Ce vendredi, le ministère de la santé engage un va-t-en guerre contre les points de vente des médicaments illicites. En prélude à cette activité, Docteur Oumar Diouhé Bah, le Directeur National de la Pharmacie et du médicament était hier l’invité du journal de 20h30 de la télévision nationale. Ci-dessous son intervention.
Question : Depuis l’avènement du CNRD, les pharmacies sont engagées contre les faux médicaments tout comme l’exploitation et la vente illicite des produits pharmaceutiques en Guinée. Des conteneurs même ont été saisis au Port Autonome de Conakry. Quel est aujourd’hui l’état des lieux et qu’est- ce qui motive cet engagement du gouvernement et de votre département ?
Je commence par remercier le Chef de l’Etat, le Président de la transition le Colonel Mamadi Doumbouya pour sa volonté, sa détermination et son engagement à s’attaquer à ce fléau. Remercier les membres du CNRD pour leur accompagnement, les autorités gouvernementales par rapport à ce fléau qui n’a que trop duré.
Un fléau planétaire avec toutes les conséquences que cela entraine. Des conséquences d’ordre sanitaire, d’ordre sécuritaire et d’ordre économique.
Quand je prends la conséquence d’ordre sanitaire, aujourd’hui, il suffit de faire un tour dans les hopitaux, surtout dans les services de neuphrologie pour comprendre l’ampleur du problème, faire un tour dans les services de psychiatrie pour comprendre l’ampleur du problème.
D’ordre sécuritaire, aujourd’hui on a des substances qui circulent chez nous, qui ne sont pas contrôlées, qui sont importées par des personnes qui ne sont autorisées. Et ces substances, certaines qui ont des effets thérapeutiques sont plutôt utilisées pour d’autres effets. Du coup, aujourd’hui, on a compris qu’il y a une volonté des autorités de s’attaquer à ce fléau. Un fléau comme je l’ai dit tout à l’heure, planétaire.
C’est ce qui nous amène à dire qu’il y a eu une saisie de 200 conteneurs ou 220 conteneurs. On a eu une procédure judiciaire qui a été ouverte. Ces conteneurs ont été déportés, controlés. Certains qui contiennent des médicaments impropres à la consommation ont été incinérés et cette procédure judiciaire est en cours. Et parallèlement aussi, comme vous venez de le dire, dès demain, il y aura le lancement solennel de la fermeture de toutes les structures de médicaments clandestins, des boutiques qui contiennent de médicaments pharmaceutiques donc l’engagement des autorités est à saluer. Quand vous voyez les enjeux, je prends l’exemple, quand quelqu’un investi 1000 dollars dans la drogue ou dans le trafic de drogue, en retour, vous gagnez jusqu’à 20000 dollars, alors que les 1000 investis dans le trafic de faux médicaments peuvent générer plus de 500000 dollars.
Vous bénéficiez, vous l’avez dit, de l’appui du Président de la transition. Est-ce que vous avez les moyens, quand on sait qu’après la fermeture de ces boutiques contenant les médicaments c’est un défi très difficile à relever pour vous.
Ce n’est pas parce qu’on n’a pas le licite qu’on va faire recours à l’illicite, surtout en ce qui concerne la vie. Aujourd’hui, le ministre de la santé est représenté sur toute l’étendue du territoire national. On a des postes de santé, on a des centres de santé, des centres médicaux communaux. On a des hopitaux préfectoraux, on a des hopitaux régionaux et on a des hopitaux nationaux.
Donc, dans ces structures sanitaires, vous avez des points de vente, vous avez des pharmacies publiques au sein de ces structures publiques.
Dans ces points de vente, dans ces pharmacies, vous avez des médicaments génériques qui ont les mêmes effets que les médicaments des spécialistes qui coûtent très chers, mais ces médicaments sont moins chers et sont souvent subventionnés par l’Etat.
Et ces structures couvrent l’ensemble du territoire National. Nous avons notre central d’achat aujourd’hui qui fait le maximum, avec l’appui des autorités, pour disponibiliser le médicament au dernier kilomètre.
Donc, le problème ne doit pas se poser et ne se pose pas, en c’est ce qui concerne les structures publiques. Les structures privées, les pharmacies, le ministre de la santé vient de signer près d’une centaine d’agréments, c’est à dire, des autorisations d’ouverture de pharmacie à l’intérieur du pays. Il continue à recevoir des demandes et d’ici quelques semaines, il y aura aussi des agréments signés et surtout ces personnes là vont bénéficier de l’accompagnement des autorités, de l’accompagnement du gouvernement, de l’accompagnement du ministère de la santé, soit par la mise à disposition des médicaments, soit par l’aménagement des locaux.
Le problème, à notre avis, ne peut pas se poser et on préfère mourir sans médicaments que de mourir avec ces faux médicaments qui sont là.
Est -ce qu’on peut avoir même si c’est un échantillon ?
(Il montre un médicament). Justement ça par exemple, ce médicament que vous voyez, l’image du moustique, ça été le premier conteneur qui a été déporté, mais après contrôle au laboratoire, on s’est rendu compte qu’il n’y a aucune substance active dans ce médicament et c’est destiné aux enfants de moins de 5 ans. C’est écrit contre le paludisme et vous connaissez, chez nous, on a l’espèce Plasmodiale la plus mortelle, le plasmodium falciforme. Vous donnez ça à un enfant qui a le plasmodium falciforme, mais l’enfant va mourir de paludisme
Autre chose, pire que tout le monde, on parle là de drogue planétaire, c’est le tramadol qui est dosé à 250mg et tout cela, c’est dans les conteneurs. 225 mg, ca provoque la dépendance finalement et il suffit d’aller dans les lieux de loisirs pour comprendre que les jeunes sont adducts aujourd’hui à ce tramadol. On en à 225 -200mg à des fortes doses (…) à l’hopital vous en avez à 50mg .
L’engagement du gouvernement ne fait pas défaut par rapport à la détermination des acteurs à tous les niveaux, sauf que la problématique de la cherté des produits et surtout leurs accesibilités se posent à l’intérieur du pays et inquiètent aussi les populations. Quel est le message que vous avez pour rassurer les populations qu’elles auront les médicaments à disposition?
Les médicaments seront à disposition. Vous avez déjà les génériques qui seront disponibilisés et nous sommes en train de travailler, même sur la structure de prix. Nous avons parallèlement, avec un de nos partenaires, nous sommes dans un processus de recrutement d’un consultant qui va travailler avec la commission nationale du prix du médicament pour travailler sur ce prix du médicament, faire en sorte que la formule soit appliquée et que le médicament soit accessible. Nous avons méme procédé à une étude comparative des prix du médicament en Guinée à ceux du médicament de la sous région, des prix côtiers et non côtiers.
Nous avons en projet d’aller vers les laboratoires fabricants pour négocier les prix auxquels ces laboratoires vont vendre ces médicaments à nos sociétés qui doivent vendre aussi à nos pharmacies.
Autre chose, il y a la promotion de l’industrie pharmaceutique. Ça aussi c’est quelque chose qu’on a en vue. C’est d’aller vers les grands pays producteurs de médicaments, voir dans quelle mesure ces pays peuvent avoir des filiales chez nous afin que le médicament soit produit sur place. Tout cela peut rendre le médicament plus accessible.
Transcrit par Aissatou Diallo pour couleurguinee.com