certain temps le retour aux affaires de certains de ces magistrats, qui ont fait tant de mal au pays et en particulier aux militants pro démocratie. On assiste au retour de personnes qui n’ont pas hésité à utiliser les moyens de l’État pour réprimer les voix dissonantes. Pourtant, ces personnes devraient se retrouver à leur tour devant les tribunaux, pour avoir pris des décisions illégales et lourdes de conséquences pour des innocents.

Le décret est un pouvoir discrétionnaire du chef de l’État, et nous respectons cela. Cependant, nous ne pouvons que nous étonner que de telles décisions impopulaires soient prises alors que la priorité devrait être à la lutte contre l’impunité dont ont joui les acteurs de la répression sous Alpha Condé. Les personnes qui ont contribué à l’affaissement de l’État ne peuvent pas participer à sa refondation, c’est impossible.

Face au désenchantement que cette décision suscite, face aux espoirs déçus, nous rappelons notre position : la lutte contre l’impunité, en particulier pour ce qui concerne les crimes de sang, doit être une priorité, et le CNRD doit accélérer le retour à l’ordre constitutionnel pour pouvoir organiser les élections d’ici septembre 2023.

SEKOU KOUNDOUNO RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC
MEMBRE DU RÉSEAU AFRIKKI NETWORK

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